Un hôtel derrière le Carré 150

Le projet d’hôtel au centre-ville de Victoriaville se précise. Cet hôtel, un projet de plus de 20 M $ abritant 80 chambres, doit s’ériger derrière le Carré 150 dans le stationnement De Bigarré.

Ce fameux hôtel, on en parle depuis que le maire Antoine Tardif a lancé l’idée à son souper du maire en 2022. « J’avais alors fait remarquer qu’à Victoriaville, lorsqu’on avait nos grands événements, il manquait souvent de chambres d’hôtel. Et comme Ville, on a clairement comme vision de continuer d’augmenter ces événements, les festivals, les activités de toutes sortes », confie-t-il.

Un hôtel au centre-ville constitue un réel besoin, assure-t-il. « Non seulement pour répondre aux besoins de chambres, mais aussi pour attirer de nouveaux visiteurs dans nos commerces, nos restaurants afin d’animer l’activité économique de Victoriaville. Lorsqu’on se compare, la majorité des cités régionales ont de nouveaux hôtels, chose qu’on n’a pas chez nous. Et c’est un besoin. »

Mais avant de se lancer dans l’aventure, il était essentiel pour la Ville d’analyser la situation. « Pour définir davantage le projet, on a commandé une étude à des experts en la matière qui vient confirmer notre vision voulant qu’un hôtel au centre-ville soit plus réaliste que jamais », souligne le maire Tardif.

La Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR) a été chargée de piloter la démarche. « Nous nous sommes associés avec Horwath HTL, un spécialiste canadien en hôtellerie pour nous assurer de la véracité de l’étude qu’on entreprenait avec la firme Raymond Chabot Grant Thornton », explique Frédérik Boisvert, directeur général de la CDEVR.

« L’étude avait comme objectifs d’offrir un portrait de l’environnement d’affaires, d’identifier le potentiel pour un nouvel équipement d’hébergement avec une variété de scénarios, de définir aussi les caractéristiques du projet potentiel, de la localisation, d’établir des projections de performance et la rentabilité financière du projet. Et les experts concluent que le projet est rentable, que la demande est grandissante pour l’hébergement au centre-ville », précise-t-il.

L’étude fait même ressortir une certaine fuite commerciale. « Des gens s’empêchent de rester à Victoriaville faute d’avoir un hôtel plus haut de gamme dans le périmètre du centre-ville. Les gens viennent au Carré 150, mais au lieu de demeurer une nuit, ils vont retourner à Sherbrooke. Ou encore les gens viennent pour la Balade gourmande, mais décident de retourner à la maison au lieu de prolonger leur séjour, exemplifie-t-il. Alors que s’il y a une offre hôtelière plus intéressante, souvent ils feront une nuitée de plus. »

Avec tous les efforts que fait la Ville pour attirer les visiteurs avec ses investissements et ses différents projets, il faut concrétiser les retombées économiques, plaide Frédérik Boisvert, en faisant en sorte que les gens s’arrêtent dans la région pour des périodes d’au moins 24 ou 48 heures.

D’autres constats ont aussi été relevés dans l’étude, concernant notamment l’offre à Victoriaville comparativement à l’offre régionale et nationale. « Le prix, dans la région, reflète une offre qui ne s’est pas bonifiée avec le temps. On a un prix qui se compare moins bien avec la réalité régionale », constate Frédérik Boisvert.

Le coût moyen quotidien d’une chambre à Victoriaville, signale-t-il, se situe à 129 $ comparativement à 157 $ au Centre-du-Québec et à 184 $ sur la scène nationale.

L’étude a aussi procédé à l’analyse de huit sites potentiels d’implantation, entre autres derrière le restaurant le Luxor, l’ancien concessionnaire KIA voisin de la caserne du boulevard des Bois-Francs Sud et le secteur du Dybb’s café. « Des éléments comme l’accessibilité, la dimension du terrain, sa disponibilité, l’attractivité pour les services autour, de même que l’impact économique et l’effet structurant ont été analysés », indique M. Boisvert.

Le pointage de l’étude, finalement, a clairement fait ressortir, dit-il, le stationnement De Bigarré comme meilleur site pour l’érection de l’hôtel. « C’est aussi une propriété de la Ville, ce qui nous donne une plus grande marge de manœuvre, plus de  moyens, en plus de répondre vraiment à un esprit de densification. La Ville s’est orientée vers une densification multi-étages, donc c’est vraiment l’emplacement idéal », soutient le DG de la CDEVR.

« Pour nous, cela répond en tous points à notre vision pour le centre-ville, soit de densifier, de maximiser l’utilisation des espaces et de créer une certaine synergie avec nos restaurants, nos bars, nos commerces », renchérit le maire Antoine Tardif.

