Projet éolien : la MRC d’Arthabaska dit non au BAPE générique
À l’instar de la Ville de Victoriaville, le Conseil de la MRC d’Arthabaska ne demandera pas la tenue d’un BAPE générique en lien avec le projet éolien. Les élus ont répondu ainsi à la demande d’une citoyenne, Johanne Allard, qui, à la séance de juin, souhaitait connaître la position de la MRC à cet effet.
« À la suite de discussions, on n’empruntera pas l’avenue du BAPE générique. On travaille déjà avec le BAPE (Bureau d’audiences publiques sur l’environnement) qui étudiera notre projet déjà en place », a fait savoir le préfet Christian Côté. Les échanges sur le projet éolien se sont poursuivis à la période de questions quand un citoyen s’est informé d’un point à l’ordre du jour concernant un règlement relatif à l’exercice du droit de retrait.
Le greffier Me Olivier Milot lui a apporté des explications. « La loi sur l’aménagement et l’urbanisme peut permettre à une municipalité de se retirer d’un projet. L’objectif de ce projet est de structurer l’exercice du droit de retrait, étant donné qu’il s’agit d’un projet quand même complexe », a-t-il souligné. « Des conditions doivent être respectées si, par exemple, une municipalité se retire ou si elle veut y adhérer. Comme on ne veut pas lier les conseils municipaux, il faut prévoir cette possibilité-là », a-t-il ajouté.
Dans la MRC d’Arthabaska, 21 des 22 municipalités font partie du projet éolien. Seule Tingwick n’a pas adhéré. « Les 21 autres sont liées par le projet, a poursuivi le directeur général de la MRC d’Arthabaska, Frédérick Michaud, mais on ne peut lier à l’infini tous les conseils municipaux qui pourraient, dans quelques années, envisager de se retirer ou de s’ajouter, comme Tingwick. »
Question d’éthique
Au micro, une résidente de Sainte-Séraphine, Louise Bourgeois, a déploré, pour sa part, ce qu’elle considère comme un manque d’éthique au sein des conseils municipaux. « Je suis très déçue de mon conseil. Mes questions demeurent sans réponse. Je ne me sens pas considérée », a-t-elle soutenu. La citoyenne a dit regretter aussi le peu d’implication des gens. « Pourquoi n’y a-t-il pas plus de monde ici pour poser des questions? Peut-être avez-vous, vous aussi, un travail à faire? », a-t-elle questionné.
Habitant un secteur boisé, elle n’aura pas les éoliennes dans son champ de vision. « Moi, je ne les verrai pas. Mais je me mets à la place des gens qui en auront cinq ou six autour d’eux et qui n’ont pas été consultés. Est-ce normal que des personnes de 80 ans apprennent par moi que des éoliennes se dresseront derrière leur résidence? Si vous étiez à leur place comment vous réagiriez? Vous êtes des humains. » Le préfet Christian Côté a souligné que tout n’est pas parfait, mais qu’il n’y a pas de mauvaises intentions. « On est quand même à l’écoute, on a tenu des consultations publiques, il y a des choses qu’on corrige. Et à Sainte-Séraphine, on a formé un comité de liaison », a-t-il rappelé. Alors qu’il parlait, la citoyenne l’a interrompu. « Laisse-moi une chance de finir », lui a demandé le préfet.
« On parle des municipalités amies des aînés, je trouve paradoxal d’aller leur sacrer une éolienne et ne pas leur parler, a soutenu la dame. Avez-vous peur de quelque chose? » « Me laisses-tu une chance de finir », a répété le préfet. « Non, lui a-t-elle répliqué. Tu l’as eu ta chance, tu ne l’as pas prise. » Le maire de Saint-Louis-de-Blandford, Yvon Carle, n’a pas apprécié pareille attitude. « Dans le code d’éthique, c’est un manque de respect, ça! », a-t-il exprimé. « Merci de me l’avoir dit, Monsieur, je vais travailler là-dessus. » Dès lors, l’assemblée a pris fin.
Interrogé par le www.lanouvelle.net, le DG de la MRC a fait remarquer qu’au cours des consultations publiques, les commentaires des citoyens ont été relevés. « Et on peut garantir que nous avons regardé, avec Boralex, la façon de moduler le projet pour répondre aux préoccupations des citoyens. Une citoyenne, a confié Frédérick Michaud, nous signalait qu’elle en verrait beaucoup des éoliennes. On est même en train d’analyser le repositionnement d’éoliennes et même d’une haie pour les cacher. » Pour les élus, a-t-il assuré, il était important de tenir des consultations dans les communautés. Et ce n’est pas terminé. « On en organisera d’autres en janvier ou février pour entendre les citoyens, car nous aurons alors toutes les études environnementales, les chauves-souris, les tortues, les grenouilles, les hérons. On pourra les déposer et entendre leurs préoccupations afin d’améliorer encore plus le projet », a-t-il terminé.