Procès de Dominic Bernaquez-Lachance : le juge rendra son verdict vendredi

Après avoir entendu les plaidoiries dans le procès de  Dominic Bernaquez-Lachance, jeudi au palais de justice de Victoriaville, le juge Simon Ricard de la Cour du Québec a fait savoir qu’il allait rendre son verdict demain (vendredi).

Dans cette affaire, l’homme de 39 ans est accusé d’homicide involontaire en lien avec la mort de David Murray, 33 ans, survenu à Notre-Dame-de-Lourdes en mai 2022. 

Le procès, initialement prévu pour une durée de cinq journées, s’est conclu en deux jours et demi. Le juge Ricard a d’ailleurs salué et remercié l’efficacité et le travail des avocats au dossier. La poursuite a fait entendre un total de sept témoins, ainsi que l’interrogatoire de l’accusé et des appels audio, notamment le 9-1-1. Un seul témoin a été entendu par la défense, soit Dominic Bernaquez-Lachance.

Son avocat Me Guy Boisvert, dans sa plaidoirie, a plaidé la légitime défense. Il a mentionné que son client était justifié d’agir de la façon dont il l’a fait, qu’il est intervenu pour protéger sa propre sécurité et celle de sa belle-sœur Catherine Lavoie, la conjointe de David Murray.

Me Boisvert a relaté que l’accusé a agi pour prévenir l’attaque, David Murray s’étant rué sur lui après qu’il soit arrivé dans l’appartement pour venir en aide à sa belle-sœur qui l’avait préalablement contacté par téléphone. 

Les beaux-frères ne s’étaient vus qu’à trois reprises dans le passé. Le jour du drame, ils avaient notamment passé l’après-midi à pratiquer le tir récréatif. Me Boisvert a fait remarquer qu’il n’y avait jamais eu d’animosité entre les deux hommes durant la journée. 

Après un souper bien arrosé, les deux couples avaient regagné leur appartement respectif (dans le même immeuble à Notre-Dame-de-Lourdes). C’est un appel de détresse de sa belle-soeur, en fin de soirée le 28 mai 2022, qui a amené l’accusé à se rendre au logement supérieur.

À son arrivée, David Murray s’est rué sur lui. « J’ai vu David, enragé, arriver sur moi les bras dans les airs avec l’intention de me pogner. Je voyais sur son visage qu’il n’avait pas l’air là. Il était enragé. Je lui demandais ce qui se passait en lui disant d’arrêter. Je ne comprenais rien, je ne comprenais pas« , a témoigné Dominic Bernaquez-Lachance lors du procès. 

Dans l’altercation, l’accusé a serré la tête de la victime afin de la maîtriser. Il l’a amenée au sol et il a été en mesure de la garder dans cette position jusqu’à l’arrivée des policiers. 

« La preuve n’a pas été faite qu’il a agi illégalement. Il a utilisé une technique pour maîtriser monsieur Murray, Monsieur Bernaquez-Lachance a toujours agi de bonne foi. Il n’a pas agi avec excès dans sa réaction. Il n’a jamais eu de mauvaises intentions. Il s’est défendu dans une attaque qui n’était pas prévue. Outre la morsure utilisée pour tenter de ressaisir M. Murray, il n’y a pas eu d’autre marque de violence. Sa réaction a été proportionnelle dans les circonstances », a plaidé Me Boisvert. 

Celui-ci a également soutenu que son client a toujours collaboré avec les policiers lors de leur intervention, n’ayant rien à cacher. 

Le procureur Me Michel Verville, représentant le ministère public, a pour sa part mis en doute la fidélité et la crédibilité du témoignage de l’accusé. Il a fait remarquer que certains éléments racontés lors du procès ne corroborent pas à ce qui a été entendu lors de l’interrogatoire policier. Ce qui a fait dire à Me Verville que la mémoire de l’accusé aurait été retrouvée après six mois de consultations avec un psychologue. 

Le témoignage de Catherine Lavoie, la conjointe de David Murray, a aussi été contesté par Me Verville. Celui-ci, par ailleurs, a soulevé que l’encolure a provoqué la perte de conscience de la victime, alors que les deux individus se trouvaient encore debout à ce moment. « L’encolure a été maintenue une fois la menace éteinte. Une menace qui était de faible intensité. Il y a lieu de se questionner sur la force utilisée considérant la situation », a-t-il laissé entendre. 

Me Verville a soutenu que la prise effectuée par l’accusé pour maîtriser David Murray représentait un risque et que Dominic Bernaquez-Lachance ne pouvait en faire abstraction.  

Lors du procès, le docteur Yann Dazé a conclu à un décès par strangulation, soit une compression du cou menant à l’obstruction de vaisseaux sanguins empêchant le sang de se rendre au cerveau, ce qui a provoqué l’asphyxie et ultimement un arrêt cardiaque. 

Pour Me Verville, il y a eu certains signes avant-coureurs menant à la mort de David Murray, mais l’accusé n’en a pas tenu compte. Il n’a, entre autres, jamais regardé son visage ou réalisé que sa respiration déclinait. Le procureur se demande également pourquoi l’accusé n’a pas considéré d’autres options lorsqu’il s’est présenté dans l’appartement de David Murray et sa conjointe. « Il aurait pu crier ou rebrousser chemin. »

Une fois la victime au sol, il a maintenu l’encolure jusqu’à l’arrivée des policiers. « Est-ce que le maintien de cette position était nécessaire? », a questionné Me Verville dans sa plaidoirie. « Il n’a jamais eu l’intention de le lâcher. Il n’a jamais pris en considération la santé et la sécurité de David Murray », a conclu le procureur, avançant qu’un acte illégal a causé la mort de l’homme de 33 ans.