La formation continue, à la croisée des chemins

La formation continue fait face à des enjeux et défis importants avec l’annonce de la baisse du financement dans ce secteur, a fait valoir la directrice du Service de la formation continue au Cégep de Victoriaville, Sylvie Norris, aux membres du conseil d’administration de l’établissement réunis, lundi soir, pour leur première séance en 2025.

Les diminutions d’un million de dollars cette année, de 1,5 M $ en 2025-2026 et de 9 M $ en 2026-2027 à travers le Québec conduiront à des choix déchirants.

« Dès l’an prochain, nous aurons à faire de sérieux choix. Même cette année, on peut penser qu’un million à travers le Québec, ce n’est pas tant que ça, mais c’est suffisant pour nous toucher », a fait savoir Mme Norris, soulignant que son programme unique « Mobilisation et développement des communautés locales », n’a pu prendre son envol cette année, faute de financement. Une première depuis sa création il y a environ huit ans. « Tout comme le programme de bureautique que nous n’avons pu démarrer. En ce moment, nous avons 90 étudiants sur la liste d’attente, nous avons les enseignants, les locaux, mais on ne peut le démarrer parce que je n’ai pas le financement », a déploré la directrice.

La situation mènera donc à une profonde réflexion. « L’an prochain, je devrai me questionner si je développe des programmes pour la filière batterie. Je devrai me questionner à savoir ce que je démarre ou pas. J’en serai à me questionner si je lance l’agriculture, car l’année suivante je ne serais probablement pas capable de le maintenir. On ne veut évidemment pas arrêter une formation en cours de route », a-t-elle fait remarquer.

Sylvie Norris se désole de voir la carte de programmes diminuer de façon considérable dès l’an prochain si l’annonce de la coupure de 9 M $ demeure. « Pourtant, on est en développement en formation continue. On avait augmenté le nombre de programmes, on a des défis intéressants au niveau de la filière batterie, on a d’ailleurs créé des programmes comme celui de chimie analytique. Et ce sont tous des besoins dans la région. On est dans une situation un peu délicate », a-t-elle observé.

Avec un taux de scolarité pas très élevé dans la région, la formation continue, a-t-elle souligné, devient ainsi un outil important dans la relève économique. « On en sera à la croisée des chemins l’an prochain », a lancé la directrice du Service de la formation continue qui fonde quand même un peu d’espoir sur l’action de la Fédération des Cégeps qui a déposé un mémoire tentant de convaincre le gouvernement de ne pas trop couper dans la formation continue. « On ne désespère pas », a-t-elle dit.

Le directeur général Denis Deschamps s’est lui aussi dit préoccupé, d’autant que, selon une étude de Statistiques Canada sur les impacts des nouveaux tarifs douaniers possibles imposés par les États-Unis, le Centre-du-Québec est la deuxième région au Canada ayant le plus fort pourcentage d’emplois liés aux exportations vers notre voisin du sud.

« Quand on associe cela à la situation de la formation continue, la diminution des enveloppes pour soutenir la formation continue et une clientèle bien souvent adulte venue chercher une formation d’appoint, soit pour se spécialiser ou se former dans un autre domaine, c’est d’autant plus inquiétant », a-t-il commenté.

« Ça m’inquiète, a repris Sylvie Norris, de voir la carte de programmes réduite dans une dynamique où l’on se trouve dans une région où l’on peut être très touchée par des situations de chômage. Ce qu’on offre à la population comme formation, comme moyen de se requalifier, de se réinsérer sur le marché du travail, cela devient très inquiétant. »