Crimes sexuels : Renaud Bédard-Bolduc condamné
Un ex-Princevillois Renaud Bédard-Bolduc a été condamné, mardi midi, à 23 mois et 13 jours de détention pour des crimes sexuels envers trois jeunes garçons âgés de 12 et 13 ans. Mais en retranchant la détention provisoire, l’homme de 33 ans doit purger 12 mois et 20 jours de prison.
Le juge Jacques Lacoursière de la Cour du Québec a ainsi entériné une suggestion commune présentée par Me Maxime Laroche de la poursuite et l’avocat de l’accusé, Me Patrick Fréchette.
D’entrée de jeu, Renaud Bédard-Bolduc a reconnu sa culpabilité à trois chefs d’accusation d’incitation à des contacts sexuels et à un chef de contacts sexuels.
Les crimes ont été commis entre 2007 et 2010 dans la région et ailleurs au Québec. Ils se sont aussi produits dans un contexte d’autorité et de confiance.
Une ordonnance de non-publication interdit de révéler tout renseignement permettant d’identifier les victimes.
En effectuant un résumé des faits, le procureur aux poursuites criminelles et pénales, Me Maxime Laroche, a soulevé les incitations par l’accusé à des actes sexuels. Et à deux occasions, Bédard-Bolduc s’est livré à des fellations sur l’un des trois plaignants.
Témoignages émouvants
Avant l’imposition de la peine, les mères des victimes ont tenu à témoigner des moments difficiles vécus, des impacts subis dans cette affaire.
Dans une lettre lue par Me Laroche, l’une des mamans fait savoir que jamais elle ne se serait attendue à un tel choc, à vivre une telle horreur. «Dès 2012, mon cœur de mère s’est arrêté de battre. Notre vie a été mise en suspens», écrit-elle, non sans parler de sa rage, de sa colère vis-à-vis la lenteur du système judiciaire.
«Aucune sentence ne pourra réparer les torts», note la mère qui évoque aussi les grandes souffrances de son fils, son mal de vivre et ses tentatives de suicide.
L’autre maman a pris la parole pour donner une voix à ses fils, racontant que son cœur de mère a été blessé, parlant de son sentiment de culpabilité. «Je m’en veux, a-t-elle dit, de ne pas avoir été là pour les protéger. Quand ça arrive, notre monde s’écroule. Nos enfants sont ce que nous avons de plus précieux.»
Elle aussi a trouvé pénible le long processus judiciaire de cinq ans. «On avait l’impression de ne plus avoir le contrôle sur rien», a-t-elle souligné, rappelant les nombreux changements d’avocat de Renaud Bédard-Bolduc et de son absence le 29 octobre 2015 alors que devait débuter son procès.
«J’étais enragée, en colère envers la justice. J’ai ressenti de la peine, de la rage, de l’impuissance et un sentiment d’injustice», a-t-elle confié, ajoutant qu’en famille, avec l’amour, tous souhaitaient maintenant tourner la page.
Le juge s’exprime
Le président du Tribunal, avant d’entériner la suggestion, a demandé à Renaud Bédard-Bolduc s’il souhaitait s’exprimer. «Non», a-t-il simplement répondu.
Le juge Lacoursière a ensuite noté qu’il s’agissait «d’infractions très graves». «Les dispositions de la loi nous indiquent de porter une attention particulière aux objectifs de dénonciation et de dissuasion. La Cour d’appel nous répète que ce genre de crime répugne à notre société, que ces crimes doivent être punis sévèrement», a indiqué le magistrat avant de s’adresser l’accusé. «Dans cette situation d’autorité, vous avez trahi ce lien de confiance pour obtenir et tenter d’obtenir des gratifications sexuelles», a-t-il mentionné.
Le juge a fait écho aux témoignages des mères, soulignant que les jeunes hommes ont subi d’importantes séquelles. «Ils avaient droit de découvrir la vie, la sexualité à leur façon, à leur rythme. Et vous avez contrecarré ça. Vous en avez profité pour assouvir vos bas instincts», a signalé le juge Lacoursière tout en disant éprouver beaucoup de sympathie pour les victimes. «J’espère que vous réalisez les torts que vous avez faits», a-t-il lancé à Renaud Bédard-Bolduc.
Le magistrat s’est ensuite adressé aux mamans des victimes. «Dites à vos fils que j’ai beaucoup d’empathie pour eux», leur a-t-il dit, disant comprendre aussi leur déception envers le système judiciaire. «Je suis bien conscient que cela a été pénible durant toutes ces années. Mais en 34 ans de métier et pour avoir vu ce qui se passe dans d’autres pays, je peux vous dire que je ne connais pas meilleur système. Mais comme notre système fonctionne avec des humains, il connaît des ratés», a fait valoir le juge Jacques Lacoursière.
Des conditions
Outre la peine d’emprisonnement, Renaud Bédard-Bolduc verra son nom inscrit à perpétuité au registre des délinquants sexuels.
Il sera soumis à une période de probation de trois ans. Il devra aussi observer diverses conditions, dont l’interdiction de communiquer avec les victimes et leurs familles, de ne pas se trouver en présence des victimes, ni de se présenter à leur domicile et lieu de travail.
Par ailleurs, pour cinq ans, Renaud Bédard-Bolduc ne pourra occuper un emploi pouvant le mettre en relation d’autorité ou de confiance avec des personnes de moins de 16 ans.
Dans d’autres dossiers, par ailleurs, l’ex-Princevillois a plaidé coupable à des accusations de vol, d’avoir fait défaut de se présenter à son procès, d’entrave au travail policier et de bris de conditions et d’engagement.
L’homme présentait aussi des antécédents en matière de stupéfiants, de recel, de conduite avec les capacités affaiblies et de conduite pendant interdiction.