Avenir des églises : Victo s’entend avec la Fabrique Sainte-Victoire
Une entente de principe, intervenue entre la Ville de Victoriaville et la Fabrique Sainte-Victoire, prévoit l’acquisition par la Ville de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption de la rue Larivière au coût d’un million de dollars.
La Ville s’engage également à verser 500 000 $ en biens et services pour une période de 10 ans.
Non seulement l’église Sainte-Victoire, dont l’avenir apparaissait plus qu’incertain en octobre, pourra continuer ses activités, mais aucune église n’est sacrifiée. La Ville permettra même à la paroisse de tenir à l’église Notre-Dame-de-l’Assomption ses deux messes par semaine les mardis et dimanches matin.
Quant à l’église Sainte-Famille, la Fabrique entend lui donner une cure de jeunesse.
Le maire Antoine Tardif souhaitait voir l’église Sainte-Victoire conserver sa vocation. « Un sondage a révélé qu’elle était l’église la plus appréciée. C’est celle aussi qui revêt le plus important caractère patrimonial », expose-t-il.
De plus, la Ville avait dans sa mire le site de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption afin d’y réaliser un important projet de développement de logements abordables. Et plus encore. « Dans l’église, on y voit une belle occasion de fournir un toit à plusieurs organismes qui ont des besoins », indique le maire Tardif.
On ne peut préciser, pour le moment, le nombre de logements abordables qui pourraient être créés. « Assurément plusieurs dizaines, note le premier magistrat. Toutes sortes de projets pourraient y être aménagés. On a bien l’intention de faire appel à Innov Habitat Victo pour nous proposer des avenues potentielles. »
Dès la présentation d’un projet, la mise en chantier pourrait se mettre en branle rapidement. Peut-être aussi tôt que 2024, ose espérer le maire, considérant l’urgence liée à la création de logements abordables.
Une bouffée d’oxygène
Alors que la Fabrique Sainte-Victoire se trouvait confrontée à des choix difficiles en raison des coûts onéreux de réparation, l’entente vient lui assurer un avenir. « Ça nous donne une bouffée d’oxygène qui nous était nécessaire sans quoi on se dirigeait vers un cul-de-sac », observe le président de la Fabrique, Jean-Paul Bergeron.
Pour le curé David Vincent, la vente de l’église Notre-Dame-de-l’Assomption servira de levier financier. « De plus, avec les subventions du patrimoine religieux qu’on peut obtenir pour les églises Sainte-Victoire et Sainte-Famille et la campagne de financement majeure qu’on envisage pour revamper Sainte-Victoire, cela procure une sécurité pour l’avenir de la paroisse. On se donne une pérennité pour 15, 20 ans. Il est assez unique au Québec pour les églises de pouvoir se projeter aussi loin dans le temps », fait remarquer l’abbé Vincent.
Les réparations à venir des bâtiments totalisent quatre millions de dollars. La Fabrique doit y contribuer à la hauteur de 30%, environ un million. D’où la campagne de financement prévue.
Bonnes relations
Les deux parties saluent le bon déroulement des négociations. Et tant la Ville que la paroisse qualifient l’entente de « gagnant gagnant » pour tous. « Depuis le début, souligne le maire Antoine Tardif, ça a été très cordial et fluide. C’est une relation qui perdure entre la Ville et la Fabrique de par les interventions de nos employés comme Mélanie Pinard qui pilote le dossier des églises depuis plusieurs années. »
Cette relation mutuelle, selon lui, a mené à cette entente gagnante. « La Fabrique y trouve son compte en poursuivant ses activités dans deux lieux de culte principaux. Et la Ville met la main sur un site stratégique en regard des besoins sociaux et communautaires des organismes et des besoins en développement domiciliaire. Bref, je suis fier de cette entente. Dans une communauté, on doit être à l’écoute des besoins de nos organismes, de nos entreprises, mais aussi de nos paroissiens », exprime-t-il.
La négociation, estime le curé Vincent, a été « facile ». « Personne n’a tenté de tirer la couverte (à son avantage), signale-t-il. Je suis satisfait de ce qui a été fait, du travail de collaboration, de l’entente conclue. Notre plan a évolué avec le temps et je pense que c’est vraiment au bénéfice de tous. »
Et l’homme de foi trouve bien intéressant le projet communautaire de la Ville. « Cela rejoint les valeurs de l’Église, au fond. C’est vraiment la meilleure chose qui pouvait nous arriver, confie-t-il. On n’aurait pu avoir mieux que ça. »
En effet, poursuit-il, la Fabrique ne fait aucune croix sur ses églises. Elle pourra donc continuer d’utiliser Notre-Dame-de-l’Assomption pour au moins cinq ans. « Après nous verrons, mais il y aura possibilité de poursuivre. Au Québec, pour la plupart des églises pour lesquelles il y a partage avec d’autres organismes, ce sont des contrats de cinq ans », précise David Vincent.
À l’église Sainte-Famille, où l’on observe une hausse de la pratique religieuse depuis quelques années en raison, note-t-on, des communautés culturelles, la paroisse se propose de la moderniser. « On veut la mettre à notre main pour la pastorale d’aujourd’hui avec une musique vivante et en favorisant la proximité. On y retrouve déjà une proximité, un côté interculturel et du rythme. Sainte-Victoire est plus dans le traditionnel, le classique. Sainte-Famille se trouve davantage dans le vivant et le communautaire. On va pouvoir l’adapter, la moderniser, se doter de technologies et de locaux qui ont de l’allure », fait valoir l’abbé David Vincent.
L’église Sainte-Famille rejoint une clientèle nouvelle, renchérit Jean-Paul Bergeron. « Cette orientation s’inscrit dans la simplicité et cadre bien avec la philosophie du pape François », souligne-t-il.
Prochaines étapes
L’entente de principe conclue devra recevoir la bénédiction de l’évêque du diocèse de Nicolet, Mgr Daniel Jodoin.
Mais d’abord, le projet sera présenté aux citoyens en soirée le jeudi 15 février dès 19 h à l’église Notre-Dame-de-l’Assomption.
Par la suite, le conseil de fabrique adoptera une résolution qu’on acheminera ensuite à l’évêque qui s’y penchera avec deux comités. « L’évêque est sensible au dossier. Il est déjà au courant de ce qui se passe ici. Je ne pense pas qu’il s’oppose au projet », avance le curé Vincent qui s’attend à une décision au printemps.
Par ailleurs, rien n’a encore été décidé au sujet de l’avenir du presbytère Assomption où la paroisse y a aménagé, il y a une quinzaine d’années, les services de pastorale et des familles.
La Fabrique y réfléchit et évalue la possibilité de rapatrier les services à l’église Sainte-Famille ou au presbytère Sainte-Victoire.