Les fascinantes et hypnotiques installations sonores

Ça y est! Elles sont de retour. Les neuf installations sonores du Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV) n’attendent cette semaine que les visiteurs qui seront fascinés et hypnotisés par les propositions de cette année.

Personne ne reste indifférent devant cet art musical qui s’installe depuis nombre d’années dans l’environnement de Victoriaville. Le commissaire des installations sonores, Érick d’Orion, choisit minutieusement depuis 14 ans maintenant les œuvres qui viennent gratuitement s’intégrer dans la municipalité. Cette année encore, les visiteurs ne seront pas déçus. Les artistes présentent des installations qui marient poésie, narratif et minimalisme dans le son, comme le résume bien le commissaire. « La pratique s’est développée », apprécie-t-il. Si bien qu’avec les années, il est de plus en plus difficile pour lui d’arrêter son choix sur les oeuvres qu’il offrira au public. Au Carré 150, Jean-François Laporte présente « Spirituel », une installation formée de 12 dispositifs mécaniques composés de bols en acier. Grâce à des hélices et des lumières qui changent de couleur, tout est en rotation. 

Du côté de la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot, Pierre Boulanger expose l’une de ses deux installations sonores du parcours, « Sans titre B ». Il s’agit d’une longue sculpture cinétique, une œuvre à grand déploiement et impressionnante, qui rappelle autant la colonne vertébrale que la vague ou même le schéma d’ADN. Les ondulations sonores et visuelles inspirent l’arrêt ou la méditation. 

Les autres œuvres sont situées à l’extérieur, au parc Sainte-Victoire et sur la rue de la Gare. Celle signée par la Quadrature et Audiotopie se distingue toutefois des autres puisqu’elle est souterraine. « Intitulée « Sédiment narratif », elle invite le passant à s’étendre (ou se pencher) au sol afin d’entendre et surtout de ressentir la narration sonore. Il peut alors entendre un conte provenant du sol, sous ses pieds. Donc visuellement parlant, deux grands rectangles de tourbe (avec un cercle en bois où on est invité à poser sa tête) sont reliés par un écriteau circulaire expliquant l’œuvre. Une façon différente de vivre les installations sonores. « Il y a de plus en plus d’expérimentation avec des installations haptiques », précise le commissaire. 

Tim Feeney a installé sur l’agora derrière la bibliothèque, « Nightjar’s Nest », un dispositif discret de haut-parleurs imitant les appels de l’engoulevent, dont le territoire s’étend désormais jusqu’ici. Lors de la visite, il a été possible de rencontrer Flo Brisebois, artiste de Montréal, qui présente « Terres synthétiques ». Elle s’intéresse depuis longtemps aux installations sonores, mais ose pour une première fois du côté de Victoriaville, elle qui a un cursus en conception sonore. Son installation s’inspire de la résonnance, alors que dans des enceintes de céramique sont diffusés des sons de céramique. « Elle évolue dans le temps et est toujours différente », explique-t-elle. Puis un kérophone, que les visiteurs peuvent essayer, complète son travail. 

Le terrain de pétanque, pour sa part, accueille cette semaine « Air Prisme No1 » de Peter Van Haaften et Garnet Willis. Il s’agit d’une sculpture sonore algorithmique alimentée par le vent. C’est lui qui fait vibrer les cordes et tourner cette harpe éolienne qui vient marier force sonore et beauté esthétique. L’œuvre abrasive du parcours, signée Adam Basanta, comme l’indique le commissaire, s’est installée devant la Vélogare et porte le titre « Persistent Teenage Gestures », dans un conteneur en métal. Elle est constituée d’une guitare brisée, d’une boule de quilles, d’un amplificateur coupé en deux et toujours en rétroaction. Le tout est additionné d’une éclaboussure de peinture rose. En résulte un chaos performatif uni. 

Finalement, du côté de la rue de la Gare, deux œuvres s’offrent au public. La seconde de Pierre Boulanger, « Résonnance », qui mêle métal, verre et porcelaine. Des vibrations et frottements proposent un bourdonnement amplifié. Puis le duo Ménard-St-Amant complète le tout avec « Projet 3.0 » et ses trois modules que les gens pourront manipuler pour créer sons et lumières. Tout cela grâce à des objets dont l’esthétisme est mis de l’avant, tout comme les sons.

Du côté de la rue Notre-Dame Est, on peut apprécier, dans la vitrine de Gérald Musique, un avant-goût de l’exposition en arts visuels qui met de l’avant cette année le travail de Sébastien Pesot. Même s’il est responsable de cette exposition depuis 14 ans maintenant, Érick d’Orion a encore plein d’idées afin de développer le circuit. « C’est toujours motivant et positif et des gens viennent spécialement et seulement pour voir les installations sonores », apprécie-t-il. Le commissaire est bien satisfait de la proposition des installations sonores de cette année. Une pratique qui évolue, tout comme l’ouverture des visiteurs qui sont désormais plus enclins et sensibilisés à cette forme d’art qui vient s’intégrer harmonieusement au FIMAV.