Près de trois décennies au service des arts et de la culture
Depuis le 1er octobre, la coordonnatrice art et culture de la Ville de Victoriaville, Danielle Croteau, est à la retraite. Elle a ainsi quitté ses fonctions après plus de 28 années à œuvrer dans ce secteur qui s’est beaucoup modifié au fil du temps.
Rencontrée dans son bureau, la veille de son départ, Danielle, qui est bien connue de tous les artistes et organismes culturels de Victoriaville et de la région, a fait un résumé de ces trois décennies (ou presque). C’est en mai 1997, à titre de régisseur culturel, qu’elle a fait son entrée à la Ville de Victoriaville. Originaire de Warwick, Danielle avait alors complété un baccalauréat en psychologie et un en histoire de l’art. Elle a ensuite fait une maîtrise en étude des arts. Ainsi, la culture et tout ce qui s’y rattache font partie de sa vie depuis longtemps. “J’avais cet intérêt dès mon jeune âge. Je dessinais tout le temps. J’ai découvert la peinture, puis le théâtre au secondaire”, se souvient-elle. C’est donc tout naturellement qu’elle a intégré l’équipe municipale de Victoriaville.
Elle se souvient qu’à ce moment, les festivals prenaient de plus en plus d’importance alors que le théâtre amateur connaissait un certain déclin. “Il y a eu la création du Festival de blues, celui des Rythmes du monde, le Festival d’impro. Il y avait une bonne vague en ce sens”, mentionne-t-elle. Il y avait également à l’époque de gros joueurs de la culture (qui sont encore bien vivants), comme le souligne Danielle. Parmi eux, le Grave, Production Plate-Forme (qui organise le FIMAV), le Parminou, le Musée Laurier et les harmonies (dirigées par Josée Crête). “Un noyau artistique”, rappelle-t-elle.
Tout de même, l’art et la culture avaient bien besoin d’être développés dans la municipalité. Il fallait aussi encourager les gens à participer aux prestations artistiques. “Il y avait peu de musique sur la place publique et c’était moins bien vu qu’aujourd’hui”, se souvient-elle. Mais les gens se sont habitués aux spectacles, entre autres, ceux de la place Sainte-Victoire, qu’ils fréquentent aujourd’hui assidûment.
Du côté de la Municipalité, les équipes ont également pris de l’expérience pour les aménagements de même que les horaires afin d’offrir une belle diversité de spectacles sans toutefois trop déranger le voisinage. Il faut dire que la Ville de Victoriaville, lorsqu’elle est entrée en poste, n’organisait aucune activité culturelle. Elle se contenait de soutenir celles qui en faisaient la demande. “Il n’y avait pas de budget et donc pas d’expositions, de spectacles, à part les activités dans les deux bibliothèques”, note-t-elle. Depuis, la situation a bien évolué, si bien qu’aujourd’hui toute une programmation d’événements culturels et de spectacles est proposée, notamment au cours de la saison estivale, par la Ville de Victoriaville. À cela se sont ajoutés, au fil du temps, des activités de médiation, de l’art nature et même des résidences d’artistes.
À ce sujet, Danielle Croteau admet, lorsqu’on lui demande quelles réalisations l’ont davantage marquée au cours de ses années à la coordination, qu’elle est bien fière de cette résidence artistique qui s’est installée, depuis quatre étés maintenant, dans le pavillon de service du Boisé-des-Frères-du-Sacré-Cœur. C’est à cet endroit que les gens peuvent venir à la rencontre d’artistes de différentes disciplines et découvrir leur travail. “Je suis heureuse qu’on ait instauré ça à Victoriaville. Ça sert beaucoup nos artistes qui peuvent y bonifier leur CV”, apprécie-t-elle. Un projet porteur, comme elle le précise, qu’elle aimerait bien voir actif à longueur d’année (les résidences ont actuellement lieu du mois de mai à la fin d’octobre).
Elle ne passe pas sous silence non plus la mise en place de Diffusion Momentum qui a mené à la construction et la gestion du Carré 150, ce lieu de diffusion culturelle qui célèbre cette année son 10e anniversaire. “Je suis contente d’y avoir participé”, confie-t-elle.
Il ne faut pas oublier également l’élaboration de cette politique culturelle pour laquelle elle est entrée en poste au départ, qui a été suivie d’un plan d’action en 1999 (et d’une reformulation en 2016 suivie aussi d’un plan d’action), sans oublier le Colloque les arts et la ville, tenu en 2010 à Victoriaville, qui a eu des échos positifs pendant plusieurs années. Mais au final, elle estime que son travail en aura été un de fond qui visait toujours à améliorer la présence des arts et de la culture dans la vie municipale.
Ainsi, en presque 30 ans, l’offre culturelle et artistique s’est diversifiée et une palette d’interventions a été mise sur pied. Mais il reste encore à faire puisque la culture n’est pas considérée comme un service “essentiel”, comme elle le précise. “Je me suis toujours permis de jouer le chien de garde afin d’ajouter un aspect culturel aux différents événements et activités”, souligne-t-elle en ajoutant qu’elle a toujours eu un immense respect pour les artistes et tout le travail qui se cache derrière l’œuvre finale.
En effet, elle rappelle que si le nombre de propositions artistiques est à la hausse, les infrastructures culturelles de leur côté stagnent. “Il y a le Carré 150 et les deux bibliothèques. Il manque de lieux de production, des ateliers pour la création”, estime-t-elle.
D’autres projets à venir
Bien entendu, il y a certains projets qu’elle a menés, dont la mise en place d’une politique d’art publique, qu’elle n’aura pas pu compléter avant son départ. Mais la suite sera assurée par Véronique Pepin qui la remplace dans ses fonctions. “Il y a également celui du Parcours culture-nature dans le vieil Arthabaska qui a demandé beaucoup de travail et qui se réalisera sous peu”, ajoute-t-elle.
Danielle Croteau est également bien fière des partenariats qui se sont élaborés au projet des arts et de la culture, notamment l’entente avec le ministère de la Culture qui permet encore plusieurs activités et prestations de concert, tout comme celui avec la MRC d’Arthabaska qui élargit autant la palette d’artistes que de spectateurs.
Et ensuite
Si Danielle Croteau part à la retraite, elle n’a pas prévu de grands projets pour le moment. “Je veux me déposer et m’occuper de mon monde et de mes animaux”, résume-t-elle. Simplement de ralentir le rythme sera déjà apprécié pour celle qui a toujours eu à cœur les artistes de la région. “Je vais marcher, faire de la randonnée et des activités avec mon chum”, ajoute-t-elle en disant que le chemin de Compostelle pourrait bien faire partie de ses projets. “Peu importe, je sais que je vais être occupée.”
Et même si on l’a déjà approchée pour s’intégrer dans différents organismes, Danielle veut prendre du temps avant de s’engager. “Je veux me retrouver et voir dans quoi je veux m’impliquer puisque je ne fais rien à moitié”, soulève-t-elle.
