De la ferme laitière à l’élevage de canards

Depuis la fin du mois de juin, de nouveaux propriétaires, Cintia Leduc et Mario Benjamin, exploitent la ferme artisanale Le Verger Canard Goûteux. Ils ont repris le flambeau des mains de Mélissa Pépin et de Marc Fleury qui avaient lancé l’entreprise en 2011 sur une propriété de la rue Blanchet à Saint-Christophe-d’Arthabaska avant de déménager au 49, route 116 Est à Warwick après avoir fait l’acquisition du Petit verger des Cantons.

Cintia Leduc et Mario Benjamin, originaires de Farnham en Estrie, ont découvert par hasard l’entreprise qu’ils allaient acquérir.

Profitant d’une période de convalescence en février 2023, Cintia et son conjoint entreprennent un roadtrip qui les conduira à la Fromagerie du Presbytère de Sainte-Élizabeth-de-Warwick. « Parle, parle, jase, jase avec les gens. On nous suggère d’aller au Canard Goûteux en nous mentionnant qu’ils offraient de bons produits », raconte Cintia.

Le couple s’y rend et rencontre les propriétaires Mélissa et Marc. Les Estriens apprennent, au cours de la discussion, que l’entreprise est à vendre. Ils retournent à la maison après l’achat de produits. « Sur la route du retour, on a eu le temps de discuter. À la maison, on a goûté les produits. Délicieux. On se met à penser aussi à l’emplacement et à la vue. Et on décide de les relancer », confie Cintia Leduc.

Le couple retourne rencontrer Mélissa Pépin et Marc Fleury pour une visite des lieux avec des explications en profondeur. « Comme on se retrouve sans enfant à la maison (ils en ont cinq), on peut déménager sans problème », souligne Cintia.

C’est ce qu’ils feront d’ailleurs après avoir obtenu, en une semaine, le feu vert de l’institution financière pour se porter acquéreurs de la ferme artisanale. « Le 29 juin, on passait chez le notaire, affaire conclue. »

Un autre monde

Cintia Leduc et Mario Benjamin connaissent bien le milieu agricole, le domaine laitier en particulier. Ils ont démarré de A à Z en 2009 une ferme laitière qu’ils ont revendue quelques années plus tard en raison d’un contexte économique peu favorable.

Mais rapidement, à peine quelques mois plus tard, le couple a fait l’acquisition d’une autre ferme avec 450 veaux de grain, une production qu’ils ont conservée pendant huit ans tout en continuant les activités d’insémination dans lesquelles ils s’étaient lancés entre-temps.

Différents événements font en sorte que Mario et Cintia décident en 2018 de mettre en vente leur ferme de veaux, vente qui se concrétisera en 2020. Le couple décide de s’acheter une petite maison dans la région de Farnham, à Sainte-Sabine. « On se disait alors, c’est fini, les fermes », se rappelle Cintia.

Le hasard ou le destin en décidera autrement. Aujourd’hui, ils se retrouvent à la tête du Verger Canard Goûteux, eux qui ne connaissaient rien à cette volaille jusqu’à ce jour.

« On ne connaissait pas le canard auparavant, nous, c’était les vaches. C’est une belle découverte », exprime Cintia Leduc.

« C’est un autre monde, c’est un apprentissage à faire. Ça n’a pas été facile les premières semaines », reconnaît Mario Benjamin.

Mais ils ont pu compter sur la collaboration des anciens propriétaires. « Mélissa est généreuse de nature. Son but était que l’entreprise continue. Elle m’a notamment accompagnée durant la Balade gourmande. Elle m’a beaucoup aidée avant. Elle est toujours disponible au besoin si j’ai une question, un conseil à demander », note-t-elle.

L’élevage

Les canards proviennent de la ferme du Platon à Sainte-Croix. « On les reçoit en deux jours. On les nourrit et on les garde pendant 14 semaines avant de les envoyer à l’Abattoir Ducharme de Sainte-Alphonse-de-Granby », explique Cintia Leduc.

