La Journée mondiale de la justice sociale soulignée à Victo
Ils étaient une soixantaine à souligner, mardi midi à la Vélogare de Victoriaville, la Journée mondiale de la justice sociale profitant de l’occasion pour décrier la situation précaire dans laquelle de plus en plus de gens se retrouvent.
C’est à l’invitation de la Coalition des forces sociales MCQ que l’événement, où on offrait une soupe populaire, s’est tenu à l’extérieur malgré le froid. Plusieurs représentants d’organismes communautaires de la région, étant aux premières loges pour constater l’appauvrissement général de la population, ont voulu être présents afin de témoigner de l’importance d’une solidarité sociale accrue, de la défense collective des droits et de la lutte à la pauvreté, comme l’a indiqué François Duguay de l’AGEPA. « Si on est ici, c’est qu’on voit que la crise s’accentue », a-t-il mentionné en faisant référence au fait que plusieurs personnes, qui ont des emplois, se voient obligées de faire appel aux banques alimentaires ou aux services communautaires afin de joindre les deux bouts.
Marie-Ève Desnoyers, de l’ACEF Bois-Francs, a à son tour pris la parole pour insister sur le fait qu’il était pressant d’agir. « Parce que chaque semaine, nous rencontrons des personnes qui ont de la difficulté à arriver financièrement et, pour certains d’entre eux, ils doivent faire des choix déchirants, soit décider quels besoins essentiels ils vont sacrifier entre le loyer, l’électricité, la nourriture, les soins de santé… » Elle croit en une meilleure distribution de la richesse et estime que pour ce faire, le gouvernement doit mettre en place un revenu de base garanti et augmenter le nombre de paliers d’imposition afin que tous paient leur juste part. « Nous croyons que cela est réalisable si nous sommes tous solidaires », a-t-elle terminé.
Même chose du côté du Support de Victoriaville où, comme l’a souligné la directrice Marie-Pierre Patry, on remarque un changement du côté de la clientèle. « Cette année, on a vu à quel point le changement se fait drastiquement du côté économique et social dans notre région », souligne-t-elle en faisant référence à des gens qui s’effondrent à la caisse parce qu’ils ont de la difficulté à payer, malgré les prix modiques demandés. « Ça n’arrivait pas avant », ajoute-t-elle. Au Support, on voit aussi, comme elle a fait savoir, des travailleurs qui commencent à fréquenter le lieu pour les achats de vêtements ou autres biens de première nécessité. « Je veux aujourd’hui lancer un cri de solidarité et de bienveillance sociale », a-t-elle insisté.
Sébastien Perreault, de Répit Jeunesse, fait le même constat, étant travailleur de rue et voyant directement sur le terrain l’augmentation des situations de pauvreté et de précarité chez les jeunes, entre autres. « L’itinérance augmente à une vitesse folle au cours des dernières années. Elle est aussi de plus en plus visible à Victoriaville et en région, ce qui semble surprendre certains citoyens », a-t-il dit. Bien sûr, il y a plein d’initiatives qui existent, comme il a précisé, mais il craint toutefois qu’elles n’augmentent pas au même rythme que les besoins. Et pour bien expliquer la situation, il a ajouté que Répit Jeunesse, depuis avril 2023, avait distribué 41 tentes à des gens en situation d’itinérance qui ne sont pas dans des ressources d’hébergement, souvent par manque de place. « On est tous à un cheveu de se retrouver dans la même situation », avertit-il.
Du côté de la Maison Raymond-Roy, Cindy Kirouac et Kim Perreault ont fait savoir que la ressource de neuf chambres destinées à des jeunes en difficulté ou sans-abris de 18 à 29 ans, fait aussi face à des besoins de plus en plus grands avec un taux d’occupation de 89% qui est allé jusqu’à 99% en décembre dernier. Cela fait en sorte que malgré l’unité de débordement, de plus en plus de demandes sont refusées. « Et les séjours sont de plus en plus longs. Ils arrivent dans des conditions précaires et repartent parfois dans des conditions aussi précaires, se retrouvant dans des chambres trop chères ou retournent sur le divan d’un ami. Avant, ils s’installaient en appartement », sensibilise Cindy.
En plus des défis reliés au logement, l’augmentation de la facture d’épicerie complique la tâche pour cette clientèle qui vise une vie autonome. « Il est difficile de faire les courses de manière saine et abordable », ajoute Kim. Cela malgré le fait qu’en passant par l’organisme, les jeunes auront développé des stratégies budgétaires et des habitudes alimentaires saines et peu coûteuses. « Malgré tous nos efforts, plusieurs anciens résidents, une fois installés dans leur domicile, ont du mal à maintenir leur budget avec toutes leurs autres dépenses. Même en ayant recours aux organismes d’aide alimentaire, cela ne suffit souvent pas », dit-elle encore.
Maryse Després, stagiaire au Restaurant populaire, a aussi de son côté fait savoir que le visage des utilisateurs de l’organisme changeait et que leur nombre augmentait. « Je ne sais pas où on s’en va avec ça, mais l’abbé Raymond Roy doit se retourner dans sa tombe parce qu’en 1983, il voulait que le Restaurant populaire soit ouvert comme une mesure temporaire. Et aujourd’hui, on est encore plus dans le besoin », a-t-elle déploré.
Le syndicat CSN Cœur-du-Québec, représentant 130 syndicats et 20 000 travailleurs, était aussi sur place par l’entremise du Pascal Bastarache. Ce dernier a indiqué que le fossé se creusait de plus en plus entre les plus riches et une majorité de la population qui a de la difficulté à arriver. « Une chance qu’on a l’ensemble des groupes communautaires pour aider », a-t-il conclu.