Homicide involontaire : preuve close du ministère public
À Victoriaville, au procès de Dominic Bernaquez-Lachance, accusé d’homicide involontaire en lien avec le décès de David Murray en mai 2022 à Notre-Dame-de-Lourdes, le procureur de la poursuite, Me Michel Verville, a terminé, mardi midi, la présentation de sa preuve.
En matinée, il a fait entendre cinq témoins, à commencer par la conjointe de l’accusé, Isabelle Lavoie, suivie de sa sœur Catherine, conjointe de la victime, David Murray.
Isabelle Lavoie a d’abord raconté la journée du 28 mai 2022, soulignant que tout s’était bien déroulé, que son conjoint Dominic et David Murray avaient passé l’après-midi à s’adonner au tir récréatif avant de revenir à la maison vers 16 h 30.
Tout s’est bien passé, ils ont jasé, consommé de l’alcool et ils ont soupé.
Vers 19 h 30, 20 h, pense-t-elle, sa sœur Catherine, fatiguée, est montée dans son logement, suivie un peu plus tard par son copain David.
En fin de soirée, Isabelle Lavoie raconte que sa sœur est entrée en trombe pour la réveiller dans sa chambre. « Elle était paniquée, à la limite hystérique. Je ne comprenais pas ce qu’elle disait. J’ai fini par comprendre qu’il s’était passé quelque chose entre David et Dominic », a-t-elle relaté.
Les deux sœurs ont monté l’escalier pour retourner dans l’appartement de Catherine. Isabelle a aperçu David à plat ventre et Dominic à genou, retenant la tête de David dans une position qui n’a jamais changé, selon elle. « David semblait endormi. Il ronflait très fort. Je l’entendais très bien, un ronflement constant, égal », a-t-elle soutenu.
Dominic Bernaquez-Lachance lui a expliqué que David lui avait sauté dessus, qu’il ignorait comment il avait réussi à le mettre au sol, mais qu’il le retenait au sol pour éviter qu’il se relève et qu’il recommence.
Isabelle Lavoie s’est souvenue qu’après l’appel fait au 9-1-1, elle est sortie au moins deux fois sur le balcon extérieur avec sa sœur qui voulait fumer et qu’elle tentait de calmer.
Les deux femmes se trouvaient sur le balcon, a-t-elle dit, lorsque les premiers policiers sont arrivés sur les lieux.
Interrogée par Me Verville, Isabelle Lavoie a reconnu que sa sœur lui avait déjà fait part de certains agissements de son conjoint David Murray quand il était en boisson. « Il pouvait être sec, raide et la bousculer. C’était assez pour que ça m’inquiète. Je n’aimais pas ça », a-t-elle confié.
En contre-interrogatoire, à une question de Me Guy Boisvert, le témoin a admis qu’avant l’arrivée des policiers, rien ne laissait croire que la victime se trouvait dans un état de détresse. « On pensait qu’il dormait », a-t-elle conclu.
Deuxième témoin
Catherine Lavoie, la conjointe de la victime, a été appelée comme second témoin de la matinée.
Elle a raconté qu’après le souper, ce jour-là (le jour du drame), la fatigue se faisant sentir, elle décide de retourner à son appartement vers 19 h 30 avec son copain David Murray. « Je voulais être seule avec lui. On a continué à boire et à s’amuser. Mais vers 22 h 30, il a commencé à être violent avec moi et à me pousser. Je lui ai dit que j’allais appeler Dominic s’il continuait. Il m’a dit qu’il s’en foutait. J’ai appelé Dominic qui est arrivé trois ou quatre minutes plus tard. Quand il est entré, David a littéralement sauté sur lui de rage », a-t-elle souligné.
Tout allait bien pourtant, selon elle, jusqu’à ce « qu’une bulle pète, que deux fils se touchent ». « Il était en colère, enragé. Il demandait que j’arrête de boire et ne voulait pas que je fume », a-t-elle confié.
Catherine s’est précipitée chez sa sœur, constatant que Dominic avait maîtrisé David au sol. « Il l’a simplement maîtrisé pour qu’il arrête d’être violent et méchant. David était couché sur le dos et Dominic était à genou, il le maîtrisait par l’encolure. »
C’est à l’arrivée des policiers qu’elle dit avoir constaté que David Murray commençait à avoir un teint bleu.
Contre-interrogée par Me Boisvert, Catherine Lavoie a fait savoir qu’il était arrivé à deux ou trois occasions que son copain fasse une crise, que les fils se touchent.
Autres témoins
Le ministère public a aussi appelé à la barre des témoins les deux premiers policiers de la Sûreté du Québec arrivés sur les lieux, Enrik Martel-Nadeau et Patrick Vincent, de même qu’un paramédic Alexandre Savoie.
Ce dernier a raconté qu’il avait reçu comme information initiale la présence d’un homme inconscient, mais en cours de route, il a appris que les policiers avaient entrepris les manœuvres de réanimation. « À notre arrivée, deux policiers étaient présents, dont l’un effectuait des manœuvres. En l’évaluant, on a constaté une asystolie, une absence d’activité électrique au cœur. Aucun choc ne pouvait donc être donné », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, le policier Patrick Vincent, dans son contre-interrogatoire, dit avoir constaté le teint bleu du côté du visage qui touchait le sol seulement une fois la tête retournée.
Puis questionné à cet effet, l’agent a reconnu que Dominic Bernarquez-Lachance ne semblait pas tenir serrée la tête de David Murray. « C’était une prise efficace pour maîtriser quelqu’un, mais je n’ai pas vu de veines sorties comme s’il forçait », a-t-il précisé.
Le procès se poursuit cet après-midi avec l’entrée en scène de la défense.