Trois Mousquetons : deuxième défi réussi malgré les embûches
On peut dire que le deuxième défi des Trois Mousquetons (Jean-Christophe René et Éloi Larrivée) en Afrique n’a pas été de tout repos. Bien qu’ils aient réussi leur deuxième segment de leur « Route des sommets » (qui consiste à gravir les 5 plus hauts sommets dans chaque continent en se déplaçant en vélo), plusieurs péripéties ont marqué ce voyage de 37 jours.
En entretien, les deux hommes de Ham-Nord ont expliqué que les aventures de ce voyage, qui a eu lieu du 6 septembre au 15 octobre, ont commencé dès l’arrivée en sol africain alors que le vélo de Jean-Christophe a subi de graves dommages pendant le vol. « La roue avant était crochie, un frein a été arraché et il y a eu un impact à la fourche », résume-t-il. Il a donc fallu trouver un magasin de vélo, pas évident à Kigali au Rwanda. Heureusement, le seul commerce du genre, qui possédait seulement trois roues différentes, avait en stock le modèle nécessaire. Après les réparations, et cette première immersion avec le pays, les deux gars ont pris la route vers les trois premiers sommets à gravir, tous situés dans le même parc. Ils ont mis deux jours pour s’y rendre et aussi pour s’acclimater à l’altitude.
Normalement, une fois sur place, ils auraient dû passer la nuit en refuge avant d’entreprendre la première montagne, le mont Speke (4890 mètres), mais l’impatience (l’appel de la montagne) a devancé leur départ. Ils ont alors découvert la jungle pendant la saison des pluies, ce qui les a fait s’enfoncer hors du sentier prévu malgré qu’ils avaient un itinéraire sur leur téléphone. « Nous avons alors atteint une paroi avec une cascade que l’on a grimpée sur des branches », expliquent-ils en ajoutant qu’il était alors impossible de redescendre. Un bon défi déjà que d’avoir grimpé cette partie verticale, sans l’équipement approprié et sans savoir où ils étaient. Ils se sont finalement rendus au sommet, après quelques montées précaires et un sang-froid incomparable, mais sont conscients aujourd’hui que leur impatience leur a fait prendre des risques inutiles. « Nous avons alors réalisé que nous ne connaissions pas la jungle », ont-ils confié. Pas étonnant de savoir, comme ils le soulignent, que la présence d’un guide est nécessaire, voire obligatoire pour ces régions montagneuses. Ils en avaient un, mais qui, à leur demande, devait partir une heure après eux. Ils l’ont croisé en redescendant.
Cette situation a alors changé leur perspective et ils ont donc accepté la présence minimale d’un guide pour les ascensions suivantes. La deuxième montagne, le mont Stanley (5109 mètres), a été réglée sans trop de problèmes. Le guide les orientait sur le sentier, mais sans plus. Les deux voyageurs voulaient absolument être les plus autonomes possible en traînant tout leur matériel. « On a fait deux montagnes en deux jours. On s’est alors dit que ce serait le fun d’en faire trois en trois jours », ont-ils admis. Ils se sont donc lancés dans l’ascension du mont Baker (4843 mètres), une montagne assez technique où ils ont rencontré de la neige et de la pluie verglaçante. « La descente a été compliquée alors qu’on a retrouvé la jungle et qu’il n’y avait pas de sentier ». Ils y sont tout de même parvenus.
Pour atteindre le quatrième sommet, 1100 km de vélo ont été nécessaires. Un parcours pas évident, sur une route passante en asphalte, où ils se sont fait souvent aborder pour de l’argent. « C’était difficile pour le moral et un véritable choc de culture ». Difficile également de trouver un endroit isolé pour camper (ils traînent avec eux tout leur matériel afin d’être autonomes). « Il arrivait souvent qu’on se réveille et qu’on voie quelqu’un qui nous regardait », font-ils savoir. Jean-Christophe et Éloi se sont même fait aborder par un homme armé d’une grosse branche. Ils ont appris par la suite que ce dernier avait l’intention de les voler ce qu’il n’a finalement pas fait.
