Pornographie juvénile : 10 000 fichiers trouvés chez Crochetière et Goyette

VICTORIAVILLE. Plus de 10 000 fichiers, des photos et des vidéos, ont été découverts au domicile d’Edgar Crochetière et de Serge Goyette de Sainte-Anne-du-Sault, deux individus qui ont reconnu leur culpabilité, en avril dernier, de possession de matériel de pornographie juvénile et d’avoir produit, imprimé ou publié ce type de matériel.

C’est ce qu’a révélé, mercredi après-midi, une policière spécialisée en la matière dans son témoignage lors des représentations sur la peine.

Crochetière, 72 ans, était en possession de 9830 images et vidéos, alors que les policiers ont retrouvé 200 photos et 76 films et vidéos dans les effets de Goyette.

Les chiffres évoqués, a dit la policière, constituent hors de tout doute du matériel de pornographie juvénile. «Si on a des doutes, on préfère s’abstenir», a confié l’experte faisant partie d’une équipe de six enquêteurs spécialisés disposant de la même formation.

Interrogée par le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Maxime Laroche, la policière a qualifié «d’assez considérable» la quantité de matériel retrouvé chez les deux individus. «Mais une seule image, c’est déjà trop, parce que derrière ces images, ce sont des enfants qui se font agresser», a-t-elle précisé.

La policière a fait état du contenu dégoûtant des films et photos, montrant des relations sexuelles entre enfants et des relations entre adultes et enfants âgés d’environ 6 à 12 ans, mais aussi des bébés de deux ou trois mois.

Le matériel, selon elle, provenait d’autres pays, principalement de l’Allemagne.

Plaidoirie de la poursuite

En semblable matière, les peines imposées par les tribunaux vont de six mois à deux ans d’emprisonnement, a indiqué Me Laroche révélant du même coup qu’il allait réclamer 18 mois de prison pour Edgar Crochetière en plus d’une probation de trois ans.

Le représentant du ministère public a bien évoqué certains facteurs atténuants, comme le plaidoyer de culpabilité offert par le septuagénaire et son absence d’antécédent judiciaire, mais il a, en revanche, signalé les facteurs aggravants, l’âge des victimes et le contenu du matériel. «C’est excessivement troublant, les actes de violence, de bestialité, la présence de bébés. Le nombre est impressionnant et le contenu est très aggravant avec toutes des images d’enfants différents», a souligné Me Laroche.

Pour la poursuite, par ailleurs, le rapport présentenciel ne se révèle pas très positif. «Ça m’a surpris, il nie les conséquences préjudiciables pour les victimes qui sont agressées, parfois ligotées. De jeunes êtres dont on a détruit l’enfance», a-t-il confié.

Le pronostic s’annonce plutôt sombre au sujet de l’homme de 72 ans. «Il ne montre aucune conscientisation, aucune responsabilisation. On ne constate même pas une étincelle de conscientisation. Il estime que les évaluations du Tribunal constituent une perte de temps et d’argent. Il n’y voit aucune pertinence, a plaidé Me Laroche. Il n’élabore aucun élément de réhabilitation, mais il prétend vouloir se conformer à la loi. Peut-on s’imaginer qu’il se conformera? J’en doute.»

L’audience a été ajournée à vendredi dans le cas de Crochetière qui n’a visiblement pas tellement apprécié la photo prise par le www.lanouvelle.net. «Vous devez être fier de votre métier de salaud», a-t-il exprimé.

Quant à Serge Goyette, les représentations sur la peine se tiendront jeudi. Mais son avocat, Me Matthieu Poliquin, a déjà fait savoir, comme le réclame son client, qu’il demandera sa détention immédiate, et ce, peu importe le moment où le juge Bruno Langelier fera connaître sa décision.