Projet de la Sablière : pour et contre 

Pour une des rares fois, sinon la première fois, certains citoyens ont démontré publiquement leur appui au controversé projet immobilier de 300 unités d’habitation sur le site de la sablière d’Arthabaska.

Des opposants aussi composaient la soixantaine de personnes qui assistaient, jeudi soir au Centre communautaire d’Arthabaska, à la consultation publique initiée par le promoteur qui, en plus de rappeler le projet, a présenté, en présence d’experts, les différentes études d’impacts tant réclamées par les pourfendeurs. Ce projet baptisé Le Havre du Sacré-Cœur prévoit 300 unités d’habitation dans une vingtaine de bâtiments de toutes sortes : des résidences unifamiliales, des maisons de ville, des édifices de huit logements et deux bâtiments de quatre étages, l’un de 40 et l’autre de 52 logements. Une garderie d’une capacité entre 50 et 100 enfants est aussi prévue.

« C’est un projet visant à répondre au besoin criant de logements. Un des plus beaux et audacieux projets », a exprimé le promoteur Pierre-Olivier Binette, président de Binette Construction. Il a rappelé l’intention de céder à la Ville de Victoriaville 45% de la superficie totale du terrain (360 000 pieds carrés) pour que ces milieux soient protégés et revitalisés. Le projet apportera aussi, selon lui, une meilleure gestion des eaux. « Le site, de la façon dont il est dessiné, permettra d’avoir une meilleure gestion des eaux. Il permettra moins de sédiments rejetés à la rivière, une meilleure captation des eaux, une meilleure régulation. Et ultimement, avec les critères de conception retenus, on s’assurera que les milieux naturels seront encore mieux régénérés », a précisé M. Binette. 

Les études

Deux représentantes de la firme Englobe, la biologiste Caroline Mercier et la chargée de projet Valérie Messier ont présenté les études en lien avec les impacts sur les espèces florales et fauniques. Elles ont conclu, en substance, qu’aucune espèce ne présente un potentiel élevé de présence sur le site de la sablière. L’ingénieur Félix Soto, directeur de projets associé chez Ingénir, a traité de l’étude effectuée sur l’impact du projet immobilier sur la circulation et la sécurité dans le secteur.

« L’étude démontre que le projet ne génère aucun enjeu en matière de sécurité. Au niveau de circulation, la seule mesure, en fait, consisterait à reprogrammer le feu de circulation à l’intersection des boulevards Arthabaska Ouest et des Bois-Francs Sud », a-t-il fait savoir. Pierre-Olivier Binette, avant la période de questions, a conclu la présentation en soutenant qu’il s’agit « d’un très beau projet qu’on présente à la Ville de Victoriaville et aux citoyens » Le président de Binette Construction a fait valoir que le lot actuel permet un développement avec des bâtiments de quatre logements à deux étages, ce qui pourrait signifier 462 logements. « Ce serait, je pense, le pire scénario possible », a laissé tomber Pierre-Olivier Binette, ajoutant avoir tout fait avec les différentes études pour la confirmation des paramètres écologiques, des espèces à protéger.

« Dans cet optique, je crois que c’est, de loin, la meilleure formule pour développer cette portion de terre », a-t-il soutenu. Le promoteur reconnaît que le projet ne donne pas dans les logements abordables en raison notamment des coûts de construction. « Mais 300 logements viendront enlever une pression sur le parc immobilier à Victoriaville avec une hausse de la disponibilité de logements », a-t-il terminé.

Questions (et commentaires)

Plusieurs citoyens se sont amenés au micro pour se faire entendre. L’animatrice Marie-Pier Cloutier les avait prévenus de se limiter à trois questions et d’éviter les commentaires qui ont été nombreux. L’animatrice a dû, à plus d’une occasion, les ramener à l’ordre. Prévue pour 45 minutes, la période de questions s’est étirée sur près de 70 minutes. Certains citoyens ont soulevé l’acceptabilité sociale. « C’est un très beau projet, a mentionné Gilles Labrosse, mais il n’y a pas d’acceptabilité sociale. Pourquoi pas le réaliser ailleurs?

« Dans toute la ville, les terrains se font rares. Il n’y en a pratiquement plus de sites à développer », a fait remarquer Pierre-Olivier Binette. D’autres citoyens, comme Silvie Lemelin, ont déploré l’absence « d’études indépendantes ». À cela, l’ingénieur Émile Bergeron a rétorqué que les experts font partie d’ordres professionnels et qu’ils effectuent leur travail avec rigueur. À la question posée au sujet du coût des loyers, Pierre-Olivier Binette n’a pu offrir de réponses, n’ayant pas encore toutes les données à sa disposition. « On ne connaît pas encore le coût total », a-t-il précisé.

Par ailleurs, il n’est pas dans les pratiques, a fait savoir M. Binette, de remettre aux citoyens, comme l’auraient souhaité certains, une copie des études. « De toute façon, il y a des difficultés d’interprétation et on doit recourir aux experts. C’est le but d’ailleurs de la rencontre de ce soir », a indiqué Pierre-Olivier Binette.

Puis, à un moment donné au cours de la rencontre, un premier citoyen favorable au projet s’est pointé, suivi par d’autres intervenants par la suite. Sébastien Delisle, un propriétaire d’immeuble locatif, a applaudi à un tel projet, conscient du manque de logements. « Je le vis ce problème criant. Chaque fois que j’annonce un logement, je reçois 100 demandes en 24 heures, a-t-il confié. Moi, je suis ici ce soir pour dire que je l’accepte ce projet. Je suis en faveur et je souligne le courage et la détermination des promoteurs ».

À sa question à savoir à quel moment surviendra la première pelletée de terre, la question demeure sans réponse. Des étapes doivent être d’abord franchies, à commencer par le dépôt du projet au ministère de l’Environnement. Une citoyenne France Martin a fait valoir que le site de la sablière demeure l’un des seuls lieux à Victoriaville « où la nature a priorité sur les humains, où l’on entend presque le silence ».

« Êtes-vous conscients de détruire ce lieu naturel? », a-t-elle demandé. « Je suis conscient, a répondu Pierre-Olivier Binette, que nous avons tout mis en place pour avoir le moindre impact possible et permettre à un lieu naturel de demeurer dans l’état qu’il est. » Un autre citoyen, enfin, a notamment voulu savoir le nombre d’arbres à être plantés, si les fils d’Hydro-Québec allaient être enfouis et si Taxibus allait desservir le secteur. « On ne sait pas combien d’arbres seront plantés, mais il y aura création de valeur, a fait savoir la professionnelle en urbanisme, Margot Bardeau. Des discussions sont en cours avec Hydro-Québec concernant les fils et la Ville est favorable à Taxibus. »