Homicide involontaire : Dominic Bernaquez-Lachance subit son procès

En lien avec le décès de David Murray, 33 ans, survenu en mai 2022 à Notre-Dame-de-Lourdes, le procès de Dominic Bernaquez-Lachance, accusé d’homicide involontaire, s’est ouvert lundi matin au palais de justice de Victoriaville.

Le juge Simon Ricard de la Cour du Québec préside le procès prévu pour une durée de cinq jours.

Le procureur Me Michel Verville pilote le dossier pour le ministère public alors que Me Guy Boisvert assure la défense de l’accusé.

Me Verville en poursuite a d’abord fait entendre le policier Dany Dufour, l’enquêteur responsable du dossier.

Il a notamment révélé qu’un appel au 9-1-1 a été reçu le 28 mai 2022 à 23 h 18 relativement à une dispute.

L’accusé a parlé lors de l’appel, disant qu’il était intervenu lors d’une chicane, qu’il avait maîtrisé un individu et qu’il voulait une assistance policière.

Les policiers sont arrivés sur les lieux, un immeuble de la route de l’Ancienne église à Notre-Dame-de-Lourdes, à 23 h 36.

Dominic Bernaquez-Lachance, à l’arrivée des policiers, s’est retiré. Un des policiers a vérifié l’état de la victime. « Le visage de la victime avait une couleur bleutée et son pouls était très faible », a relaté l’enquêteur.

Les policiers ont rapidement demandé l’assistance d’une ambulance. À 23 h 50, les intervenants constatent que la victime ne respire plus. On utilise un défibrillateur et on entreprend les manœuvres de réanimation.

Les paramédics ont quitté avec la victime à 0 h 23 à destination de l’Hôtel-Dieu-d’Arthabaska. Durant tout le trajet, les manœuvres de réanimation se sont poursuivies.

Il était 0 h 44 lors de l’arrivée au centre hospitalier. Malheureusement, le décès de l’homme a été constaté vingt minutes plus tard, à 1 h 04.

Les policiers ont procédé à l’arrestation de Dominic Bernaquez-Lachance à 1 h 16.

Sur place, la scène a été protégée et a fait l’objet d’une analyse complète.

Questionné par Me Verville, l’enquêteur Dufour a commenté des photos qui ont été présentées, dont une morsure faite par l’accusé à l’omoplate de la victime lors de l’altercation.

Après son arrestation, l’accusé a été emmené au poste de la Sûreté du Québec de la MRC de L’Érable, à Plessisville, où des enquêteurs des crimes contre la personne l’ont rencontré. « Il a refusé l’assistance d’un avocat, affirmant n’avoir rien à cacher », a souligné l’enquêteur.

Par la suite, Dominic Bernaquez-Lachance a été conduit au poste de la SQ de la MRC d’Arthabaska à Victoriaville pour son interrogatoire vidéo qui s’est échelonné de 8 h 01 à 11 h 20.

En contre-interrogatoire, Me Guy Boisvert a été expéditif avec le policier. À ses questions, l’enquêteur a indiqué que l’accusé n’avait aucun antécédent judiciaire.

Quant à la victime, David Murray, le policier a répondu qu’il possédait des antécédents judiciaires en matière de violence et qu’il avait déjà purgé des peines d’emprisonnement.

Audition des appels

Le ministère public en ensuite présenté en preuve l’appel fait au 9-1-1 et des communications entre les policiers et le service ambulancier.

Dans l’appel au 9-1-1, on y entend l’accusé parler calmement. « Il a fallu que je maîtrise quelqu’un dans le logement d’une autre personne qui n’est pas chez nous. Je ne le lâcherai pas, car il voulait attaquer quelqu’un. Je le tiens, il est comme endormi. »

À l’autre bout du fil, on lui demande de s’assurer que l’homme respire toujours. « Je ne le serre pas, je le maîtrise. Il n’est pas conscient, mais il respire », a fait savoir l’accusé.

Interrogatoire vidéo

En fin de matinée, à 11 h 40, la présentation de l’interrogatoire vidéo a commencé.

Dominic Bernarquez-Lachance mentionne n’avoir rien à cacher, qu’il a décidé librement de suivre les policiers qui ne l’ont pas menotté.

Au poste de police à Plessisville, il dit s’être ouvert et leur a parlé de son plein gré, tout en précisant n’avoir subi ni menaces, ni pression, ni promesses de la part des forces de l’ordre.

Rendu au poste de la SQ à Victoriaville, l’enquêteur lui a expliqué son droit au silence, que tout ce qu’il dira pourrait servir de preuve, qu’il peut recourir sans délai à tout moment à un avocat, ce qu’il n’a pas cru bon de faire à ce moment.

Concernant David Murray, le conjoint de sa belle-sœur qui habitait dans le même édifice, l’accusé dira qu’il ne l’avait pas vu beaucoup auparavant, qu’il apprenait à le connaître.

Mais le jour du drame, en après-midi, les deux hommes, à l’invitation de l’accusé, s’étaient rendus pratiquer le tir avec des armes à feu dans un lieu sécuritaire à Villeroy.

Avant de revenir à la maison pour le souper, les deux hommes ont fait une halte au dépanneur à Villeroy. La victime a fait l’achat de deux caisses de 12 bières, l’une pour l’accusé afin de le remercier pour cet après-midi de tirs.

« On s’entendait bien, c’était toujours correct. Il n’y a pas eu d’altercation, zéro rien », relate l’accusé à l’enquêteur.

Cependant, plus tard dans la soirée, alors qu’il se trouve dans l’appartement de sa copine, Dominic Bernaquez-Lachance répond à un deuxième appel téléphonique. Sa belle-sœur, en pleurs, demande de l’aide.

En sortant de l’appartement, il raconte avoir entendu des cris et du brasse-camarade. C’est alors, dit-il, qu’il s’est précipité en courant à l’étage. « J’y allais pour les séparer. Je ne savais pas trop ce qui se passait, mais en tournant le coin, il m’a sauté dessus et la chamaille a pogné. »

Dans cet interrogatoire vidéo, l’accusé raconte qu’aucun coup de poing n’a été échangé. « Une bataille de bras », a-t-il souligné pour illustrer davantage une lutte.

Dominic Bernarquez-Lachance affirme avoir réussi à le maîtriser et à le mettre au sol, à plat ventre. 

« Il se débattait comme un malade. Je l’ai mordu pour l’arrêter. Puis, il est comme tombé endormi, comme si tu ronflais », confie-t-il à l’enquêteur.

Aux filles présentes dans le logement, l’accusé demandait s’il devait le lâcher, craignant alors ce qu’il pourrait faire. « Je suis resté sur lui et on a appelé la police. Une fois maîtrisé, j’étais accoté par-dessus. Je ne serre pas, je suis juste par-dessus en attendant l’arrivée de la police. »

Le juge Ricard a suspendu l’audience vers 12 h 45 pour l’heure du dîner. L’audition de l’interrogatoire vidéo se poursuit cet après-midi.