« Mourmansk », une exposition signée Karl Lemieux

Du 1er novembre au 14 décembre, le Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger, du Carré 150 de Victoriaville, accueille l’exposition intitulée « Mourmansk » signée Karl Lemieux.

Pour l’artiste originaire de Kingsey Falls, il s’agit d’une rare occasion de montrer son travail dans sa région. En effet, si on le voit depuis sept ans du côté du FIMAV, où il est commissaire du volet cinéma expérimental, on peut rarement apprécier ses œuvres artistiques. Il ne faut donc pas manquer d’aller voir cette expo qui permet aux visiteurs de découvrir une région du cercle arctique, Mourmansk.

En entretien, alors qu’il procédait à l’installation, Karl a expliqué qu’il proposait un film tourné dans cette région de Russie en 2014. Une expédition dans un coin dépeuplé et une des zones les plus polluées de la planète. Il sert de matière première à cette exposition constituée, outre de la projection, d’une série de 11 photogrammes tirés de la pellicule 16 mm et traitée par mordançage. 

Ce sont les arrêts sur images, créant des microcosmes, qui l’ont inspiré. « Ça faisait quelques années que je me disais qu’un jour j’allais prendre le temps de les agrandir et les imprimer », se souvient-il en ajoutant que l’invitation du Carré 150 avait été l’occasion d’explorer cette avenue.

C’est maintenant chose faite grâce à cette exposition où Dominique Laquerre, directrice du centre d’art (qui quittera d’ailleurs son poste dans quelques jours), agit à titre de commissaire.

L’extraction d’images fixes imprimées en grand format sur papier mat n’est pas fréquente pour Karl qui a davantage l’habitude des films. « En faisant des œuvres papier, ça permet d’arrêter dans le temps un petit moment qui ressemble à une peinture », souligne-t-il. Le traitement des photos fait en sorte qu’elles font davantage penser à des œuvres au fusain plutôt qu’à des images documentaires. La vidéo, qui tourne en boucle au fond de la galerie d’art, propose également une bande sonore enregistrée sur les lieux, captée par le compositeur et musicien BJ Nilsen.

S’ajoutent à cela des photos, documentaires cette fois, qui montrent aux visiteurs les conditions de tournage et cette région où la vie est difficile. Karl a même raconté qu’en tournant des images d’une usine, on l’avait kidnappé quelques minutes, voulant le décourager. Heureusement qu’il n’était pas seul alors. 

L’artiste a également voulu sacrifier la bobine du film qui, coupée en plusieurs segments, peut être regardée à la loupe par les visiteurs sur une table lumineuse.

Ce travail de l’artiste, qui réside à Montréal depuis plusieurs années, se veut un constat de l’état du monde qui permettra peut-être de sensibiliser en même temps. Il est d’ailleurs allé récemment en Alaska documenter la fonte du pergélisol et en Écosse dans un cimetière de plates-formes pétrolières sur un cours d’eau, un projet avec l’ONF qui porte sur le démantèlement de ces gigantesques équipements. Ce faisant, il devient témoin de différentes situations qu’il transmet à sa façon.

Une performance

Outre l’exposition, les gens auront l’occasion d’assister à une performance de Karl Lemieux qui aura lieu le 14 novembre à 19 h 30 au Cabaret Guy-Aubert. À ce moment, l’artiste sera accompagnée de ses complices sonores BJ Nilsen ainsi que Keven Doria. Ce dernier viendra spécialement d’Amsterdam pour cette prestation qui mariera projection, son et musique.