Des amoureux de l’eau de 30 à 68 ans plongent et deviennent sauveteurs
Une toute nouvelle cohorte de 19 personnes vient de compléter la formation de Sauveteur national à Victoriaville. De ce nombre, six ont la particularité d’être âgés entre 30 et 68 ans.
Rencontrées à la piscine Édouard-Dubord de Victoriaville qu’elles ont fréquentée assidument au cours des derniers mois afin de suivre leurs cours et s’entraîner, les six personnes étaient bien fières d’avoir accompli ce défi qui s’est étalé, en week-ends intensifs, du 29 mars au 4 mai. Il s’agit de Suzie P. Lachance, Line Dickner, Christian Héon, Jacinthe Leclair, Chantal Verville et Guy Désilets. C’est sous la supervision des moniteurs Jérémy Dassylva et Jessica Levasseur et de la responsable de la division aquatique Audrey Therrien qu’ils ont réalisé cet exploit digne de mention.
S’ils ont des histoires différentes, une passion commune celle de la natation et de l’eau les unit. Certains sont retraités et voulaient trouver une activité qui leur permettrait de faire de l’activité physique et se rendre utiles, d’autres voulaient parfaire leur formation ou encore donner des cours d’aquaforme (qui semblent être bien populaires). Il y en a même une, Line en l’occurrence, qui avait déjà été sauveteuse il y a quelques décennies et, maintenant à la retraite, elle a choisi d’y revenir.
Quant à Suzie, étant enseignante auprès des jeunes immigrants, elle estimait utile, voire nécessaire de faire au moins le cours de premiers soins pour son travail. « Et la clientèle à qui j’enseigne n’a souvent pas été exposée à l’eau », ajoute-t-elle. Suzie sera donc mieux outillée en cas de besoin, autant dans sa vie de tous les jours que dans son travail. « En fait, cette formation serait bonne pour tout le monde », estime-t-elle.
Habitués de la piscine, ils ont été recrutés et encouragés à suivre cette formation (offerte gratuitement depuis trois ans maintenant) par l’équipe en place, ce qui vient répondre aux aspirations de la Société de sauvetage du Québec qui s’ouvre à la diversité d’âges avec des sauveteurs qui ont ainsi des disponibilités différentes. « Ils ont des qualités complémentaires et apportent un plus à l’équipe », soutient la responsable aquatique.
Ils ont donc réussi cette formation de 90 heures qui comprend 35 heures pour le cours d’assistant-sauveteur, 16 pour les premiers soins et 40 afin d’obtenir le titre de Sauveteur national. Ceux qui sont passés par ce cheminement comprendront les difficultés qu’ils ont dû relever, dont celle d’aller chercher la brique au fond du 12 pieds ou encore de nager 400 mètres en moins de 10 minutes. Cela est sans compter tous les entraînements aux sauvetages qui demandent beaucoup physiquement. Il faut ajouter à cela toute l’information qu’il faut assimiler, ce qui en fait une formation très exigeante. « Pour les jeunes, c’est facile, mais pour nous, à plusieurs reprises, on se demandait qu’est-ce qu’on faisait là », mentionne Chantal.
Mais les efforts ont porté fruit et tous les élèves du groupe se sont dépassés et sont désormais bien conscients, peu importe qu’ils soient en poste ou non, de tout ce qui peut arriver autour d’un plan d’eau. « On remarque déjà beaucoup de choses qu’on ne voyait pas avant », souligne le groupe en ajoutant que la population en général sous-estime la responsabilité des sauveteurs. « C’est très exigeant », ont-ils découvert.
Ils ont également été en mesure de découvrir leurs jeunes collègues, de beaux jeunes diront-ils, lors de la formation. L’entraide, l’encouragement et la complicité ont également été très présents tout au long du parcours. « Les jeunes nous donnaient des trucs », ont-ils apprécié. Et puisqu’ils étaient plusieurs d’un certain âge (pas des adolescents), ils se sont serré les coudes, se remontant le moral réciproquement lorsque ça allait moins bien. « Mais les jeunes ont été super », s’entendent-ils.
Les nouveaux sauveteurs n’ont également que de bons mots pour les moniteurs qui ont fait preuve de délicatesse et de persévérance envers eux. « De mon côté, j’ai trouvé ça extrêmement enrichissant et complémentaire », explique la monitrice Jessica lorsqu’on lui demande comment elle a aimé enseigner à ces adultes. « On voyait toute la force de votre leadership et votre capacité à vous adapter à l’équipe et à faire sortir les forces des plus jeunes. Vous faisiez preuve de persévérance », leur a-t-elle déclaré.
Maintenant qu’ils sont dûment qualifiés et reconnus, certains ont déjà commencé à donner des cours d’aquaforme et autres. « Ça nous permet d’être seuls au bord de la piscine », souligne Christian. Quant à Suzie, l’enseignante rêve d’un projet qui permettrait à ses élèves de venir découvrir l’eau, ses joies et ses dangers et d’apprendre à nager. Avec ses nouvelles compétences, elle considère avoir un nouveau regard et une sensibilité face à leur situation. Et puisque l’été est arrivé, il faut mentionner qu’à Victoriaville, tout le personnel pour assurer l’ouverture des nombreuses piscines municipales, prévue pour le 24 juin, est en place. « La présaison est débutée et il y aura plein d’activité dont les cours de natation gratuits », a résumé Audrey Therrien.