Après plus de 35 ans de service, Nancie Lafond annonce sa retraite
Le 30 juin marquera le début de la retraite pour Nancie Lafond, actuelle présidente du Syndicat de l’enseignement des Bois-Francs (SEBF). Elle aura cumulé 35 années de service, dont 23 à la tête de l’organisme qu’elle laisse en bonne santé à sa successeure, Sonia Laliberté.
Nancie a ainsi œuvré toute sa carrière afin d’améliorer les conditions de travail des enseignants de la région. Elle a obtenu son baccalauréat en 1988 en enseignement préscolaire et primaire à l’Université Laval et après avoir travaillé deux années en Ontario (à Sarnia), la femme, originaire de Plessisville, est revenue s’installer à Victoriaville. Ainsi, en 1990 elle fait son entrée à titre d’enseignante à ce qu’on appelait alors la Commission scolaire de Victoriaville. « J’ai alors eu des petits contrats à temps partiel, pendant sept ans. Et en 1997 (qui coïncide avec les départs massifs à la retraite), j’ai eu un poste au primaire à l’école de Saint-Paul à Chesterville. Un poste que j’occupe toujours d’ailleurs », indique celle qui, depuis qu’elle a accédé à la présidence du SEBF en 2001 (après avoir enseigné quatre ans à Chesterville), est libérée de ce poste à temps complet afin de s’occuper du syndicat.
C’est toutefois depuis 1993, alors qu’elle était enseignante à statut précaire, qu’elle s’est intégrée au syndicat, par l’entremise de la création d’un comité des enseignants à statut précaire. « J’avais levé la main, mais nous n’étions pas nombreux parce qu’à l’époque, il ne fallait pas trop s’identifier au syndicat », rappelle-t-elle. Elle s’est tout de même lancée et se souvient que la première action d’envergure, qui n’avait pas été évidente à mettre sur pied, était une chaîne téléphonique afin de tenir les membres informés. « Ça a pris du temps parce qu’il fallait convaincre les gens d’en faire partie. Et on ne sortait pas la pancarte », compare-t-elle. Ainsi, il lui a fallu, dès le départ, foncer et faire tomber des préjugés, des barrières.
Au cours de sa carrière, bien entendu, elle aura organisé une multitude de rassemblements, négociations, manifestations, autant au niveau local que national. « Mon point de départ aura été la situation du personnel à contrat », rappelle-t-elle. À ce moment, l’emploi était rare et tous espéraient les remplacements des congés de maternité… « On ne se sentait pas considérés comme des profs à part entière, mais comme de seconde zone », fait-elle remarquer. Heureusement, au fil des ans, il y a eu beaucoup de changements pour les enseignants en statut précaire, même s’il reste des choses à faire. « Et cela s’est fait sur la base de négociation avec l’employeur », apprécie-t-elle. Si bien qu’aujourd’hui, les statuts précaires bénéficient de contrats plus substantiels, avec des tâches de 75% en montant.
À l’écoute
Nancie Lafond a toujours misé sur l’écoute de ses membres et a su gagner leur confiance avec le temps. « Il faut travailler avec le cœur et faire le tour des écoles pour aller à la rencontre des gens », estime-t-elle. Ce qui fait qu’aujourd’hui, la mentalité du syndicat est bien ancrée chez les membres qui participent en grand nombre aux activités proposées qui ne sont pas toujours des manifestations ou des grèves. « Le syndicalisme qu’on a voulu pratiquer en est un de propositions. Les gens veulent des solutions », indique-t-elle en ajoutant que bien qu’il existe une voie juridique pour régler des choses, elle a toujours axé son travail sur la voie diplomatique.
Elle est donc parvenue, avec son équipe, à mettre en place une vie syndicale dynamique qui donne une belle crédibilité à l’organisme. « Je fais l’envie de plusieurs collègues », a-t-elle mentionné. Ces 23 années lui auront permis d’obtenir, pour ses membres, plusieurs gains. Mais sa plus grande satisfaction demeure d’être parvenue à rapprocher les gens de la structure syndicale. « Et que tous se sentent impliqués et écoutés », renchérit-elle.
Aujourd’hui formé de près de 1400 membres, le SEBF est en bonne santé, probablement grâce au travail acharné de Mme Lafond qui, depuis qu’elle a annoncé son départ, reçoit hommage par-dessus hommage. On retient d’elle une personne mobilisante et rassembleuse, entre autres. Et pour ce qui est de la suite, la nouvelle équipe en place aura certains défis à relever. « Elle devra s’approprier les dossiers, les répartir et y mettre sa couleur. Sachant vers où aller, l’équipe le fera à sa manière », croit la présidente.
Bien entendu, il faut continuer de faire face à la pénurie d’enseignants, mais également voir à l’aspect professionnel de la profession. « Il faut faire rejaillir l’expertise des enseignants qui sont victimes, comme dans tous les milieux, d’incivilité », note-t-elle. Nancie Lafond aura ainsi occupé le même bureau, à la même adresse depuis 23 ans. Elle le quittera dans quelques jours, satisfaite de sa contribution, espérant avoir laissé du positif au syndicat. « La maison est en ordre, j’ai fait mon travail jusqu’à la fin », fait-elle valoir. Cela ne l’empêchera pas de demeurer disponible en cas de besoin et même de conserver certains dossiers, dont le bilan de la dernière négociation par exemple.
Mais dès le 1er juillet, elle entend bien profiter de l’été, chez elle. Auparavant, elle avait l’habitude de voyager pendant cette saison, la seule que lui permettait son travail. « Je vais partir, mais plus tard à l’automne », fait-elle savoir. Elle prendra également du temps pour s’occuper de son petit-fils de 3 mois, Adam, et suivre le parcours de ses deux enfants qui, puisque la pomme ne tombe jamais loin de l’arbre, sont aussi actifs dans le monde syndical. Elle entend également se remettre à la photographie, qu’elle avait délaissée, voir ses amis et sa famille, bref, de prendre le temps de vivre tout simplement.