Nouvel ingrédient à la « recette Victo pour le logement »

Victoriaville instaure un nouveau crédit de taxes pour favoriser la construction de nouveaux logements sur son territoire. Ce nouvel ingrédient s’ajoute à la panoplie de mesures mises de l’avant depuis deux ans et que le maire Antoine Tardif se plaît à nommer « la recette Victo pour le logement ».

La nouvelle mesure, qui sera en vigueur au début de février après la parution d’un avis public, accordera un crédit de taxes de deux ou de cinq ans en fonction du coût du logement.

Pour la Ville, cela représente une renonciation à des revenus. « Mais on juge que l’enjeu du logement est à ce point important qu’on n’est prêt à se priver de revenus de taxation pour que des logements soient mis en chantier », indique le maire Antoine Tardif en entrevue avec le www.lanouvelle.net.

Un logement est admissible au programme si le loyer est égal ou inférieur,

pour un crédit de taxes de base (2 ans), à 1000 $ par mois pour un 3½, 1300 $ pour un 4½ et 1500 $ pour 5½.

Pour le crédit prolongé de cinq ans, le loyer maximal est établi à 800 $ par mois pour un 3½, 1000 $ pour un 4½ et 1200 $ pour un 5½. 

L’ajout de ce crédit de taxes s’inscrit dans le contexte de la crise du logement. Mais Victoriaville, contrairement à la situation vécue ailleurs dans la province, tire quand même son épingle du jeu.

Depuis son arrivée à la mairie, Victoriaville enregistre des années records au chapitre de la construction. « Le ralentissement dans l’ensemble du Québec ne se fait pas sentir chez nous », souligne-t-il en exposant des statistiques.

Les récentes données de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL) révèlent en 2023 une diminution de 32% des mises en chantier tandis qu’à Victo, elles ont grimpé de 7%. Et la baisse observée des ventes résidentielles a été presque deux fois moindre à Victoriaville (une chute de 7%) par rapport à une régression de 13% au Québec.

Malgré une situation plutôt enviable comparativement à d’autres municipalités, les élus victoriavillois ne veulent surtout pas d’un revirement de situation, d’où l’annonce des crédits de taxes. « Nous sommes proactifs. On ne veut pas que ça cesse. On veut éviter un ralentissement au niveau de la construction, fait savoir le maire Tardif. On tient à offrir des logements à notre population puisque le besoin de logements se fait toujours sentir. On entrevoit peut-être un ralentissement économique. On a entendu certains constructeurs dire que ça devenait plus difficile avec les taux d’intérêt. À l’automne, des entrepreneurs évoquaient l’idée de mettre des projets sur pause. Eh bien, nous, on ne veut pas que ça ralentisse. On ne peut se permettre que les projets se mettent en pause, car il y a encore un besoin de création de logements sur le territoire. Voilà pourquoi on met sur pied une mesure pour que ça se poursuive. »

Le besoin est bien réel, d’autant que la population victoriavilloise continue à augmenter, une bonne nouvelle, plaide le premier magistrat. « Cela me ramène à la vision que j’avais au départ : la Ville de Victoriaville, pour répondre aux besoins de ses citoyens, doit continuer de croître. On doit continuer d’être attractif. La population croît et le logement doit faire de même au même rythme. Aujourd’hui, ce que l’on constate, observe-t-il, c’est que nous sommes capables de maintenir cette cadence qui nous permet d’avoir un équilibre souhaitable. »

Avec le programme de crédit de taxes, Victoriaville se démarque. Une telle mesure n’est pas si fréquente, selon Antoine Tardif. « Peu de municipalités vont dans ce sens. C’est assez novateur comme mesure. On deviendra l’une des premières villes ou du moins on se retrouvera parmi un groupe sélect de villes au Québec offrant un crédit de taxes à un moment que je juge critique dans une période de notre économie où on ne veut pas que ça ralentisse avec un enjeu aussi important que l’habitation », fait-il valoir.

