Cuisines collectives : une alternative pour tous

Désormais, plus besoin d’être démuni financièrement pour rejoindre un groupe des Cuisines collectives des Bois-Francs. L’organisme communautaire, qui a maintenant pignon sur rue au coin Girouard et Fleury dans le secteur Arthabaska, s’ouvre à tous ceux qui souhaitent cuisiner à bas prix, en bonne compagnie et ainsi briser l’isolement.

Dans les locaux aménagés pour faciliter le travail de tous, la directrice générale  par intérim, Linda Laliberté, a expliqué que 17 groupes de 5 ou 6 personnes venaient actuellement cuisiner chaque mois. Une alternative intéressante en ces jours où l’insécurité alimentaire est de plus en plus présente et où il n’y a plus de conditions préalables de revenus à respecter.

En effet, pour un montant de 16 $ par participant, les gens planifient et cuisinent ensemble avant de repartir chez eux avec une dizaine de plats qu’ils pourront manger avec satisfaction. « On sent que l’inflation a des répercussions puisque des gens appellent et veulent venir plus tôt dans le mois », indique Mme Laliberté qui précise aussi que la moitié des gens sont de nouvelles personnes qui découvrent le service depuis peu.

Les Cuisines collectives, en plus de Victoriaville, s’affairent aussi dans différentes municipalités de la région. Des groupes ont été implantés ou remis sur pied (après avoir été interrompus par la pandémie) à Saint-Rosaire, Warwick, Sainte-Clotilde, et l’organisme travaille également à offrir le service à Saint-Valère et Saint-Albert. « Nous sommes revenus à notre mission initiale », ajoute-t-elle en faisant référence aux services modifiés de plats déjà cuisinés qui étaient vendus pendant la pandémie.

Les groupes formés sont constitués de gens vivant différentes situations. Il y a des retraités, des travailleurs, même des étudiants qui viennent apprendre à cuisiner. « Nous ne limitons plus les groupes à des gens démunis financièrement. On peut être démuni mentalement aussi », explique la directrice générale en faisant référence à l’isolement que vivent plusieurs personnes.

Dans tous les groupes formés, on retrouve, comme le mentionne Mme Laliberté, beaucoup de respect, d’entraide et de partage. Ensemble, au préalable, ils feuillettent les circulaires pour déterminer les achats les plus avantageux de la semaine. Ensuite des aliments en solde, choisissent les recettes qui seront cuisinées. On parle habituellement d’une soupe, de quatre plats principaux et d’un dessert. Puis deux ou trois personnes vont faire les courses qu’elles ramènent aux Cuisines collectives. Finalement, une journée (ou une soirée dans certaines municipalités) est réservée à la cuisson des repas. 

L’organisme bénéficie de dons alimentaires d’Artha-Récolte ou de la Sécurité alimentaire, ce qui lui permet de fournir les légumes et des fruits pour la préparation des plats, une protéine et tout le fond de cuisine (épices, etc.). « Il y a une belle entraide avec les autres organismes », mentionne Linda Laliberté en ajoutant que les cuisines étaient aussi offertes en location pour différents groupes qui viennent y faire de la popote en dehors des heures d’utilisation des Cuisines collectives. Pour faire tout cela, une équipe de quatre personnes, dont trois animatrices, est en place. Celles-ci accompagnent les groupes dans toutes les étapes, dont le partage des tâches. « Nous avons des gens qui viennent depuis des années et d’autres qui passent quelques mois seulement », fait savoir Mme Laliberté. Le but est d’apprendre à cuisiner des plats sains, avec un petit budget. Mais l’aspect social du groupe et la motivation qu’il apporte font en sorte que plusieurs reviennent mois après mois.

On voit aussi un changement du côté de la clientèle. De plus en plus d’hommes, ayant vécu des séparations ou des deuils, se retrouvent démunis en cuisine. Ils viennent donc s’outiller pour pouvoir se nourrir eux-mêmes. S’est aussi ajouté au fil du temps et des besoins, un groupe qui cuisine des plats végétariens. « On aimerait beaucoup avoir davantage de groupes de jeunes », souhaite la directrice générale qui cherche des solutions pour cette clientèle qui cuisine de moins en moins. 

De nouveaux locaux

Après avoir été des décennies sur la rue Perreault, l’organisme s’est installé en octobre 2022 dans une nouvelle maison, à l’extérieur du centre-ville, rénovée pour ses besoins. « Cela n’a pas changé la fréquentation puisque la majorité des gens ont des voitures. Et pour les autres, nous payons le TaxiBus », note-t-elle. 

À la nouvelle adresse, tout est aménagé sur le même palier ce qui facilite la tâche à tout le monde. « Nous allons ajouter bientôt une rampe d’accès extérieure pour les gens à mobilité réduite », annonce Mme Laliberté.

Deux cuisines permettent à deux groupes de travailler en même temps dans de beaux et grands espaces qui bénéficient d’une belle clarté. Ce sont donc maintenant une centaine de membres actifs qui viennent chaque mois socialiser, économiser et cuisiner. « Et nous allons ajouter bientôt des membres solidaires qui voudront assister à des ateliers ou des conférences sans nécessairement cuisiner », fait-elle savoir.