Tarifs douaniers américains : une annonce et des échanges pour le ministre Skeete à Victo
Dans le contexte de l’imposition des tarifs douaniers américains, le ministre délégué à l’Industrie du Québec, Christopher Skeete, s’est arrêté, lundi, à Victoriaville pour discuter des impacts de ces tarifs avec des intervenants du milieu.
Le ministre a participé à une table ronde initiée par Destination Entreprise et réunissant des acteurs-clés du développement économique local. Il a également rencontré les dirigeants des entreprises Victoriaville & Co et Boisés La Fleur.
Christopher Skeete a rencontré la presse dans les locaux de Victoriaville & Co. Il en a profité pour annoncer une mesure d’assouplissement.
« Vu la situation actuelle aux États-Unis, nous prolongeons de six mois la période de remboursement habituellement de 12 mois pour les Fonds locaux d’investissement et les Fonds locaux de solidarité. Donc les entreprises disposeront de six mois de plus pour absorber cette nouvelle tendance avec nos voisins américains et voir comment ils peuvent se positionner. Encore une fois, on donne les outils aux régions pour faire ce dont elles ont besoin pour avancer », a fait valoir le ministre Skeete, conscient de ces temps d’incertitude difficiles pour les entreprises.
« Cela a un impact réel, constate-t-il. Il y a des attentes d’investissements, des délais d’embauche, des plans qu’on met sur la table à dessins parce qu’on ne sait pas à quoi va ressembler demain. La seule chose qu’on peut tirer comme conclusion dans cette incertitude, c’est qu’elle va continuer. J’invite les entreprises à s’y adapter. »
Le ministre délégué à l’Industrie a aussi invité les entrepreneurs à miser sur l’innovation et l’accroissement de la productivité. « C’est la chose qui contrôle votre destinée, c’est la mesure qui vous aiderait à passer au travers », a-t-il soutenu, ajoutant aussi qu’il fallait aussi privilégier l’achat local, le commerce interprovincial et la diversification des marchés.
« On fait tout en notre possible pour aider les entreprises à passer au travers ces moments incertains. Ce qui se passe au sud fait en sorte que ça cause un tort à nos entreprises qui vivent beaucoup d’incertitude et d’imprévisibilité, a-t-il observé. En donnant six mois de plus, on donne des outils à nos entreprises pour passer au travers et prendre des décisions importantes. »
Vice-président exécutif et chef des opérations chez Victoriaville & Co, Charles-Olivier Dumont s’est réjoui de pouvoir compter sur l’appui du gouvernement. « C’est très important en ce moment. On a besoin de temps pour pivoter, pour se diversifier, trouver des alternatives dans les cas où des tarifs sont imposés sur nos produits. C’est dommage de voir des relations de plus de 30 ans être mises en péril à cause de ces tarifs », a-t-il exprimé.
Victoriaville & Co emploie 500 personnes, dont 350 dans son usine de la rue Jacques-Cartier dans le parc industriel de Victoriaville. Elle exporte environ 50% de ses produits aux États-Unis.
Pour le moment, a confié le dirigeant, les clients américains supportent toujours l’entreprise. Présentement, les tarifs ne s’appliquent pas sur les produits de l’entreprise qui respecte les conditions de l’accord de libre-échange. « Mais ça pourrait devenir un enjeu au début d’avril. Mais tout cela amène un grand vent d’incertitude et quand on veut développer un nouveau marché et un nouveau territoire, les gens sont moins enclins à nous faire confiance », a précisé M. Dumont, ajoutant que l’entreprise planche sur l’étude de nouveaux marchés potentiels pour se diversifier.
Il est aussi question d’automatisation pour l’entreprise. Mais aucun emploi n’est menacé, selon lui. « Les restrictions que nous avons au niveau de l’immigration temporaire nous forcent à automatiser pour compenser les départs à la retraite à venir, a-t-il expliqué. Le recrutement de la main-d’œuvre québécoise est difficile. »
Une bonne nouvelle
Le maire de Victoriaville et président de Destination Entreprise, Antoine Tardif accueille comme une bonne nouvelle la mesure d’assouplissement annoncée par le ministre Skeete et se réjouit de le voir sur le terrain à la rencontre d’entrepreneurs pour prendre le pouls et constater si les mesures déployées sont celles dont ont besoin les entrepreneurs.
Sur le terrain se manifeste de l’inquiétude, a relevé Antoine Tardif. « Il y a beaucoup d’incertitude. Les entrepreneurs ont besoin d’être rassurés et ont besoin de prévisibilité par rapport aux annonces à venir. L’inquiétude s’observe tant chez les entrepreneurs que chez les travailleurs. C’est un climat d’incertitude qu’on n’a pas vu depuis longtemps. »
Il s’agit d’une période très difficile, a-t-il souligné, particulièrement au Centre-du-Québec où 72% des entreprises exportatrices le font aux États-Unis. « On est un milieu très manufacturier, plusieurs emplois en dépendent. J’entends beaucoup d’incertitude des entrepreneurs qui se demandent quand les tarifs seront mis en application, s’ils le sont, et s’il y aura pour eux des mesures compensatoires », a-t-il indiqué.
Questionné au sujet de la possibilité de voir certaines entreprises s’installer au sud de la frontière, Antoine Tardif trouverait décevant de voir des emplois redirigés vers les États-Unis. « Mais rien ne me surprend présentement, a-t-il souligné. En ce moment, on vit des changements, des turbulences comme jamais auparavant et je pense que les entrepreneurs évaluent toutes sortes d’opportunités. Nous on va travailler avec ce que l’on contrôle chez nous. Nous allons continuer de soutenir les entreprises avec des programmes qu’on a pour favoriser l’achat local, notamment, en souhaitant aussi que les fameux tarifs annoncés de façon répétitive ne soient finalement pas mis en application. »