Le parcours de trois entrepreneurs au menu de l’Événement de l’année
Ils ont été nombreux, mercredi soir, à répondre à l’invitation de la Chambre de commerce et d’industrie des Bois-Francs et de L’Érable (CCIBFÉ) pour découvrir le parcours inspirant de trois entrepreneurs : Jean Marcotte, retraité du Groupe RDL, Pierre-Antoine Auger, copropriétaire avec sa conjointe de la pharmacie Brunet et Marc-André Gosselin, propriétaire du Groupe Fromagerie Victoria.
« L’Événement de l’année permet de mettre en lumière les êtres humains derrière les entrepreneurs parce qu’on en vit tous des problématiques dans nos vies personnelles, on en vit des défis dans nos entreprises. Voir comment ces gens peuvent trouver de la résilience dans tout cela, je crois que c’est très pertinent », a souligné, d’entrée de jeu, le président de la CCIBFÉ, Keven Brasseur.
Les entrepreneurs ont parlé affaires, jasé de leur parcours, mais ils ont aussi parlé de la vie. On les a vus échanger en pleine campagne dans des vidéos tournées l’automne dernier. Mais ils étaient bien sûr présents en chair et en os au Centre des congrès de l’Hôtel Le Victorin où ils ont monté sur scène, d’abord seuls, puis tous ensemble à la fin, pour répondre aux questions de l’animateur Pierre-Luc Houde, solide dans son travail, sachant improvisé rapidement et faire preuve de beaucoup d’humour.
Réunis en milieu rural, les trois hommes ont, entre autres, parlé de santé physique et mentale, Pierre-Antoine Auger estimant importante la prévention, tout en reconnaissant qu’avec le travail et la famille, il n’a pas autant de temps souhaité pour prendre soin de lui.
Jean Marcotte a avoué, pour sa part, ne pas avoir vraiment pris soin de sa santé au fil du temps, mais la situation a changé depuis qu’il est retraité. Il s’adonne à la marche quatre fois par semaine.
« L’important n’est pas tant la quantité. Le temps qu’on prend pour soi doit être du temps de qualité », a souligné Marc-André Gosselin.
Parler du travail à la maison a aussi été évoqué par les trois personnalités. « Amener du travail à la maison signifie amener des problèmes auxquels tu ne cesses de penser. À ce moment, tu n’écoutes plus tes proches », a signalé Jean Marcotte.
Marc-André Gosselin a poursuivi dans la même veine. « Tu es absent quand tu ramènes des problèmes. Moi, je ne parlais jamais du travail chez moi et ma conjointe me reprochait de ne jamais rien savoir de ce qui se passait avec l’entreprise. »
Difficile pour Pierre-Antoine Auger de ne pas discuter boulot à la maison puisqu’il est copropriétaire de la pharmacie avec sa conjointe. « On s’était dit qu’on n’en parlerait pas. Ç’a duré deux semaines. »
La place des femmes dans les entreprises et la relève ont également été soulevées. Personne n’est irremplaçable, a-t-on fait savoir.
« Pour un entrepreneur qui lance une entreprise, a expliqué Marc-André Gosselin, son but est de la rendre autonome et qu’on n’ait plus besoin de lui par la suite. »
L’animateur Pierre-Luc Houde a aussi amené sur le tapis la question de la richesse. « Qui est le plus riche? »
Pierre-Antoine Auger a fait savoir qu’il n’est pas gêné de faire preuve de transparence.
Jean Marcotte a fait valoir l’importance pour un entrepreneur de réaliser des profits s’il veut les réinvestir et faire croître davantage son entreprise. « C’est la clé », a-t-il soutenu.
« Derrière l’apparence, la BMW dans la cour, le gros chalet, il y a beaucoup de travail derrière », a confié Marc-André Gosselin.
Les trois hommes ont témoigné de certains sacrifices quand on est en affaires, comme le fait d’être moins présent pour la famille, pour les enfants.
Chacun d’eux, par ailleurs, a pu entendre le témoignage d’un de leurs proches.
Sur scène
Premier à fouler la scène, le comptable retraité Jean Marcotte, un petit gars originaire de Laurierville, a promis que les gens allaient découvrir des choses. « Je vais jouer au théâtre, six représentations en mai », a confié celui qui a rêvé de faire du théâtre, mais il a opté pour une carrière, disons plus sécurisante.
