Un ex-préposé coupable d’avoir agressé une résidente

Au palais de justice de Victoriaville, Léo Godin, un ex-préposé de la résidence La Seigneurie Le Victorin, a été trouvé coupable d’agression sexuelle sur une résidente âgée de 79 ans au moment des faits. Le verdict du juge Bruno Langelier de la Cour du Québec est tombé à 13 h 10, mercredi.

Après l’ajournement pour la pause du midi, l’audience a repris ensuite pour très peu de temps alors que l’avocat de Godin, Me Guy Boisvert, a demandé la confection d’un rapport présentenciel afin d’éclairer le tribunal sur la situation de l’individu avant les observations sur la peine fixées au 10 septembre.

Dans sa décision qu’il a lue pendant une cinquantaine de minutes, le magistrat a exposé les principes et les règles du droit, rappelant qu’il incombait à la poursuite de prouver hors de tout doute raisonnable la culpabilité de l’accusé.

Rien dans la preuve présentée, a dit le magistrat, ne révélait que la plaignante n’était pas autonome ni qu’elle souffrait de troubles cognitifs.

Le président du tribunal a rappelé les faits, soulignant que Léo Godin et la plaignante, qui ne se connaissaient pas vraiment, ont quitté la résidence, comme le révèlent des images vidéo, à 8 h 02. Une quinzaine de minutes plus tard, les images, captées par des caméras, les montrent à la Fromagerie Victoria où ils se sont arrêtés pour un café.

Ils n’y resteront que sept minutes environ avant de quitter en direction du domicile de l’accusé à Sainte-Eulalie où les gestes sexuels ont été commis.

Léo Godin a éjaculé sur la dame étendue. Celle-ci lui aurait demandé d’essuyer le tout, ce qu’il a fait « avec un torchon », a souligné le juge.

Tout s’est passé rapidement puisque leur retour à la résidence se fait, selon les caméras, à 9 h 16.

Dans cette affaire, les gestes sexuels ont été admis. C’est la notion du consentement qui se voulait l’enjeu dans ce dossier.

Le juge Langelier a qualifié de « vraisemblable et fiable », le récit de la plaignante dans sa déclaration vidéo aux policiers malgré sa fragilité psychologique et ses moments de confusion. Le tribunal a été convaincu hors de tout doute raisonnable de l’absence de consentement de la plaignante.

Le magistrat, s’appuyant sur les images captées au restaurant, a observé la nervosité de Léo Godin qui s’est empressé de boire son café et de quitter dans le but d’aller se soulager alors que la plaignante n’avait pas eu le temps de boire le sien.

Les images, a indiqué le juge Langelier, montrent à quelques occasions l’intention de Godin de placer sa main dans le dos de la plaignante ou sur une cuisse. « On voit que Madame n’apprécie pas ces gestes plutôt intrusifs », a-t-il signalé.

En route vers Sainte-Eulalie, la plaignante, a relaté le magistrat, a fait savoir à l’accusé qu’il n’était pas « supposé l’achaler » au moment où il lui a mis la main sur une cuisse. « Cela démontre qu’elle ne voulait pas être touchée. »

L’accusé, a indiqué le magistrat, a fait preuve « d’insouciance et d’aveuglement volontaire » et qu’il aurait dû « user d’une extrême prudence » considérant son expérience comme préposé, l’âge de la plaignante et sa fragilité.

Jamais, aux dires du juge, Léo Godin n’a tenté ou n’a vérifié le consentement de la dame. Il savait aussi, a précisé le magistrat, qu’une interaction sociale entre un préposé et une résidente contrevenait au code d’éthique.

Dans son jugement, le juge Langelier note aussi le sentiment de regret exprimé par l’accusé aux policiers affirmant que « ce n’est pas normal ce que j’ai fait ».

Le président du tribunal estime que Léo Godin a ignoré la fragilité de la dame qui s’est finalement résignée à ce que l’homme se soulage. « C’est par résignation, a-t-il dit, qu’elle s’est trouvée plongée dans cette situation. La passivité de la plaignante ne constitue pas un consentement. »

En défense, Me Guy Boisvert a brièvement fait savoir qu’il allait analyser la décision. « Je n’ai pas d’autres commentaires pour le moment », a-t-il exprimé.

« Je n’en suis pas là », a-t-il confié à savoir s’il pouvait y avoir des motifs d’appel possibles.