Une densification se dessine tout près de l’hôtel de ville

Pour répondre au criant besoin de logements, la Ville de Victoriaville poursuit ses efforts de densification et lancera bientôt un appel de projets en vue de la construction de nouveaux logements, non seulement sur le site du bâtiment de l’Atoll qui sera démoli, mais aussi sur le stationnement Alexandre-Boucher voisin de l’hôtel de ville.

Au total, on verra s’ajouter une quarantaine de logements, de 18 à 22 sur le terrain actuel de l’Atoll au coin des rues Poitras et des Forges, tandis que l’immeuble à construire sur le stationnement de l’hôtel de ville pourrait abriter jusqu’à 24 logements.

« Le besoin de logements nous amène à sortir des sentiers battus et à imaginer toutes les façons qu’on a de construire des unités d’habitation à même le périmètre urbain de la Ville de Victoriaville, exprime le maire Antoine Tardif. On a vu ici une opportunité très intéressante de permettre, avec un terrain qui appartient à la Ville, du développement domiciliaire avec un appel à projets. »

Devant l’état de désuétude de l’édifice de l’Atoll et la nécessité de le démolir, les autorités ont poussé plus loin leur réflexion. « La prémisse de base était l’Atoll. Par la suite, le conseil nous a invités à laisser aller notre imagination. Irait-on jusqu’à utiliser le stationnement pour permettre des logements? On a conclu que cela a du sens, que ça en fait un projet global beaucoup plus structurant », expose le directeur général Yves Arcand.

« De plus, ajoute-t-il, c’est un endroit super intéressant en bordure de la piste cyclable, un lieu central avec accès direct au centre-ville. Il s’agit là d’une belle opportunité pour nos promoteurs. »

Tout ce quadrilatère, signale le maire Tardif, devient un terrain intéressant pour construire plusieurs unités d’habitation. « On a l’intention de faire appel à nos entrepreneurs locaux à la recherche de terrains pour nous présenter des projets. On recevra donc des propositions à partir d’un appel qui sera lancé sous peu. »

Le fait que le stationnement ne soit pas utilisé au maximum de sa capacité a aussi pesé dans la décision tout comme l’analyse effectuée démontrant la présence de plusieurs stationnements en périphérie pour l’ensemble du personnel de l’hôtel de ville. « Maintenant avec le télétravail, on est beaucoup en alternance. Et on le voit actuellement, alors qu’il est amputé au tiers en raison des travaux, il n’est pas rempli. Ça ne crée pas de congestion », fait remarquer Yves Arcand.

Un accompagnement se fera auprès des employés, assure le directeur général.

« On va les accompagner, les sensibiliser aussi à opter pour le transport actif, à penser différemment de l’auto solo, à se demander s’il y a seulement la voiture qui permet de se rendre au travail. On veut montrer l’exemple », indique le DG, tout en précisant qu’il existe, à proximité, des stationnements disponibles en quantité suffisante et à distance de marche pour l’ensemble des utilisateurs de l’hôtel de ville. Qu’il suffise de mentionner le stationnement des Forges et celui à proximité de l’église Sainte-Victoire ou encore les places disponibles sur les rues Gamache, Poitras et Carignan.

Ce projet de densification s’inscrit aussi dans l’objectif de dynamiser le centre-ville. « On croit que plus il y a de gens qui y habitent, plus cela aide les commerces, les restaurants, les bars et la salle de spectacles à bénéficier d’un achalandage soutenu. Et il y a tout ce qui s’en vient avec l’hôtel boutique et autres projets de construction dans les cartons », rappelle le maire de Victoriaville.

La démolition annoncée du bâtiment de l’Atoll nécessitera le déménagement des locataires. « Un délai leur sera donné au moment à partir du moment où on enclenchera officiellement le processus. On leur accordera alors de 9 à 12 mois pour se réorganiser. Mais ils savent que c’est véritablement à la fin de cette année ou au début de 2025 qu’ils devront quitter », indique Yves Arcand.

La Ville, renchérit le maire Tardif, étudie différentes options tout en précisant cependant que les organismes font aussi leurs propres démarches pour voir s’ils peuvent parfois mutualiser leurs services avec d’autres organisations déjà opérantes sur le territoire. 

Prêcher par l’exemple

Le maire Antoine Tardif fait valoir l’importance du devoir d’exemplarité de la Ville face à l’enjeu du logement. « Nous avons adopté de nombreuses mesures pour favoriser la construction, notamment des changements de réglementation pour permettre plus de hauteur. On constate qu’il y a de nombreux chantiers partout en ville. Mais je pense qu’il n’y a pas meilleur exemple que nous-mêmes, à deux pas de l’hôtel de ville, de faire notre part avec des terrains dont nous sommes propriétaires et les mettre à la disposition d’un projet d’habitation tout en s’assurant d’intégrer toutes les meilleures pratiques en développement durable », énonce-t-il, tout en manifestant sa fierté avec pareille initiative parce qu’en plus de vouloir impliquer les entrepreneurs locaux, la Ville prêche par l’exemple.

« Avec la pénurie de logements et de terrains, il faut innover et trouver de nouvelles façons de permettre aux unités d’habitation de se construire », souligne-t-il.

« On veut donner l’exemple en densifiant nos propres terrains, en les mettant à profit et, du coup, on vient régler des problématiques, comme la réduction des îlots de chaleur au centre-ville. On diminuera l’impact à ce chapitre », note Yves Arcand.

Le projet a de quoi susciter beaucoup d’enthousiasme auprès des élus. « Au-delà du fait qu’il s’agisse d’une mesure réactive à la crise du logement qu’on vit, je trouve que c’est un beau projet qui démontre la proactivité de la Ville en termes de développement durable et d’aménagement du territoire. Et ce qu’on demande à nos citoyens et à nos entreprises, nous en ferons la démonstration sur nos propres terrains », plaide Antoine Tardif.

Et d’autres terrains municipaux pourraient aussi donner lieu à la construction de logements. « Ça a été le cas, dit le premier magistrat, avec la possibilité de logements près du quartier Montcalm en lien avec le réaménagement du boulevard Jutras Ouest. Mais les analyses se poursuivent. Il y en aurait d’autres terrains pouvant devenir disponibles pour la construction, mais on doit d’abord caractériser les sols et vérifier l’impact sur le voisinage, entre autres. »

Les besoins

Victoriaville enregistre actuellement un taux d’inoccupation de 1% alors qu’un taux raisonnable se situe entre 3% et 5%. Pourtant, en moyenne, il se construit quelque 300 nouvelles unités d’habitation par année.

Depuis plus de deux ans, la Ville, rappelle le maire, a annoncé une multitude de mesures avec le logement, amenant Victo à se démarquer du lot. « Dans la dernière année, on a connu une augmentation de 7% des mises en chantier alors que le Québec connaissait une diminution de 32% », fait remarquer Antoine Tardif.

Pour répondre à la demande, il faudrait, observe-t-il, de 600 à 700 nouveaux logements, ce qui porterait à 3% le taux d’inhabitation. C’est dire l’importance du besoin. « Des initiatives comme la nôtre, il en faut d’autres », conclut le maire.