FIMAV 40 : une édition de transition
Il aurait été utopique d’espérer autant de spectateurs que l’an dernier au 40e Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV) qui a eu lieu au cours de la dernière fin de semaine. La participation aux différents concerts a ainsi diminué cette année et plusieurs raisons expliquent cette situation, comme l’a souligné le nouveau directeur général et artistique, Scott Thomson, lors du bilan de l’événement dimanche soir.
Ce n’est certainement pas parce que la programmation n’était pas à la hauteur comme plusieurs festivaliers l’ont remarqué. En effet, M. Thomson a indiqué lui-même qu’il était très satisfait de la qualité des concerts présentés, tout comme celle du parcours des installations sonores. « Évidemment qu’il y a eu moins d’assistance que l’an dernier alors que John Zorn avait attiré les spectateurs », a-t-il mentionné.
La retraite du fondateur, Michel Levasseur, a aussi sûrement joué sur la diminution du nombre de festivaliers présents, comme il l’a fait savoir. Il y avait aussi cette possibilité que la 39e édition soit la dernière qui planait sur l’événement et qui a peut-être encouragé des gens à venir y participer en grand nombre en 2023. « Peut-être aussi que les gens ne me connaissent pas et n’étaient pas prêts à voir une nouvelle direction, une attitude que je peux comprendre », présume-t-il.
Scott Thomson, qui a pris les rênes de l’événement en octobre dernier, a de plus avancé que d’ici trois éditions, comme son expérience lui indique (il a déjà vécu dans un autre événement le même genre transition), les chiffres et les festivaliers devraient être de retour. « Si ma programmation est bonne », ajoute-t-il. Selon lui, il s’agit davantage d’un marathon que d’un sprint qu’il doit effectuer afin d’assurer une transition efficace. Il devra mieux se faire connaître, en apprendre davantage sur le marché et s’ajuster selon les objectifs, dans cet événement de niche. Il indique que le Festival a offert plusieurs grands moments musicaux et des coups de cœur. « Chaque expérience était différente, inspirante, provocante. »
Ainsi, puisqu’il faut parler de chiffres, ce sont 3080 billets qui ont trouvé preneurs pour les 19 spectacles et les 2 programmes de cinéma cette année alors qu’on en comptabilisait 4250 en 2023. Cela constitue une diminution mais représente sensiblement la même affluence qu’en 2022 alors que 3000 entrées avaient été enregistrées. Scott Thomson est satisfait des propositions artistiques qu’il a faites cette année et plusieurs commentaires qu’on lui a faits vont dans le même sens. « Mais les chiffres ne sont pas là », reconnaît-il.
Sans surprise, c’est le spectacle d’ouverture, Basileus, qui a accueilli le plus de spectateurs. Signé Pascal Germain-Berardi, il s’agissait d’un concert qui, comme l’a souligné Scott Thomson, a servi de pont entre la programmation avant lui et la sienne. Le parterre de la salle Les-Frères-Lemaire du Carré 150 était quasiment rempli, tout comme la scène qui accueillait pour l’occasion l’ensemble Forestare (guitares et contrebasse), Sixtrum (percussions), la Growlers Choir (chœur de hurleurs métal) et l’ensemble Horizon (cuivres). Ce sont ainsi plus de 50 personnes qui ont formé un grand orchestre pour ce lancement imposant.
Il s’agissait d’un ambitieux oratorio en quatre actes racontant une histoire familiale se déroulant dans une époque violente et assortie d’un impressionnant livret. Un beau mélange entre l’opéra, le métal et les différents ensembles qui, au final, se sont amalgamés en un grand tout cohérent. Les spectateurs en ont eu plein les yeux et les oreilles, plusieurs appréciant particulièrement la prestation des hurleurs métal et l’intense couleur qu’ils ont apportée.
Installations sonores
Du côté du parcours des installations sonores qui en étaient à leur 14e présence, le commissaire Érick d’Orion a fait savoir que l’achalandage était semblable à l’an dernier (un record de 15 000 visiteurs), en considérant le fait qu’il y avait cette année 9 installations plutôt que les 10 de 2023. « Nous avons accueilli entre 40 et 50 groupes scolaires et communautaires », a-t-il précisé en ajoutant que si habituellement les visites avaient lieu du lundi au jeudi, cette année, elles se sont étendues au vendredi et même au samedi. « J’insiste aussi sur la qualité des bénévoles en place et la participation des artistes qui a été appréciée du public », a-t-il soulevé. Il semble qu’au fil du temps, les installations sonores sont devenues un incontournable dans l’environnement de la place Sainte-Victoire et sont de plus en plus appréciées. « Il y a une cohabitation, une acceptation », a-t-il validé.