À deux occasions, a-t-il noté, il a songé à quitter le Groupe RDL, le neuvième plus important bureau de comptables au Québec, selon lui, dont une fois pour la politique. Il est venu bien près de devenir candidat du Parti québécois. Mais on lui a notamment fait voir les désavantages de la politique, si bien qu’il n’a pas fait le saut.
« Je ne regrette rien, je ne regrette aucune étape de la vie, a-t-il dit. Tout va bien et je suis content de la relève chez RDL. »
Parlant de sa profession, Jean Marcotte reconnaît que jadis les comptables étaient considérés comme « un mal nécessaire ». Mais en 40 ans, il a vécu l’évolution du métier. « Dans le temps, il n’y avait pas beaucoup de respect pour les comptables. Mais les temps ont changé. Le comptable est passé d’un mal nécessaire à un conseiller de première ligne pour notamment acheter une entreprise, préparer une relève d’entreprise, faire la vente ou établir un financement. Cela a fait en sorte que c’est devenu un emploi attrayant, car on obtient beaucoup de reconnaissances de nos clients », a-t-il fait valoir.
Au tour ensuite de Pierre-Antoine Auger, un homme fier de ses racines victoriavilloises, de se soumettre à l’interrogatoire de l’animateur.
Sa conjointe Émilie, dans un témoignage audio, a salué une de ses grandes qualités : « Il va toujours penser à son équipe. Il se battra pour son équipe. »
« C’est facile, a-t-il noté, de protéger les gens qu’on aime. J’aime mieux prendre les coups que les laisser aux autres. »
De son côté, invité à élaborer sur le développement des franchises à la Fromagerie Victoria, Marc-André Gosselin a donné le crédit à son partenaire Nicolas qui a soumis l’idée.
« On avait des projets différents. Nous avions ouvert une usine à Saint-Nicolas et on avait regardé pour acheter Ashton à Québec et d’autres restaurants », a-t-il révélé. « Les franchises auront été une des plus belles idées », a-t-il ajouté.
Le succès, l’homme d’affaires l’attribue aussi au travail d’équipe. « Il y a une grosse gang derrière. Beaucoup de gens travaillent super fort dans l’ombre. Ils partagent ce succès. En fait, le travail qu’on a bien fait, c’est d’avoir été capable de dire oui à des talents un peu partout et d’être en mesure de les garder ensemble. »
Réunion sur scène
Les trois personnalités, pour terminer la présentation, ont rejoint l’animateur sur scène pour la poursuite des discussions.
« Perdre des employés, c’est ce qui est le plus difficile. Ça fait mal. Je le prenais personnel », a avoué Jean Marcotte qui invite les jeunes, avant de quitter un emploi, à s’assurer qu’ils sont réellement rendus au bout de toutes leurs ressources.
« Qu’aimeriez-vous laisser à vos enfants? », leur a demandé Pierre-Luc Houde.
« Des valeurs qui leur permettent de choisir une carrière dans laquelle ils auront autant de plaisir que j’en ai, a confié Marc-André Gosselin. Qu’ils trouvent une place pour se réaliser et où ils seront bien entourés, peu importe le domaine. »
« La valeur de collégialité, d’humilité, a répondu Pierre-Antoine Auger. Faire en sorte qu’il n’y ait pas de hiérarchie, pas de piédestal. »
Jean Marcotte caresse un grand rêve. « Mon fils Anthony est à la porte de décrire les matchs du Canadien à la télé ou à la radio. Je rêve de l’accompagner à un de ces matchs. C’est mon plus grand rêve. »
L’animateur, à la fin, a tenu à remercier ses trois invités. « Vous êtes vraiment des beaux modèles dans des sphères différentes, merci beaucoup de nous avoir ouvert votre cœur avec humilité et honnêteté, a formulé Pierre-Luc Houde. Ç’a vraiment été inspirant et je pense qu’on s’est tous reconnus dans ce que vous vivez et aussi dans les rêves que vous représentez. Merci d’exister, merci de nous rendre fiers partout au Québec! »
Rapidement le coloré Jean Marcotte a repris la parole, s’adressant aux gens qui s’approchent de la retraite. « Je vais vous donner un petit truc. Soyez près de votre famille et de vos amis. Vous ne manquerez jamais de temps à la retraite, vous allez vous amuser. C’est ça la retraite, ça fait deux ans, et maudit que je suis bien! »