L’aéroport partie prenante du développement économique
Infrastructure stratégique importante pour les industriels et les entrepreneurs de la région, l’aéroport régional André-Fortin de Victoriaville est appelé à se développer dans les prochaines années. Les intervenants préparent un plan de développement. Et la mise en chantier d’un nouveau hangar multifonctionnel en constitue, en quelque sorte, la première étape.
Le bâtiment, que construit la firme Habitations Abriart de Warwick, aura une superficie de 3000 pieds carrés (60 par 50). « Il abritera des équipements d’entretien de l’aéroport qu’on retrouve actuellement dans un hangar tout près du terminal », explique le gérant de l’aéroport, Marc Bélanger, un mécanicien en aviation et militaire de carrière. L’aéroport disposera d’un plus grand espace pour y placer ses équipements et pourra même acquérir certains équipements de déneigement plus performants pour assurer de bonnes conditions de piste en saison hivernale. La nouvelle construction améliorera l’efficacité du travail, permettant de réunir en un même endroit les employés qui se retrouvent actuellement dans différents lieux.
La construction nécessite un investissement de quelque 600 000 $ financé par des subventions dans une proportion d’environ 50%. Le nouveau bâtiment alimentera en électricité les nouveaux hangars. Il disposera aussi d’un bloc sanitaire permettant aux usagers à proximité d’en bénéficier plutôt que de devoir se rendre jusqu’au terminal. Point important aussi, relève Marc Bélanger, c’est que le nouveau hangar permettra de libérer des espaces locatifs, là où l’aéroport range ses équipements. « Cela générera des revenus plus lucratifs en raison de sa proximité du terminal et de l’accès direct à la piste », précise-t-il. L’espace, qui sera éventuellement libéré, a la capacité de loger trois appareils. L’aéroport n’éprouvera aucune difficulté à trouver des locataires. « Il y a une demande. On m’a déjà contacté. On a des clients potentiels », assure le gérant.
Plan de développement
L’aéroport régional André-Fortin a un rôle économique important à jouer, considérant la situation géographique de Victoriaville qui ne profite d’aucun accès direct à une autoroute ni d’un port ou d’une liaison ferroviaire. « Les gens n’ont pas toujours conscience de l’importance de l’aéroport. Les citoyens y voient souvent une dépense plutôt que le caractère stratégique que représente un aéroport pour une ville comme Victoriaville. Des entreprises importantes comme Cascades, Construction Pépin Fortin et Victoriaville & Co, par exemple, en profitent. L’infrastructure est vitale au développement économique de la région », fait valoir le directeur général de la Corporation de développement économique de Victoriaville et sa région (CDEVR), Frédérick Boisvert.
C’est pourquoi des démarches sont en cours pour élaborer un plan directeur de développement. « Nous travaillons avec un expert. Nous en arriverons à identifier les grandes lignes du futur développement de l’aéroport pour savoir vers où on doit aller en termes de niche pour attirer à la fois de nouveaux occupants et potentiellement développer des terrains adjacents à l’aéroport. Ce qu’on veut, c’est augmenter l’activité économique à l’aéroport et créer des revenus supplémentaires qui à la fin bénéficieront à toute la communauté », souligne M. Boisvert. Les intervenants planchent donc à identifier « des trucs peut-être très nichés » permettant d’étudier les tendances futures et de travailler en amont. « Car le monde de l’aviation est en pleine transformation. Cela s’accompagne d’opportunités économiques qu’on doit saisir », fait remarquer le directeur général de la CDEVR.
Ce plan, pense-t-on, pourrait être terminé d’ici la fin de l’année. Par ailleurs, des discussions sont en cours pour l’obtention du statut CANPASS en lien avec le dédouanement. « C’est la capacité pour les avions, lorsqu’ils arrivent de l’international, de ne pas avoir à se dédouaner à Saint-Hubert ou Montréal. Des équipes de l’Agence des services frontaliers pourraient sur place à Victoriaville procéder au dédouanement. Cela permettrait une formidable économie de temps pour les industriels et des revenus supplémentaires pour l’aéroport liés au plein d’essence des avions », observe Frédérick Boisvert. Victo a déjà possédé ce statut CANPASS au début des années 2000, statut qui lui avait été retiré à la suite des attaques terroristes du 11 septembre 2001.
Des représentations fédérales ont donc été entreprises, notamment avec le bureau du ministre Dominic Leblanc de la Sécurité publique et avec l’Agence des services frontaliers. « Les discussions sont entamées. Il n’y a aucune garantie à savoir où cela va nous mener, mais je crois que nous avons un dossier très solide. Et si on se compare avec des villes similaires où l’activité aéroportuaire est moindre, comme Drummondville, on a toutes les raisons de croire que Victo peut obtenir ce statut qui nous permettrait de ratisser beaucoup plus large en termes de potentiel de clientèle. »
Une infrastructure adéquate
L’aéroport régional André-Fortin, où l’on retrouve 40 avions et 5 hélicoptères, dispose d’une piste longue de 5500 pieds avec une largeur de 75 pieds. On l’avait prolongée de 1500 pieds en 2017 au coût 4,4 M $. Le fédéral y avait contribué pour près de 2,2 M $. Depuis ce prolongement, la piste peut recevoir de plus gros appareils. « Une telle piste est adéquate. On est « en business », même pour les besoins futurs. Ça nous prenait ça, c’est facilitant », observe Marc Bélanger qui insiste aussi sur l’aspect de la sécurité. L’ajout d’une station météorologique automatisée et de certains instruments a permis des avancées. L’aéroport abrite aussi la compagnie Aéroprestige qui propose un service de maintenance, non seulement pour une clientèle locale, mais aussi extérieure. L’aéroport régional André-Fortin emploie près d’une dizaine de personnes, dont deux à temps plein. Un développement éventuel pourrait se traduire par une création d’emplois.
Le déploiement de la filière batterie dans le secteur de Bécancour pourrait mener à un accroissement de l’achalandage à l’aéroport de Victo. « Plusieurs vont sans doute privilégier Trois-Rivières, mais il y a quand même une limite. C’est donc possible éventuellement que cela amène un achalandage accru chez nous », exprime Marc Bélanger. Annuellement, l’aéroport régional André-Fortin enregistre quelque 8000 mouvements (décollages et atterrissages), ce qui signifie 4000 vols. Un nombre appelé à augmenter avec le développement anticipé. « Ce n’est donc pas gênant quand on se compare avec des villes comparables », estime M. Bélanger. Bref, les affaires vont bien à l’aéroport qui compte aussi dans ses murs une école de parachute, de même qu’une nouvelle école de pilotage. « Cette école va très bien, même au-delà des espérances du propriétaire. En raison de la demande, un deuxième appareil pourrait même s’ajouter l’an prochain. Donc, il y a l’aspect très important du développement économique, mais on ne doit pas oublier le côté loisirs pour la population. Ça lui appartient aussi », observe le gérant qui a récemment participé, à Sherbrooke, au colloque du réseau québécois des aéroports.
L’événement a permis des échanges sur différents sujets, du financement aux défis de maintenance en passant par le développement économique, la difficulté du recrutement de la main-d’œuvre, la nuisance par le bruit et l’acceptabilité sociale. « Le secret là-dedans demeure la communication et la transparence. Il faut bien informer les gens, mais aussi redonner à la communauté et permettre aux gens de s’approprier l’aéroport qui existe pour tout le monde, pas seulement pour l’industrie », conclut Marc Bélanger.