La sablière et l’habitation monopolisent la période de questions
La protection de la sablière d’Arthabaska et l’habitation ont accaparé les 45 minutes consacrées à la période de questions de la séance de décembre du conseil municipal de Victoriaville.
Dans les réponses du maire Antoine Tardif aux questions des citoyens ressortent certains projets qui pourraient éventuellement voir le jour.
Le premier magistrat a fait mention du démarchage qui se fait auprès des propriétaires des deux centres commerciaux. « On a un projet en travail pour le Centre de Victoriaville, en face du Cégep. Ce propriétaire a, dans ses cartons, un projet de construire de l’habitation. Le site est propice à des bâtiments en hauteur », a-t-il indiqué.
À la question de la citoyenne Silvie Lemelin sur la possibilité de protéger l’ensemble de la sablière d’Arthabaska et d’y aménager un parc nature, le maire Tardif a fait savoir, concernant les parcs nature, qu’un mandat a été donné bien avant que le dossier de la sablière devienne d’actualité. « On a un projet de connecter nos grands parcs, en partant du mont Arthabaska jusqu’au parc Terre-des-Jeunes, souhaite-t-on. L’aboutissement de l’étude pourrait survenir quelque part en début d’année. On a bien hâte d’en prendre connaissance parce qu’il s’agit là d’un corridor de milieux naturels importants qui inclurait, si on est en mesure de l’obtenir, une partie de la sablière », a-t-il souligné.
Étude d’impact?
Audrey Caron, une des opposantes au projet de la sablière, a voulu savoir, puisque la Ville n’a commandé aucune étude pour évaluer l’impact du projet, s’il était possible que la Ville consulte des experts de la biodiversité pour mesurer l’impact d’une construction de 300 logements. « Pouvez-vous faire ces démarches sérieuses avec des experts indépendants et compétents? », a-t-elle demandé.
À cela, le maire Antoine Tardif a fait valoir les responsabilités de chacun. « À la Ville, nous avons nos professionnels en ingénierie, en infrastructures, en travaux publics et en gestion de l’eau, tandis que les spécialistes en environnement relèvent du ministère de l’Environnement. Si on devait, à chaque projet, engager nos propres spécialistes pour mener les expertises, ça n’en finirait plus. On a chacun nos champs de compétence. En ce qui nous concerne, a-t-il expliqué, on évalue les informations que nous avons et ensuite on fait confiance au ministère de l’Environnement qui effectue sa part du travail. S’il y a des modifications à apporter ou des réajustements dans la mise en œuvre du projet, ils seront faits. Le promoteur devra s’y conformer sans quoi il n’obtiendra pas son autorisation de construire. »
Des visiteurs
Le maire de Victoriaville a fait part, par ailleurs, de la visite de représentants de l’organisme de protection Canards Illimités Canada sur le site de la sablière. « Ils y ont vu un potentiel de remise en valeur de ce secteur, a confié Antoine Tardif. Il y a des choses qui peuvent être faites pour améliorer la protection de l’environnement dans toute cette bande, sans compter la présence d’espèces envahissantes qui ne sont pas traitées. Nous aurons un plan pour le faire. Si on en devient propriétaire, on sera en mesure de mieux protéger cette partie de terrain, de la remettre en valeur avec les experts avec lesquels on sera en mesure de travailler. »
Contrairement au désir de certains citoyens de voir la Ville acquérir l’ensemble du terrain de la sablière, le maire de Victoriaville a rejeté l’idée. « Le propriétaire ne veut pas le vendre. La seule option qu’il nous reste, c’est de conclure un partenariat, de couper la poire en deux qui vient nous permettre d’atteindre nos objectifs de protection et de mise en valeur tout en permettant au promoteur de construire et de répondre aux besoins de logements. »
Antoine Tardif n’a pas manqué de rappeler que Victoriaville affiche un taux d’inoccupation de 0,5%. « Cela signifie qu’il n’y a pas beaucoup d’habitations disponibles pour les gens qui cherchent un endroit où habiter. Un phénomène qui se vit partout au Québec. Pour avoir un équilibre entre l’offre et la demande, on vise 3% et pour l’atteindre, il nous faudrait demain matin de 700 à 800 unités d’habitation supplémentaires. On se doit de permettre à des logements de voir le jour, parfois avec certains inconvénients sur les secteurs et les quartiers existants », a-t-il fait valoir.
Protection de la biodiversité
« La protection de la sablière et de son écosystème complet n’offre-t-elle pas une excellente occasion de se rapprocher, ici à Victoriaville, des objectifs fixés mondialement pour protéger 30% de la biodiversité? », a questionné le citoyen Gilles Labrosse.
Le maire Antoine Tardif a signalé qu’il avait lui-même participé, avec plusieurs organismes de protection et d’intervenants du milieu de l’environnement, aux consultations du gouvernement du Québec en lien avec l’objectif de protection de 30% du territoire.
Un constat s’en est dégagé, a-t-il noté. « Ce fameux 30% ne doit pas se faire à l’échelle des municipalités locales, mais plutôt sur l’ensemble du territoire québécois pour s’assurer ainsi d’avoir de meilleurs corridors de connectivité pour la faune et la flore », a souligné le maire, précisant qu’une protection de 30% était illusoire pour la région.
« On ne peut demander à Victoriaville, dont 60% du territoire est agricole, et même à la MRC d’Arthabaska avec 95% de territoire agricole, de protéger 30%. On ne réussira pas à protéger 30% du territoire. Ça n’arrivera jamais dans un territoire agricole comme le nôtre », a soutenu le premier magistrat.
« Il est d’autant plus important, a rétorqué Gilles Labrosse, de protéger les seuls milieux naturels qu’il nous reste. »
Des milieux protégés à Victoriaville, il y en a plusieurs et ils sont recensés sur le site Web de la Ville, a fait savoir Antoine Tardif en réponse à la citoyenne Julie Morin. « L’an passé, on a fait une annonce conjointe avec l’organisme Nature Avenir. On est venu justement donner à cet organisme des servitudes à perpétuité pour s’assurer que jamais un développement ne se fera dans ces milieux naturels. Il existe plein de lieux qu’on veut garder intacts. L’objectif est toujours de l’augmenter, a soutenu le maire Tardif. Notre façon de faire, c’est de travailler avec des propriétaires de terrains ayant une possible valeur environnementale pour qu’ils nous les cèdent et afin qu’on puisse ensuite les protéger par une alliance avec des organismes de protection. »
Après la période réglementaire de 45 minutes, la séance a été levée, même si certains citoyens attendaient leur tour pour s’amener au micro.