Délits sexuels : Joël Poliquin nie les faits

VICTORIAVILLE. Témoignant pour sa propre défense, Joël Poliquin a nié avoir eu des relations sexuelles avec la plaignante en 1998 au moment où elle fréquentait l’école secondaire Monique-Proulx de Warwick.

L’ex-enseignant, ex-directeur adjoint de la polyvalente La Samare et musicien réputé, Joël Poliquin fait face à une accusation d’attouchements sexuels par une personne en situation d’autorité.

Dans son témoignage, mercredi après-midi, l’accusé a toutefois admis une aventure avec la jeune femme, mais beaucoup plus tard après ses études secondaires.

Interrogé par son avocat Me Guy Boisvert sur la relation vis-à-vis la plaignante lorsqu’elle fréquentait l’école, Joël Poliquin a indiqué qu’il s’agissait d’une relation prof-élève, comme avec les autres étudiants. «J’avais de bons élèves, c’était valorisant de leur enseigner, a-t-il confié. Une belle chimie s’est installée, c’était amical, poli et respectueux.»

L’ex-enseignant de musique estime fausse l’affirmation de la plaignante concernant une première relation sexuelle qui serait survenue lors d’un camp de préparation en vue du Festival des harmonies de Sherbrooke. «Ce n’est pas arrivé, si quelqu’un avait eu affaire à moi», a-t-il répondu, expliquant qu’il avait la responsabilité des élèves.

L’accusé rejette aussi la possibilité d’une relation sexuelle lors du Festival alors qu’il partageait sa chambre avec un accompagnateur. «Nous n’étions pas la seule école dans une même résidence étudiante. Et il y avait aussi de la surveillance», a-t-il précisé.

Une fois les études secondaires terminées pour la plaignante, Poliquin a admis avoir gardé contact avec elle, comme il l’a fait, selon lui, avec certains autres. «C’était ma première cuvée d’élèves, mon équipe a gagné la Coupe Stanley. On a obtenu des résultats très intéressants», a-t-il dit, indiquant qu’il a échangé des courriels avec la jeune femme.

«Au début, a-t-il relaté, c’est un contact informel. Ensuite, ce fut un échange intellectuel. Elle est très intelligente. Puis, est venu un premier souper, et un deuxième, pour mener à une aventure sporadique. À un moment, je n’ai plus obtenu de nouvelle. Ça a fini pour mourir de sa belle mort.»

Contre-interrogé par la représentante du ministère public, Me Ann Marie Prince, l’accusé de 45 ans, a été catégorique : «Il ne s’est rien passé durant la période scolaire.»

«Est-ce qu’elle vous plaisait?», a questionné Me Prince. «Elle était une étudiante comme les autres. Je n’avais pas d’attirance sexuelle, mais peut-être intellectuelle», a-t-il noté.

Quant à la teneur des courriels échangés, Poliquin les a qualifiés de «très ordinaires», sans but précis. «Les courriels n’annonçaient pas que ça allait devenir plus intime», a-t-il dit.

C’est la plaignante, selon sa version, qui l’aurait invité à souper. «Avez-vous eu des soupers avec d’autres étudiantes?», a interrogé la procureure de la poursuite. À cela, l’accusé a répondu négativement.

S’il se souvient que les deux soupers ont eu lieu dans le même restaurant italien de Montréal, il n’a toutefois pas mémoire du nom du restaurant, ni du nom de la rue. «Je sais que c’est dans le Quartier Latin», a-t-il souligné.

À la suite de ces soupers, Joël Poliquin a reconnu avoir eu deux relations sexuelles avec la jeune femme.

«Ne ressentiez-vous pas un malaise du fait qu’il s’agissait de votre ancienne étudiante?», a demandé Me Prince.

Quelques secondes de silence. «J’y ai pensé. Mon malaise provenait surtout du fait de tromper ma femme. Mais elle me l’a dissipé assez vite», a-t-il fait savoir.

Une autre relation sexuelle serait survenue, selon lui, plus tard, en 2006, alors que la jeune femme serait allée le rejoindre dans un hôtel sherbrookois. «J’avoue que j’aurais voulu relancer la relation, mais je ne sais pas pourquoi, c’est dur à dire, c’est mort de sa belle mort, ce sont les mots appropriés», a indiqué l’accusé.

Questionné par la poursuite au sujet des propos de la plaignante qui lui aurait fait savoir qu’elle cessait la relation puisqu’un homme était entré dans sa vie, Joël Poliquin a répondu que «ce n’est pas précis».

L’accusé, à une autre question, a soutenu qu’il avait un excellent rapport avec l’étudiante. «Comme j’en avais avec les autres», a-t-il signalé.

«Vous êtes-vous trouvé seul avec elle dans votre bureau?», a voulu savoir la représentante du ministère public. «Pas plus, pas moins qu’avec une autre. Je suis persuadé que c’est arrivé, comme ce fut le cas avec pleine de monde», a-t-il souligné, tout en concluant qu’il n’a pas vécu de conflit avec la plaignante, ni durant le secondaire. «Il n’y avait pas de raison.»

Une fois la preuve close en défense, les parties ont convenu, si possible, de se revoir demain (jeudi) à 11 h pour leurs plaidoiries.

Si cela devenait impossible, le juge Jacques Trudel les entendrait quelque part dans la semaine du 16 février. On le saura demain.