Fier de la recette Victo

En jetant un œil dans le rétroviseur, le maire de Victoriaville se dit fier de toutes ces initiatives implantées en deux ans. « La recette Victo pour le logement porte fruit et donne des résultats », fait-il remarquer.

Il souligne, au passage, la fin du travail d’analyse de différents sites appartenant à la Ville et qui seront mis en vente pour la réalisation de projets d’habitation. « Ici aussi, note-t-il, on sort des sentiers battus et on fait preuve d’initiatives pour répondre à l’enjeu du logement. »

Bref, les résultats que connaît Victoriaville, soutient le premier magistrat, ne relèvent pas du hasard. « Depuis mon entrée en poste, le logement constitue une priorité absolue pour l’ensemble de notre administration. Depuis deux ans, on a déployé une panoplie de mesures pour faciliter la réalisation de projets sur le territoire de la Ville de Victoriaville », rappelle-t-il.

La modification de la réglementation pour accélérer l’émission de permis et augmenter le nombre d’étages, la publication d’une carte interactive identifiant les terrains à potentiel de développement, de densification et de requalification, l’embauche d’un conseiller en habitation, la création d’un guide de design pour favoriser la densification et la mise en place d’Innov Habitat Victo, un organisme à but non lucratif pour créer des logements abordables, font partie des mesures mises de l’avant.

« Ces mesures, jumelées au fait qu’on a des constructeurs de qualité qui réalisent de nombreux projets, nous permettent donc d’être sur la bonne voie quant à cet enjeu provincial important, la crise du logement », fait-il valoir.

La recette Victo fait ses preuves, estime Antoine Tardif. « Les indicateurs nous permettent de croire qu’à court terme, on sera revenu à un équilibre de l’offre et de la demande. Le taux d’inoccupation est passé de 0,6% il y a deux ans à 1,5% l’an dernier. Et lorsque les nouveaux chiffres vont sortir, on devrait avoir dépassé les 2%. Ce qui signifie que nous sommes sur la bonne voie. On s’approche du taux souhaitable qui se situe entre 3% et 5% », affirme le maire.

Antoine Tardif se dit convaincu que la situation serait toute autre sans « la recette Victo ». « On voit des ralentissements ailleurs alors qu’on ne les vit pas chez nous. Et c’est ce qu’il faut, précise-t-il. Quand on regarde en arrière, on en a fait du chemin en deux ans. C’est une panoplie de mesures liées au logement qui ont été mises en place. Ce qui nous permet de croire qu’aujourd’hui, les résultats qu’on obtient ne sont pas le fruit du hasard, mais bien le résultat de plusieurs mesures qui s’additionnent et qui créent un climat favorable à Victoriaville attribuable aussi au dynamisme de nos entrepreneurs. » 

Outre les mesures pour favoriser la construction de nouvelles habitations, la Ville, assure Antoine Tardif, ne perd pas de vue les grands besoins en matière de logement abordable. Il promet d’ailleurs de belles annonces à venir bientôt, tout en faisant remarquer que la création de nouveaux logements, nécessaires pour répondre aux besoins criants, a aussi un impact sur les prix. « L’offre en quantité suffisante vient influencer le prix. Ça a un effet. Cet équilibre est en voie de se rétablir et on a bon espoir que ça aura un effet à la basse », mentionne le maire Tardif.

Sans compter l’impact fiscal pour la Municipalité. « De nouveaux immeubles représentent éventuellement de nouveaux revenus pour la Ville, ce qui nous permet de réinvestir dans nos infrastructures sportives, sociales, culturelles et communautaires, notamment », souligne le maire.

L’année 2023 a vu l’ajout de quelque 330 nouvelles unités d’habitation. Les élus souhaitent maintenir un seuil d’au-delà de 300 logements par année tant que le marché ne sera pas équilibré, à savoir un taux d’inoccupation se situant entre 3 et 5%, la référence de la SCHL.

Notons enfin que le crédit de taxes est limité dans le temps, jusqu’au 31 décembre 2025. Par la suite le conseil réévaluera la mesure.