Collection Ruban rose : la nouvelle initiative de Marie-Claude Girard et Martin Brûlé
Depuis quelques années, un couple victoriavillois, Marie-Claude Girard et Martin Brûlé, investit dans une mission de revalorisation, crée de véritables petites œuvres d’art en recyclant la fourrure et le cuir de manteaux pour en faire, non seulement des mitaines, mais aussi des mocassins, des cache-oreilles et des jouets pour chats.
Par leur art et leur travail minutieux, ils parviennent ainsi à recycler presque 100% des manteaux qu’ils reçoivent. Mais en plus de leur action en faveur de l’environnement, Marie-Claude et Martin, trouvent aussi important de s’engager socialement et ont décidé de lancer, cette année, la collection Ruban rose pour supporter la Fondation cancer du sein du Québec.
« Autour de nous, comme plusieurs, on en a des gens qui ont été touchés et qui sont décédés de cette maladie. C’est ce qui nous a amenés à penser à cette cause-là », souligne Marie-Claude Girard.
La collection Ruban rose comportera 100 paires de mitaines, des créations uniques sur lesquelles ont été brodées un petit ruban rose et Art’Abaska, le nom de l’entreprise du couple (Art’Abaska fourrure recyclée).
« On ne vendra pas plus cher les produits de la collection Ruban rose. Nous remettrons 20 $ par vente. L’objectif est d’amasser ainsi 2000 $ pour l’organisme.
Et le don se fait au nom de la cliente qui achète et qui recevra un reçu d’impôt. Son nom apparaîtra aussi sur notre page comme donatrice », indique Martin Brûlé.
La campagne se mettra en branle dès minuit le 1er février. Les personnes intéressées pourront alors se procurer les mitaines désirées sur la page Rubanrose.crowdchange.ca.
Même sans faire l’achat de mitaines, la population peut se rendre sur le site et soutenir la cause par un don.
Cette collection Ruban rose, aux dires de Martin, constitue « le top » de leur savoir-faire. « C’est le plus artistique avec le mélange de cuir. Nos cuirs sont neufs, mais ils proviennent à 100% de retailles des Cuirs Desrochers et d’autres fournisseurs. »
« Ça peut provenir, par exemple, de surplus qui servaient à faire des sacs à main. On utilise les rejets des fabricants. Nous sommes en mesure de les récupérer », ajoute Marie-Claude.
La collection Ruban rose est une première initiative de la sorte pour Martin et Marie-Claude, mais sûrement pas la dernière. « Rien n’empêche qu’on puisse, l’an prochain, supporter un autre organisme, comme la Fondation À Notre Santé par exemple », avance Martin Brûlé.
« On ne sait pas ce qui peut advenir. On verra pour la suite », renchérit Marie-Claude Girard.
Visibilité accrue
Depuis que le www.lanouvelle.net a fait connaître sa petite histoire à la fin novembre 2022, le couple victoriavillois ne chôme pas. « Après votre visite, on a eu plusieurs manteaux, plusieurs dons. C’est assez impressionnant », témoigne Martin.
Même le député d’Arthabaska, Eric Lefebvre et le maire de Victoriaville, Antoine Tardif leur ont rendu visite. « En sachant que le député allait venir, on lui a fabriqué une paire de mitaines pour lui et une autre pour le premier ministre François Legault. On a d’ailleurs une belle photo de lui que La Presse a d’ailleurs utilisée en parlant de nous », confie Martin, ajoutant que leurs mitaines se sont même retrouvées dans une émission Infoman en février 2024.
Si tout a commencé pour eux avec des mitaines, leur production s’est diversifiée depuis. Des mocassins, des cache-oreilles et même des jouets pour chats se sont ajoutés à la liste de produits disponibles sur leur boutique en ligne à l’adresse ArtAbaska.com.
