Les papiers d’Anne-Sophie à la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot

Jusqu’au 31 mars, Anne-Sophie Gendron expose une quinzaine d’œuvres mettant en vedette ses papiers, du côté de la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot de Victoriaville.

Rencontrée sur les lieux, alors qu’elle mettait la dernière touche à son exposition qu’elle intitule « Papiers et petites bricoles extraordinaires », l’artiste-papetière a expliqué qu’il s’agissait pour elle d’une première exposition solo. « C’est la suite de la résidence de l’été dernier au Boisé-des-Frères-du-Sacré-Cœur », a-t-elle indiqué.

Depuis, son travail a encore évolué, étant davantage tourné vers l’écologie, comme elle le fait remarquer. En effet, elle a tenu, sur les cartels des œuvres exposées, à écrire tout ce qui a été utilisé pour les réaliser. « Dans un objectif de sensibilisation à ce qu’on consomme », précise-t-elle.

De son côté, elle se fait un devoir, autant que possible, de récupérer, utilisant des bijoux trouvés ici et là et défaits, du bois revalorisé ou des plantes pour réaliser son papier. « J’utilise des plantes qui, pour les gens, sont souvent nuisibles comme le phragmite par exemple », confie-t-elle en ajoutant qu’elle prend toutes les mesures nécessaires pour ne pas répandre encore plus les espèces envahissantes. Tout cela avec le plus grand respect de l’environnement qui rend disponibles des matières premières appréciées.

De ses papiers naissent différentes œuvres, associées avec des techniques mixtes. Ils sont le médium principal de son exposition qui s’amorce. « La pâte à papier est tellement versatile », apprécie-t-elle. 

Avec cette matière, elle fait différentes expérimentations, notamment avec de la cage à poules qui devient une fois couverte de pâte à papier, un médium qu’elle peut sculpter à sa guise et qu’elle qualifie de structural, versatile et solide. « Je suis appelée à sortir du 2D », annonce-t-elle.

Outre l’actuelle exposition, Anne-Sophie proposera, dans les prochaines semaines, deux ateliers différents. Un premier (avec des places limitées alors il faut s’inscrire sur le site de la bibliothèque), le 6 février, où elle proposera à des aînés la création d’une reliure destinée à la fabrication d’un carnet. « Dans lequel ils pourront écrire ou mettre des photos », explique l’artiste qui apprécie aussi l’aspect utilitaire de l’atelier.

Le second aura lieu le 23 mars et s’adresse à tous. Il permettra de réaliser un collage collectif fait à partir de papiers artisanaux. Les créations seront exposées sur une installation (faite en cage à poules) déjà accrochée sur un mur de la bibliothèque.

Anne-Sophie Gendron est bien heureuse que son premier solo se déroule à cet endroit, un lieu qu’elle fréquente régulièrement et qui lui a permis d’en apprendre davantage sur les plantes et les papiers ainsi que leur fabrication. « Les bibliothèques, c’est le berceau de plusieurs arts, dont le papier », ajoute-t-elle.

L’artiste-papetière, qui a décidé de s’adonner à temps plein à son art il y a quelque temps, ne regrette pas du tout sa décision. Malgré certains pépins posés sur son chemin (notamment sa machine à pâte à papier qui ne fonctionne plus), elle demeure motivée et inspirée. « Quand on choisit d’être artiste, c’est de la précarité. Il faut garder les yeux sur le long terme et persévérer », fait-elle savoir.

De voir son travail exposé sur les murs de ce lieu hautement fréquenté de Victoriaville lui permet de s’assumer en tant qu’artiste et lui fait réaliser qu’elle a beaucoup appris.