Demandes d’aide en hausse au Centre d’entraide Contact

Comme dans la plupart des organismes communautaires en lien avec l’alimentation dans la région, les demandes d’aide sont en hausse au sein du Centre d’entraide Contact de Warwick.

C’est ce qu’indique la directrice générale Diane Lefort. Celle-ci estime que seulement du côté des distributions alimentaires qui ont lieu aux deux semaines, une augmentation de 30% sera enregistrée pour l’année en cours. « Jeudi dernier, il y avait une file d’autos qui allait jusqu’à la Caisse », explique-t-elle en ajoutant que c’est du jamais vu pour l’organisme et que même les voisins commencent à s’en plaindre. Si l’an dernier ce sont 164 familles qui ont bénéficié d’approximativement 85 000 kg de denrées, ce nombre sera beaucoup plus élevé cette année, et ce, même si pour accéder à cette aide, une grille de normes strictes doit être respectée. De plus, dans certaines conditions du dépannage alimentaire peut être offert.

Les demandes sont ainsi à la hausse, mais les dons de nourriture ne suivent pas la même courbe. Cela fait en sorte que les étagères sont vides, donc les paniers d’aide sont moins garnis et variés. « C’est difficile d’avoir assez de viande de même que des fruits et des légumes », mentionne-t-elle. Les épiceries, qui fournissaient dans ce domaine auparavant, préfèrent maintenant transformer les aliments et les revendre, ce qui prive les organismes qui comptaient sur cette aide.

La situation est semblable pour les autres services et la directrice confie même qu’il lui faut maintenant faire face à des situations d’itinérance. « Depuis la COVID-19, on voit une grosse désorganisation sociale. Le taux d’anxiété est à la hausse et avec l’inflation et l’augmentation des coûts des loyers, la situation est difficile pour plusieurs », souligne-t-elle en ajoutant qu’elle était venue en aide à une quinzaine d’itinérants ponctuels (qui se retrouvent à la rue après une séparation par exemple et qui dorment sur les divans de connaissances) ainsi que trois ou quatre cas de gens qui devaient vivre dans des tentes. « Des personnes sans domicile fixe, sans adresse. De la précarité, il y en a partout », sensibilise-t-elle.

Cela lui fait aussi dire que pour certaines personnes, les choses empirent très rapidement, ce qui explique en partie le nombre de demandes de services qui bondit du côté de son organisme. Il lui faut également faire face, avec son équipe, à de plus en plus de crises de santé mentale, certaines causées notamment par la prise d’amphétamines, un problème bien réel qui touche notamment certains employés d’entreprises qui travaillent sur les quarts de nuit. « Comment tu penses qu’elle fait la mère monoparentale qui travaille de nuit? », exemplifie-t-elle. Cette drogue, peu coûteuse et accessible, serait selon elle utilisée plus fréquemment qu’on pourrait le penser. 

Et parfois, le désespoir amène même certains à songer à s’enlever la vie, ce qui fait que la directrice générale, qui est également intervenante, se retrouve avec des situations dramatiques. Elle souhaite d’ailleurs faire réaliser une étude pour déterminer les causes et trouver des solutions à ces nouvelles problématiques auxquelles elle ne faisait pas face il y a quelques années.

Tout cela fait en sorte que pour l’année 2022-2023, le Centre a comptabilisé 7847 interventions sociales « Des gens qui nous ont dit : ça ne va pas bien », résume la directrice générale. Un chiffre moins élevé que pendant la COVID-19, alors que tout était amplifié, mais qui inquiète tout de même Diane Lefort.

De l’espoir?

Si les demandes d’aide sont en augmentation du côté du Centre d’entraide, il n’en demeure pas moins que de belles histoires s’y vivent. L’organisme parvient à s’autofinancer en bonne partie grâce à sa friperie, à la transformation alimentaire qui permet de vendre (sur place et dans des épiceries) des desserts et plats préparés. Une équipe d’employés y œuvre, mais elle accueille également des gens qui doivent réaliser des travaux compensatoires pour différentes raisons ou même de nouveaux arrivants qui viennent s’intégrer. « Nous leur enseignons les normes d’hygiène et de salubrité. On ne fait pas juste des gâteaux, on fait aussi de la réinsertion sociale », indique Mme Lefort en faisant visiter les cuisines qui reluisent comme un sou neuf. 

Pour couronner le tout, le restaurant Le Terrier, situé à la même adresse, mais avec une entrée indépendante, est de plus en plus fréquenté par toute sorte de gens, qui viennent du lundi au jeudi y prendre un bon repas. « Le restaurant, c’est génial », apprécie la directrice générale qui y voit de plus en plus de travailleurs et de décideurs. « Si tu viens manger, tu aides en même temps à donner des repas à ceux qui n’en ont pas », ajoute-t-elle. En effet, les profits sont redonnés directement en aide alimentaire ou encore pour le service de boîtes à lunch pour les élèves et les autres services. Certaines personnes dans le besoin y viennent également, mais bénéficient de cartes d’achat ce qui évite la stigmatisation.

Les installations pour la transformation alimentaire et le restaurant, de leur côté, respectent les normes du MAPAQ et tous les aliments servant à la confection sont achetés. « Ce qu’on récupère va entièrement pour les paniers distribués », insiste-t-elle.

Pour offrir les nombreux services du Centre d’entraide Contact, une centaine de bénévoles sont à l’œuvre, venant en aide à ceux qui en ont véritablement besoin et qui, malheureusement, sont de plus en plus nombreux. Les besoins sont tellement en hausse, pour l’organisme de première ligne, que l’équipe a sacrifié le poste de secrétaire et celui du ménage afin d’embaucher une intervenante supplémentaire. « Et nous sommes débordés », confie Mme Lefort.

La prévention, la promotion et la sensibilisation sont toujours de mise pour faire face aux différents problèmes, en amont. « Nous entrons, je crois, dans une époque charnière et il faut s’arrêter et se concerter », espère-t-elle.