Incendie criminel : prison ferme ou dans la collectivité, la juge devra trancher
Au palais de justice de Victoriaville, mardi, la juge Dominique Slater de la Cour du Québec a entendu les arguments des parties et devra décider si Martin Aubé, l’auteur d’un incendie criminel, doit purger une peine ferme de détention ou la purger à domicile (dans la collectivité).
La présidente du tribunal fera connaître sa décision le mercredi 9 octobre en après-midi.
L’incendie en question remonte au 25 février 2022 vers 23 h 30. Le feu a pris naissance dans un logement au demi-sous-sol d’un immeuble de six logements sur la rue Jolicoeur.
L’avocat de Martin Aubé, Me Jean-Riel Naud, a rappelé les faits, indiquant que le feu a été allumé à deux endroits avec des allumettes lancés par son client qui a ensuite quitté les lieux.
Il se serait rendu sur une piste cyclable pour observer la scène et l’intervention des pompiers pour ensuite revenir sur place et parler aux policiers.
Questionné par son avocat, l’accusé a raconté que le soir de l’incendie, il se trouvait au bord du gouffre financièrement, qu’il éprouvait beaucoup d’anxiété depuis un certain temps, qu’il s’était beaucoup isolé avec la pandémie. « J’ai paniqué, je voulais juste en finir. Je me disais que je n’aurais plus de problème. Je n’étais pas là. Je ne comprends pas comment l’idée m’est venue et comment j’en suis arrivé là », a-t-il relaté.
À la suite de son arrestation, l’homme, âgé bientôt de 40 ans, a consulté un médecin, participé à un groupe relativement à son problème d’anxiété. Retrouver sa famille lui a fait du bien.
S’il est revenu s’établir à Victoriaville après avoir vécu chez ses parents, puis chez une de ses sœurs, c’est qu’on y retrouve davantage de possibilités en ébénisterie. Martin Aubé a comme projet de terminer sa formation en ébénisterie à l’École nationale du meuble et de l’ébénisterie, lui qui a déjà obtenu un diplôme en finition de meuble.
L’homme a exprimé ses regrets. « Je suis désolé. Mes voisins ont certainement dû vivre un calvaire. J’aurais pu blesser ou tuer quelqu’un, a-t-il dit avec émotion. J’aurais dû aller chercher de l’aide. Je veux maintenant tout faire pour qu’il n’y ait plus rien de dramatique qui arrive dans ma vie. Je veux pouvoir avancer et mieux aller. »
Les arguments des parties
Alors que le ministère public a laissé savoir qu’il réclamait une peine ferme de 15 mois d’emprisonnement, Me Naud s’est dit en accord avec la durée, mais une telle peine doit, selon lui, être purgée dans la collectivité.
« Au moment de poser le geste, il était à bout au niveau psychologique avec des pensées suicidaires et une anxiété sévère. Depuis son arrestation, il a fait un certain bout de chemin, il s’est rapproché de sa famille et n’a pas commis d’autres infractions », a fait valoir l’avocat qui a déposé des cas de jurisprudence pour lesquels une peine avec sursis a été imposée. « Vous devez analyser la possibilité d’une peine dans la collectivité. Mon client remplit tous les critères », a exposé Me Jean-Riel Naud.
Du côté de la poursuite, le son de cloche est différent. « Les peines avec sursis sont bien souvent imposées pour des bâtiments non habités, des entreprises et des commerces. Ici, l’accusé savait que l’immeuble était habité. Il a fait preuve de mépris pour la vie humaine. Il s’agit d’un facteur aggravant », a soutenu Me Michel Verville évoquant aussi le risque de récidive considéré comme moyen.
« On ne peut dire non plus qu’il était en dépression. La psychiatre parle d’un épisode dépressif circonscrit dans le temps », a ajouté le procureur du ministère public.
Quant à la mobilisation de l’accusé à la suite des événements, Me Verville l’a qualifiée de limitée.
Selon lui, une peine ferme de 15 mois de détention assortie d’une période de probation de deux ans serait appropriée.