Des frais d’entretien au cimetière Saints-Martyrs

Plusieurs propriétaires de lots du cimetière Saints-Martyrs de Victoriaville (qui ont en fait acheté un droit de mise en terre ou la location d’un terrain et non une partie du lieu) ont récemment reçu une lettre les invitant à communiquer avec Cimetières des Bois-Francs afin d’acquitter une nouvelle tarification concernant l’entretien. 

Cela est fait dans le but d’assurer une uniformisation des façons de faire des trois cimetières, d’équité pour tous, de faire en sorte que le cimetière reste un endroit agréable à visiter et par la même occasion de procéder à une mise à jour des dossiers, comme l’explique la présidente et directrice générale de l’organisme gestionnaire, Nancy Bouffard.

Si plusieurs personnes comprennent facilement la nécessité d’instaurer ces frais fixes, qui sont depuis longtemps exigés dans les deux autres cimetières (Sainte-Victoire et Saint-Joseph) de Cimetières Bois-Francs, d’autres sont surpris d’avoir reçu la lettre, étant certains qu’avec le contrat relié au lot, toujours en vigueur, aucuns frais supplémentaires ne pouvaient s’ajouter. « La concession du lot et son entretien sont deux choses différentes », a précisé d’entrée de jeu Mme Bouffard.

Jusqu’en septembre dernier, les frais d’entretien (le conseil d’administration a adopté en mars la résolution de les imposer) au cimetière Saints-Martyrs étaient exigés seulement lors d’une inhumation et s’élevaient récemment à 150 $.  Ainsi, si un lot acquis en 1980 par exemple, pour une période de 99 ans, n’a pas été utilisé, aucuns frais d’entretien n’ont été payés pour ce dernier depuis, et ce, malgré le fait qu’il a fallu l’entretenir, ainsi que l’ensemble du cimetière. Il fallait donc arrimer équitablement la situation avec les deux autres lieux de sépulture et c’est ainsi qu’est arrivée la nouvelle tarification, comme a mentionné Mme Bouffard. Dans la même optique, pour uniformiser les procédures des trois adresses, les nouveaux contrats (ou renouvellements) reliés aux différents lots familiaux ont été fixés de 30 ans seulement, et incluront les frais d’entretien.

Donc, depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle politique, la direction du cimetière a commencé à envoyer des lettres pour les 1200 concessions de Saints-Martyrs, par intervalles, de façon à pouvoir rencontrer les gens ou répondre à leurs questions au téléphone au fur et à mesure. « Nous voulons leur expliquer la situation », ajoute Mme Bouffard. C’est aussi une occasion de mettre tous les registres à jour. À cet effet, justement, certaines lettres ont déjà été retournées à l’expéditeur, l’adresse n’étant plus valide. « On pense à faire le changement d’adresse pour Hydro-Québec, mais pas nécessairement pour le lot familial », a soulevé Mme Bouffard. C’est ainsi qu’afin de retrouver les gens concernés, les responsables du cimetière ont posé devant les monuments en question environ 175 affichettes jusqu’à maintenant, enjoignant la famille ou les amis à contacter l’organisme pour prendre arrangement.

La lettre en question précise que les frais sont instaurés seulement au cimetière Saints-Martyrs (étant déjà en vigueur dans les deux autres) et déterminés selon la superficie du lot et pour une période de 30 ans. Elle contient également une mise à jour du nombre de places (urnes et cercueils) qui peuvent encore s’ajouter. La direction demande ensuite une réponse dans les 90 jours suivant la réception de la lettre, indiquant soit l’acceptation des nouvelles conditions, l’abandon ou encore le legs du lot concerné. La missive se termine en précisant que si aucune réponse n’a pas été donnée dans les temps impartis, « le lot sera soumis au règlement de la compagnie concernant le droit de reprise et aucune inhumation ne pourra y être faite par le concessionnaire ». En termes clairs, ceux qui n’acquittent pas les frais d’entretien conservent le lot jusqu’à la fin du contrat y étant relié, mais ne pourront y enterrer personne.

Mme Bouffard concède que depuis le début des envois postaux, Cimetières Bois-Francs a déjà reçu quelques lettres recommandées, contestant les nouveaux frais. C’est ce qu’a d’ailleurs fait Lucie Cantin, une Victoriavilloise qui est convaincue que le lot réservé et payé sous contrat par son père en 1982 ne peut être sujet à modification. « Je comprends qu’il pourra être mis à jour à son renouvellement, mais jusque-là, le contrat doit être respecté », estime-t-elle. Mme Cantin souhaite ainsi s’opposer à la décision qui fait en sorte que pour l’entretien des 30 prochaines années, on lui réclame 1750 $ pour le lot où sont enterrés sa mère et son frère et où son père souhaite être inhumé.

Bien entendu, il s’agit d’un sujet émotif pour plusieurs qui déplorent cette décision qui a d’ailleurs été approuvée par l’évêché de Nicolet, comme l’a indiqué Mme Bouffard. « Nous n’avons pas fait cela à la légère et la majorité comprend la situation », ajoute-t-elle. Ces nouveaux frais, s’ils semblent élevés pour certains, ne comprennent pas seulement la tonte du gazon comme on pourrait penser. Il faut également s’occuper de la végétation indésirable, des chemins de gravier, des clôtures, assurer le déneigement, faire l’entretien et la réparation ou l’achat des équipements utilisés, etc. « Pour que l’endroit reste agréable à visiter », répète la PDG.