Les cache-oreilles ont fait leur apparition au cours de la dernière année. Pour les mocassins, il leur a fallu un peu d’aide pour en arriver à produire les bonnes pointures. « Quand on a commencé, j’ai pris contact avec la personne qui s’occupe des activités à la résidence La Seigneurie du Victorin. Des aînés ont participé. Grâce à ces personnes, on a pu établir les bonnes grandeurs », explique Marie-Claude.
Comme Art’Abaska expédie ses produits un peu partout au Québec, dans l’Ouest canadien et aux États-Unis notamment, la pointure demandée par le client doit être la bonne. « Il ne faut pas se tromper », observe Martin.
Pour se procurer les manteaux qui leur sont donnés, le couple paie les coûts de transport quand le don provient d’un lieu éloigné.
Cependant, autant que faire se peut, Marie-Claude et Martin prennent plaisir à se rendre sur place chez les donateurs.
« Si on est capable d’y aller, on le fait, dit Martin. Comme l’autre jour à Shawinigan où nous avons rencontré deux sœurs qui donnaient cinq manteaux. Elles nous ont parlé de leur mère. On a droit à de belles histoires », relate Martin Brûlé.
« Ça nous permet de découvrir le Québec », poursuit Marie-Claude.
D’ailleurs, le couple sillonne les routes en motorisé du jeudi au dimanche, du mois d’avril jusqu’en novembre. Et ils apportent du travail.
Comme une routine, chaque matin, avec le café, de 8 h à 11 h environ, ils se mettent à l’ouvrage. « De nombreuses étapes sont déjà faites quand arrive novembre. On sauve du temps », souligne Marie-Claude, toujours aussi passionnée, comme son conjoint d’ailleurs.
Elle conserve aussi, dans un cartable, tous les noms des donateurs. Tous les manteaux sont identifiés. Ce qui permet d’attribuer au produit confectionné le nom de la donatrice ou du donateur. « On baptise tout, les mitaines, les mocassins, les cache-oreilles. C’est une fierté pour les gens », note Martin.
Une exception, une seule : les jouets pour chats demeurent anonymes.
À ce jour, Art’Abaska cumule plus de 1300 ventes, ce qui n’inclut pas cependant les commandes spéciales.
Comme le cas d’une infirmière qui, pour les bons soins prodigués à un homme, un trappeur, a reçu une peau de loup en cadeau. « Elle ne savait pas trop quoi en faire. Elle a communiqué avec nous. Nous n’avions jamais touché à cela puisqu’on travaille avec les manteaux et les retailles », fait remarquer Martin.
« Mais elle voulait avoir sa paire de mocassins, reprend Marie-Claude. Finalement, on a réussi à en faire une deuxième paire pour son copain également. Les deux, grâce au don du monsieur, auront les pieds au chaud cet hiver. »
« Les gens qui nous font des dons, poursuit-elle, veulent souvent avoir un dernier souvenir de la personne qu’ils ont aimée et à qui appartenait le manteau. »
L’essayer, c’est l’adopter, dit le dicton qui s’applique bien ici puisque bien des gens ne peuvent se limiter à un seul article, constate-t-on.
« Plusieurs de nos clients ont de la difficulté à acheter une seule paire ou juste une chose. Quand ils reçoivent des pantoufles, ils commandent des mitaines. On regarde parfois les historiques et certains en sont à plusieurs achats », précise Martin.
Une Sherbrookoise, pour sa part, s’est même procuré 11 paires de mitaines. « On n’hésite pas à les contacter pour les remercier de leur confiance et les gens sont touchés quand quelqu’un prend la peine de les remercier », mentionne Marie-Claude.
Il y a donc, pour Marie-Claude et Martin, tout plein de belles histoires qui ne cessent de les motiver à fond dans leur mission. « On se fait toujours du fun là-dedans. Il y a quelque chose qui nous pousse », commente Martin.
La fierté se manifeste aussi, avec raison, devant les produits finis avec tout le boulot que cela exige. « Quand on regarde tout le travail que cela requiert, nous sommes fiers », exprime Marie-Claude. Fiers et heureux de voir que les gens aiment et achètent ce qu’ils font.