Feu vert au projet de la sablière

Le conseil municipal de Victoriaville donne son aval au projet Le Havre du Sacré-Cœur, un projet de 300 unités d’habitation de tous types sur le site de l’ancienne sablière d’Arthabaska. Le maire Antoine Tardif en a fait l’annonce, lundi soir, lors de la toute première séance du conseil de l’année 2025. Une séance qui, cependant, a pris fin brusquement.

La décision des élus n’a pas plu aux opposants qui peuplaient la salle et qui l’ont dénoncée en entonnant une chansonnette. Le premier magistrat n’a pas apprécié. « En ce moment, c’est triste à dire, mais des collègues, des maires, mairesses et élus, un peu partout, décident qu’ils n’ont plus le goût de servir parce qu’il y a des groupes, comme le vôtre, qui viennent au conseil. Pourtant, nous sommes respectueux des processus, on vous écoute, on vous ouvre la porte, on entend chacune de vos questions depuis maintenant plus de huit mois. Et on a le droit à des chansons », a-t-il déploré. 

Le maire Tardif, quand il a prononcé ses vœux du Nouvel An le 1er janvier, a-t-il rappelé, a décidé qu’il allait continuer, avec le conseil municipal, à travailler constructivement, à faire avancer la ville avec l’information disponible et les conseils des différentes équipes.

« Nous, on prend notre rôle au sérieux, a plaidé le maire. On a le droit d’avoir des opinions divergentes. Je ne dis pas que c’est malsain, mais certaines techniques que vous utilisez n’ont pas leur place et je vous rappelle à l’ordre et au calme. Tout le monde, ici, est de bonne foi dans un dossier qui n’est facile, j’en conviens, mais qui mérite le respect. » 

À la période de questions, le citoyen Gaëtan St-Arnaud, dénonçant le projet, a soutenu qu’il ne faisait qu’un seul gagnant, le promoteur. « C’est votre opinion, a répondu le maire. Les gens qui habiteront le secteur en seront très heureux. »

Silvie Lemelin, pour sa part, a estimé qu’il s’agit « d’un projet capitaliste, très peu vert qui favorise les intérêts économiques du promoteur et très peu les intérêts écologiques ».

Le maire Tardif s’est désolé de voir les opposants remettre en question les études faites par des biologistes, mais dont les coûts sont assumés par le promoteur.

« Et quand vous mentionnez que tout ce qu’on fait, ce n’est que des concepts d’écoblanchiment et de beaux slogans, ça m’affecte parce qu’on n’a pas à être déçu quand on regarde la feuille de route de Victoriaville depuis trois ans et beaucoup plus encore », a-t-il fait valoir, tout en rappelant notamment que Victoriaville a été la première ville à se doter d’un conseiller scientifique, à mettre en place un bureau du développement durable et à prévoir dans le compte de taxes des citoyens une redevance pour la canopée.

« Ça devient un peu désolant, a poursuivi le maire de Victoriaville, de vous voir venir ici chaque mois pour cracher sur le travail de la Ville, de ses employés et sur les études sur lesquelles on se base pour prendre nos décisions. »

C’est alors qu’une vingtaine de minutes après le début de la période de questions, Antoine Tardif a décidé d’y mettre un terme. « Ce soir, j’en ai déjà assez entendu dans vos commentaires, dans votre chanson et dans vos non-questions quand vous venez au micro parce que ça prend trois minutes juste pour faire état de votre état d’âme », a-t-il souligné.

Le maire a invité les opposants « à mettre un peu d’eau dans leur vin et à réfléchir de quelle façon vous pourriez contribuer à développer Victo de façon durable comme on souhaite le faire ».

« Je joue mon rôle de citoyenne », a lancé Silvie Lemelin.

« Le rôle de citoyen peut se faire en désaccord, a rétorqué le maire, je n’ai aucun problème avec ça. Je n’ai aucun problème avec toutes vos interventions depuis le début, mais ce soir, vous avez décidé de ridiculiser le conseil. Et ça, ça ne passe pas. Vous avez planifié votre coup, c’est bien correct, mais nous ne sommes pas obligés de jouer dans votre jeu. Et en terminant, je vous invite sérieusement à réfléchir à la façon dont vous pouvez être des partenaires, des contributeurs positifs au développement de Victoriaville. Pour ce soir, j’en ai assez entendu. Je n’ai pas le goût de poursuivre. »

La séance a ainsi été levée.

« Belle démocratie, bravo! », a-t-on pu entendre alors avec quelques applaudissements.

Autres étapes

L’autorisation municipale permet d’entamer la modification réglementaire pour permettre le projet de voir le jour. 

Toutefois, a expliqué le maire, le promoteur devra respecter certaines conditions et contraintes en lien avec l’urbanisme et l’environnement.

De plus, le projet du promoteur devra être accepté par le ministère de l’Environnement.

Par ailleurs, une autre séance de consultation se tiendra le 27 janvier. « Une opportunité pour les citoyens intéressés à venir partager leur point de vue sur le projet et à tenter de l’améliorer, a fait savoir le maire Tardif. Et le conseil municipal, pour sa part, va statuer, de nouveau, sur le projet à sa séance de février. »