De plus, la venue d’un hôtel ne compromettra aucune place de stationnement, note-t-il. « On compensera inévitablement la perte de stationnement. On ne veut pas réduire le nombre de places avec l’arrivée de l’hôtel. On effectue des analyses pour voir de quelle façon le projet pourrait intégrer du stationnement. Il pourrait s’agir de stationnements souterrains ou du stationnement étagé. Bref, plusieurs scénarios sont à l’étude, mais chose certaine, il n’y aura aucun impact pour le citoyen ou les commerçants en lien avec l’arrivée de l’hôtel au centre-ville », fait savoir le premier magistrat.

Un hôtel boutique

Le concept retenu concerne la construction d’un hôtel niché, un hôtel boutique sans bannière. « Les bannières correspondent davantage à des marchés à plus grand volume plutôt qu’à notre réalité régionale », souligne Frédérik Boisvert.

L’hôtel du centre-ville, comportant possiblement de six à huit étages, proposera 80 chambres, dont certaines dédiées aux familles et quelques suites exécutives. L’édifice logera aussi des salles corporatives, une grande salle et deux ou autres de plus petite dimension. « Il y a clairement un manque à Victoriaville, un déficit de salles corporatives pour des événements », signale Frédérik Boisvert.

Le dernier étage offrira une terrasse et l’hôtel proposera aussi un restaurant.

Concernant l’offre alimentaire, l’étude recommande une vocation locale et régionale axée sur les produits régionaux, les produits du terroir. « On souhaite, dans la mesure du possible, exploiter toute la richesse qu’on a », fait valoir Frédérik Boisvert.

Le futur hôtel victoriavillois vise d’abord, comme clientèle, en plus des parents et amis en visite dans la région, les visiteurs d’agrément de passage pour le tourisme, pour profiter, par exemple, de la Route bleue ou d’un événement comme la Balade gourmande.

Le tourisme d’affaires et sportif constitue aussi une clientèle prisée. « Il s’agit d’un tourisme extrêmement lucratif, observe Frédérik Boisvert. On parle de gens qui demeurent de deux à trois jours dans la région, qui mangent, qui font des activités sur place. C’est un secteur qui nécessite plus d’attention et d’efforts en termes de prospection pour aller chercher des événements, des congrès. On sera hyper actif à ce chapitre, c’est fondamental dans l’équation. »

Un grand impact

L’hôtel, estime-t-on, générera un impact significatif pour le centre-ville. Dans un créneau particulier, il constituera une offre complémentaire en venant bonifier l’offre existante, fait remarquer le DG de la CDEVR.

« Cela viendra achever un effort, amorcé en 2016, de revitalisation et de réoccupation du centre-ville pour qu’il soit vraiment palpitant, qu’il y ait une grande clientèle, que ça devienne un lieu de vie, ce qui est partiellement le cas actuellement, mais avec l’hôtel boutique, c’est certain que ça aura un impact majeur », affirme Frédérik Boisvert.

De plus, un tel projet a de quoi fouetter l’offre vers le haut dans ce secteur. « On pense que la nouvelle offre au centre-ville viendra stimuler les investissements dans le domaine », mentionne le maire Tardif.

« C’est l’effet que cela a eu ailleurs, comme à Drummondville avec l’hôtel Grand Times, renchérit M. Boisvert, alors que les autres ont tous réinvesti. Et maintenant l’offre de tourisme d’affaires est une des fortes au Québec. »

Des investisseurs intéressés

Dès l’annonce du projet, fait remarquer Antoine Tardif, on a frappé à la porte. Plusieurs promoteurs ont manifesté leur intérêt, des promoteurs de la région et d’ailleurs, même de l’international. « On voulait avoir cette étude en main avant de les rencontrer de nouveau. Il y a des rencontres qui se font présentement avec les différents investisseurs et les projets commencent à nous être soumis », révèle-t-il.

Les intervenants ne s’étonnent pas de l’intérêt suscité par le projet d’hôtel. « Il y a un marché, observe Frédérik Boisvert. Victoriaville est aussi vue comme une ville où on peut investir, où le climat est stable avec des élus réceptifs. Tout ce qui est mis en branle a de quoi rassurer les investisseurs. »

Le premier magistrat abonde dans le même sens. « Notre dynamisme, la croissance de la population, notre volonté de toujours soutenir l’offre festivalière, événementielle, de multiplier les tournois, ce sont toutes des choses qui sont prises en considération et qui assurent un climat favorable », estime Antoine Tardif, satisfait de la tournure des événements. « Tous les éléments de la recette y sont. Une étude crédible confirme la faisabilité du projet, des promoteurs sont prêts à le porter. Plus tôt que tard on aura un projet concret à présenter. Sitôt qu’on aura analysé les diverses propositions et qu’une entente aura été conclue, les démarches se mettront en branle. L’année 2024 pourrait être une possibilité », conclut le maire de Victoriaville.