Le mont Kenya (5199 mètres), le quatrième de l’expédition, est celui que les deux hommes appréhendaient le plus puisqu’il demandait de faire de l’escalade traditionnelle, ce qu’ils ont appris en deux fins de semaine durant l’été. Il s’agissait pour eux du plus gros défi technique de ce voyage. Cette montée, réalisée sans trop de difficultés, a permis au duo de confirmer qu’ils communiquaient très bien entre eux et, finalement, la paroi qu’ils craignaient a été plaisante à monter comme ils l’expliquent. « Ça a été un dépassement de soi, un défi à notre hauteur réalisé avec brio », notent-ils. Un grand sentiment de fierté les a alors envahis.
Pour la suite, ils ont fait 500 km de vélo qui les a menés dans la savane, ce qui leur a donné l’opportunité de voir leurs premiers animaux sauvages comme des zèbres, des girafes et des antilopes. Une nuit, s’étant éloignés de la route pour plus de tranquillité, ils ont vu une hyène à 100 mètres de leur camp, les amenant à faire une barricade avec leurs vélos. Mais tout s’est finalement bien passé.
Ils se sont rendus en Tanzanie pour gravir le Kilimandjaro (5895 mètres), montagne mythique qu’ils qualifiaient, avant leur départ, de cerise sur le sundae. « Nous sommes arrivés par le côté le moins fréquenté », expliquent-ils. Leur entrée au parc s’est donc faite au mauvais endroit. Leur guide était alors à quatre ou cinq heures de là et le duo était prêt à monter. « Nous avons fait la première section à vélo puis les avons cachés pour continuer à pied », précisent-ils. Partant pour une seule journée, ils ont pris avec eux du matériel léger et caché le reste ailleurs.
Malgré la bronchite de Jean-Christophe, ils se sont rendus jusqu’en haut. Après quelques émotions d’avoir atteint ce sommet mythique, ils sont redescendus en courant, fiers et énergisés d’avoir réussi les cinq sommets aussi rapidement.
En redescendant, ils n’avaient toutefois plus d’eau, ce qui a rendu les choses plus difficiles. Sachant qu’ils avaient des réserves avec leurs vélos, ils avaient bien hâte de les retrouver. Ceux-ci, toutefois, à leur grand désespoir, avaient disparu, mais pas leur matériel caché ailleurs.
Après avoir trouvé de l’eau, ils se sont rendus à la barrière d’entrée pour voir si quelqu’un aurait vu les vélos, mais se sont fait aborder par un homme armé d’un fusil. « On s’est fait enfermer parce qu’on est montés sans guide », ont-ils confié. Ensuite, on leur a demandé combien ils étaient prêts à payer pour ravoir leurs vélos qu’on a mystérieusement retrouvés assez rapidement. Pour 100 $ US, ils ont ainsi récupéré leurs bécanes, mais ont dû payer 3000 $ d’amende pour leur montée non guidée. « Ensuite, on a attendu une journée avant qu’ils ne nous fassent entrer dans une salle de conférence et qu’ils nous interrogent », se souviennent-ils. Puisque Jean-Chrisophe est ingénieur spatial de formation et qu’Éloi est soldat, les gens de là-bas ont crû à un possible attentat contre on ne sait pas trop quoi. Ils ont finalement laissé partir le duo québécois et c’est ainsi que s’est terminée leur aventure rocambolesque africaine.
Ils ont ainsi découvert l’humilité et la solidité de leur amitié. « On sait maintenant qu’on est des puristes de montagne pour le dépassement de soi. On a aussi appris qu’il nous faut planifier un peu mieux nos voyages », résument-ils.
Maintenant de retour, ils doivent récupérer et se refaire une santé, autant physique que mentale. Ils ont été ultra rapides pour ce défi qui suit celui de l’Amérique du Sud, réalisé en 2022. Pour ce qui est de la suite, rien d’arrêté encore. Ce sera à déterminer entre l’Europe (les sommets sont dans les environs de la Russie), l’Océanie ou l’Amérique du Nord. Ce qu’ils prévoient, toutefois, c’est une randonnée en octobre 2024 à l’île de la Réunion où ils accompagneront Samuel Saucier, qui est en fauteuil roulant. Cela entre dans leurs valeurs eux qui sont partenaires du Réseau autonomie santé.