Manufacturier : le Centre-du-Québec est la 4e région avec le plus de postes vacants

La pénurie de main-d’œuvre demeure l’enjeu qui fait le plus mal aux entreprises du Centre-du-Québec, avec actuellement 1595 postes à pourvoir dans le secteur manufacturier selon les chiffres du deuxième trimestre de 2023 dévoilés par Statistiques Canada. Pour l’ensemble du Québec, ce nombre atteint 25 000 postes vacants.

Statistiques Canada estime que la fabrication d’aliments, la fabrication du papier, la fabrication de produits métalliques, la fabrication de machines et la fabrication de matériel de transport sont les secteurs les plus criants de la région avec respectivement 265, 80, 150, 370 et 75 postes vacants. Alors qu’il manque des milliers de travailleurs pour répondre à la demande du manufacturier, les chiffres de Statistiques Canada démontrent aussi que le Centre-du-Québec a un taux de postes vacants de 5,4%, légèrement supérieur à la situation de l’ensemble du Québec (4,6%).

« Le Centre-du-Québec est la quatrième région la plus impactée à travers le Québec. Il est clair que la pénurie de main-d’œuvre fait encore mal aujourd’hui à nos entreprises manufacturières », nous explique la présidente-directrice générale de Manufacturiers Exportateurs du Québec (MEQ), Véronique Proulx. Selon un sondage récent auprès des membres de MEQ, 98% des entreprises sondées ont actuellement des postes vacants. « Cette pénurie de main-d’oeuvre a engendré des pertes évaluées à 7 milliards $ à l’échelle provinciale parce qu’on ne trouve personne pour combler des postes de soir, de fin de semaine ou de nuit et parce que certaines entreprises doivent fermer des lignes de production et refuser même des opportunités à l’international afin de ralentir la cadence », de poursuivre Mme Proulx.

On comprend donc, selon Mme Proulx, que cette situation a une incidence réelle chez les manufacturiers et un impact économique pour l’ensemble du Québec. « Dans la région par exemple, nous comptons des entreprises manufacturières qui ont raflé des prix à l’échelle du Québec, des entreprises qui sont établies depuis longtemps chez nous et qui offrent de bonnes conditions de travail et de bons salaires. Il y a des fournisseurs et d’autres PME qui se sont développés autour d’elles. Si nous voulons garder cette empreinte manufacturière là, il nous faut donc davantage de travailleurs, donc davantage d’immigration économique », croit-elle.

« Il y a plus de gens qui quittent le marché du travail que de nouvelles personnes qui y entrent. Nous constatons ce déclin depuis plusieurs années déjà. C’est la pyramide inversée et la situation devient de plus en plus difficile », ajoute-t-elle.

« C’est sûr que dans notre secteur d’activités, il y a de plus en plus d’entrepreneurs qui offrent de la formation. Ils accueillent parfois de nouveaux travailleurs qui n’ont pas les bonnes compétences, mais qu’ils forment à l’interne pour les amener à un autre niveau. Nos entreprises investissent aussi de plus en plus en automatisation et robotisation pour faire plus, avec moins. Mais une fois qu’elles ont fait tout ça, ça nous ramène quand même à l’immigration. »

« Nous avons besoin d’immigration économique alignée sur les besoins de nos manufacturiers. Dans le Centre-du-Québec, nous manquons de soudeurs, d’électromécaniciens et de techniciens en génie mécanique, entre autres. Nous souhaitons que le gouvernement du Québec puisse favoriser ce type de profil dans sa politique d’immigration », poursuit Mme Proulx.

La ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, pilote actuellement les consultations pluriannuelles sur l’immigration afin d’essentiellement définir les seuils d’immigration pour les trois prochaines années et d’autres politiques également. « Nous, ce qu’on dit au gouvernement, compte tenu du nombre de postes vacants et compte tenu de l’impact sur les manufacturiers et sur l’économie du Québec, c’est d’aller de l’avant avec la hausse des seuils d’immigration et de prioriser une main-d’œuvre économique qui soit alignée sur les besoins des manufacturiers. »

Mme Proulx mentionne que les exercices de planification précédents n’ont pas permis de répondre aux besoins en main-d’oeuvre du Québec et que la compétitivité et le développement de nos entreprises manufacturières au Centre-du-Québec et de notre économie en ont souffert. « Le gouvernement doit, cette fois-ci, s’assurer que sa planification ait un réel impact pour combler les besoins de main-d’oeuvre des entreprises et des manufacturiers du Québec », estime-t-elle.

Le MEQ recommande d’ailleurs au gouvernement l’adoption d’un seuil d’immigration permettant de répondre aux besoins de main-d’œuvre et qui propose d’admettre 90 000 immigrants permanents par année au Québec pour les trois prochaines années et de s’assurer que le nouveau Programme de sélection des travailleurs qualifiés (PSTQ) reflète les besoins de main-d’œuvre.

Le MEQ appuie aussi la volonté de régionalisation de l’immigration, mais considère que des incitatifs financiers plus importants doivent être déployés. À cet effet, il propose même de verser un appui financier complémentaire aux initiatives existantes qui pourrait atteindre jusqu’à 3000 $ par an jusqu’à concurrence d’un maximum cumulable de 10 000 $ par travailleur afin d’inciter les personnes récemment arrivées à s’installer en région.

Enfin, le MEQ est finalement favorable à ce que l’on augmente la proportion de personnes adultes déclarant connaître le français à l’admission et que l’on tende vers une plus grande immigration économique francophone, mais que cela doit se faire en équilibre avec le marché du travail et avec le soutien nécessaire en francisation. Le MEQ représente 1100 manufacturiers à travers le Québec. Le secteur manufacturier québécois emploie plus de 500 000 personnes et représente 12,6% du PIB ainsi que 86,8% des exportations. Il a généré des ventes globales de près de 213,2 milliards $ en 2021.