Le Cégep de Victo dénonce une situation « préoccupante et inquiétante »
L’imposition par le ministère de l’Enseignement supérieur d’un niveau d’investissement autorisé ne passe pas au Cégep de Victoriaville. Réunis lundi soir, les membres du conseil d’administration ont adopté une résolution pour dénoncer cette décision annoncée à la fin juillet alors que les conseils d’administration des cégeps avaient déjà adopté leur budget d’investissements 2024-2025.
Ainsi, la coupe dans le budget MAOB (matériel, appareillage, outillage et bibliothèque) représente un important manque à gagner pour le Cégep de Victoriaville.
Le niveau d’investissement déterminé impose au Cégep d’annuler ou de reporter de multiples projets immobiliers approuvés et jugés prioritaires par le conseil d’administration et totalisant quelque 2,4 M $, de même que l’acquisition d’équipements de l’ordre de 960 000 $.
« En techniques de travail social, avec les seuils d’autorisation qu’on a d’ailleurs déjà dépassés, on est déjà plafonné. Notre bibliothécaire ne peut acheter des collections pour notre nouveau programme d’études », a exemplifié le directeur général Denis Deschamps. De plus, le Cégep, a-t-il dit, ne sera pas en mesure de remplacer certains équipements qui deviendront non conformes, notamment des équipements sportifs.
Le DG a aussi évoqué des enjeux de santé et de sécurité. « Nous devrons bientôt remplacer un cylindre d’ascenseur au coût d’environ 70 000 $ ou 80 000 $. Mais, on n’a pas d’argent parce qu’on est déjà plafonné. On risque de se retrouver avec un ascenseur hors service parce qu’on ne sait comment aller chercher les sommes d’argent nécessaires pour gérer les imprévus et tous les dangers de santé et sécurité au travail qu’on peut vivre. On n’a plus accès à des fonds de prévoyance avec la nouvelle façon de faire », a déploré Denis Deschamps.
La situation, a-t-il exposé, est très « préoccupante et inquiétante ». « Comme haute direction de collège, on est surtout préoccupé par le fait que nos étudiants seront à court de certains équipements. Et il faut assurer leur sécurité. Est-ce qu’on sera en mesure de le faire en tout temps? Sera-t-on capable de parer à tous les imprévus? La pédagogie risque d’en souffrir, la qualité de l’enseignement également et pourtant, c’est notre mission au Cégep d’assurer une formation de qualité », a-t-il soutenu.
La direction du Cégep a dû imposer à ses équipes un gel et un moratoire pour l’ensemble de l’acquisition des équipements et la transformation et réfection des Infrastructures.
Denis Deschamps n’a jamais vécu pareille situation. « Je suis dans le réseau collégial depuis 25 ans. Je n’ai jamais vu une situation aussi périlleuse nous arriver si rapidement dès le début d’une année scolaire », a-t-il commenté. Québec vient couper les enveloppes d’environ 50%, fait-il remarquer, alors que les niveaux d’investissement se situaient déjà « en deçà des besoins pour soutenir nos priorités ».
Le mise aux normes de tous les bâtiments du Cégep commanderait l’investissement de quelque 14 M $, a fait valoir le directeur général. « Au Québec, a indiqué la Vérificatrice générale, le parc immobilier des collèges figure parmi les plus désuets de toutes les organisations publiques. On est déjà désuet et on nous demande de couper 50% de nos enveloppes. C’est très préoccupant! »
Denis Deschamps pointe du doigt la façon de faire du gouvernement avec sa décision complètement inattendue, a-t-il noté. « On peut comprendre que le budget du Québec est largement déficitaire. Cela dit, on questionne la manière dont on nous demande de faire des économies. Nous sommes en cours d’année financière avec des dépenses engagées. »
Si Québec a un plan, le réseau collégial aimerait en faire partie. « On voudrait pouvoir présenter des pistes de solution au gouvernement, faire en sorte que ça se fasse de façon la plus facilitante possible dans le temps pour qu’il n’y ait pas une coupure drastique cette année alors qu’on a déjà des obligations. Et je le rappelle, dans certains cas, on aura des choix de santé et sécurité pour nos employés, nos élèves et la qualité de la formation », a-t-il souligné.
Le Cégep de Victoriaville, dans sa résolution, invite le gouvernement à renoncer à cette mesure incompatible avec les réalités des établissements collégiaux. Une mesure qui, signale-t-on, met en péril la réalisation de la mission d’enseignement, empêche le respect des obligations légales et réglementaires en matière de santé et sécurité au travail en plus d’empêcher les directions des cégeps de réagir de façon diligente en cas d’urgences et d’imprévus.
Le conseil d’administration invite le gouvernement à mettre en œuvre des règles budgétaires permettant aux cégeps de réaliser adéquatement leur mission.
La résolution sera acheminée à la ministre de l’Enseignement supérieur, au ministre de la Santé et des Services sociaux, au ministre responsable de la région Centre-du-Québec, au ministre du Travail, à la présidente du Conseil du trésor et au député d’Arthabaska, Eric Lefebvre.