Les volailles du Verger Canard Goûteux sont élevées au grand air, au pâturage naturel en semi-liberté, et non en cage. L’établissement a une capacité d’accueil de 800 canards (5 lots de 160).

Les nouveaux propriétaires ont aussi apporté une nouveauté : les canards ne sont pas que gavés. « Pour les personnes ayant à cœur le bien-être animal, on s’est dit que nous allions en offrir la moitié gavée, l’autre non gavée », fait savoir Cintia Leduc.

Il revient à Mario de s’occuper du gavage, optant pour la méthode artisanale, un canard à la fois qu’il prend entre ses jambes. Il les flatte, au besoin, pour les calmer. Plus nerveux au départ, les canards s’y habituent et ouvrent le bec pour recevoir le maïs. Avec sa main, Mario sait quand le canard en a assez. La quantité n’est pas la même d’un à l’autre.

Comme la traite des vaches, l’opération se fait deux fois par jour, aux mêmes heures. Mais le gavage ne survient qu’à partir de 12 jours avant l’abattage. Tout le reste du temps, les canards mangent en liberté.

Quand les produits reviennent de l’abattoir, Mario et Cintia procèdent à la découpe des pièces désirées. « Ensuite, c’est moi qui fait toute la bouffe », mentionne Cintia.

Des produits 100% canard

L’élevage des canards se fait à l’année au Verger Canard Goûteux, bien qu’on observe une petite diminution durant l’hiver.

Quant à la fréquence des abattages, elle varie selon les périodes et les commandes.

Les différents produits préparés ne sont vendus que sur place à la boutique de la route 116 Est. « On ne place qu’un peu de rillettes au magasin général de Sainte-Élizabeth-de-Warwick, c’est tout », précise Cintia Leduc.

Mais les produits du Verger Canard Goûteux, grâce à l’expédition et à la livraison, débordent des frontières régionales. La renommée dépasse la région. « On reçoit des appels pour des produits qu’on expédie en livraison. Ça provient de partout. Une commande d’ailleurs part, lundi, pour Gaspé », lance Mario Benjamin lors de l’entrevue.

Questionnée sur les produits les plus populaires, Cintia parle du foie gras, des repas préparés aussi tout comme les cuisses confites et les rillettes. « Nous avons aussi des lapins, un petit élevage », signale-t-elle.

Les nouveaux proprios entendent ajouter les quiches dans leur offre. « On a des œufs de canards puisque nous avons des canes, ce qui n’était pas le cas auparavant. Alors, je veux faire des quiches aux œufs de canard et légumes, mais aussi des quiches avec du canard effiloché », fait savoir la cuisinière.

Les clients pourraient éventuellement voir sur les tablettes des pâtisseries puisque Rachel, l’une des filles du couple, étudie dans ce domaine. « Elle pourrait proposer des pains d’épices pour les fêtes. Ce sera des trucs pour un temps limité. Mais le potentiel est là », assure la maman.

Bien des gens savent aussi que le site comprend 300 pommiers. Ainsi, le Verger Canard Goûteux propose, au moment opportun, l’autocueillette, ainsi que des produits comme du jus et des tartes aux pommes.

Bref, tout se passe bien pour les nouveaux dirigeants qui ne regrettent aucunement leur décision. « Je ne dis pas que ça a été facile, mais on apprend. Tout se passe comme on voulait », dit Cintia.

Habitué avec les années de travailler ensemble, le couple s’installe à sa guise. Cintia a repeinturé la boutique. Mario a coupé certaines branches pour améliorer la vue et rendre la boutique plus visible aux usagers de la route 116.

« On a une belle clientèle, les gens sont fort gentils. On aime bien ça », exprime Cintia.

« Je suis dans mon élément avec les gens, à jaser avec le monde. J’apprécie aussi les accents des gens, la façon dont ils prononcent certains mots. C’est ce qui fait la beauté », renchérit Mario.

Les intéressés peuvent consulter le site Internet au www.canardgouteux.com.