Une résidence d’artiste appréciée pour Francine Péloquin
Le temps de deux semaines, l’artiste victoriavilloise Francine Péloquin s’est installée en résidence au Boisé-des-frères-du-Sacré-Cœur. Une occasion pour elle de créer dans un environnement enchanteur et d’aller plus loin dans sa pratique.
Elle en a même profité, au début, pour réaliser l’œuvre qu’elle avait planifiée pour l’événement Champ libre qui s’est tenu il y a quelques jours. Son projet s’installe en effet dans la pinède désormais éclaircie alors que pour Champ libre, les organisateurs ont décidé de tenir l’événement dans un autre secteur du boisé. Francine a donc offert une autre œuvre pour l’activité commune et a pris quelques jours de sa résidence pour mettre en place « 100 paix ».
Il s’agit d’une installation composée de 100 drapeaux blancs faits de papier qui sont piqués sur autant de souches d’arbres récemment abattus. « Ils commémorent leur disparition », explique-t-elle. Avec cette installation, elle souhaite sensibiliser à la coupe des arbres. « Je ne suis pas contre et je peux comprendre s’ils seront utilisés dans des fonctions honorables », a-t-elle précisé. Pour elle, l’art qu’elle pratique depuis de nombreuses années et en utilisant différents médiums et techniques (dont le papier tout particulièrement) est comme la parole ou l’écriture. Il lui permet de s’exprimer et est donc le véhicule de sa pensée.
Francine est heureuse d’avoir pu utiliser la résidence du boisé afin de créer ailleurs que dans son atelier à la maison et, du même coup, rencontrer et discuter avec les gens qui passent par là et s’arrêtent pour voir ce qu’elle fabrique. Il s’agit d’une rare occasion de voir son travail, elle qui confie ne pas exposer beaucoup. « Mais le public voit quand même mes œuvres chez moi ou lors de petites expositions », fait-elle savoir.
Il faut dire que l’artiste multidisciplinaire se considère comme une artiste à compte d’auteur qui ne court pas nécessairement après les opportunités d’expositions. « Je suis très casanière », souligne-t-elle. Ainsi, le geste créatif, tout simplement, la remplit et la fait réfléchir, ce qu’elle apprécie. « Je travaille beaucoup avec le papier, une matière qui est moins polluante et non pérenne », apprécie-t-elle. Pour Francine, pas question que quelqu’un s’enrichisse grâce à son travail après sa mort. Le papier permet aussi une belle liberté et elle l’utilise à différentes fins, dont en sculpture. « C’est léger, facile à travailler et est éphémère », ajoute-t-elle. Retraitée de l’enseignement depuis une dizaine d’années, Francine Péloquin est de retour à Victoriaville depuis six ans maintenant. Elle y avait habité il y a une quarantaine d’années et est revenue s’y installer. L’artiste y a conservé une base sociale et artistique solide. Il s’agit pour elle d’une première résidence au boisé et l’expérience lui aura fait du bien. « La nature me parle. »
Démocratiser l’art
L’artiste estime qu’il faut démocratiser l’art et considère que tout le monde devrait avoir droit à une part de création. « L’art, ce n’est pas un don, c’est un exercice », souligne celle qui a enseigné cette matière pendant des années. Il permet d’aller à l’intérieur de soi, de découvrir ses intérêts, de s’analyser, mais de façon ludique. « On s’arrête pour savoir qui on est », estime-t-elle.
Dans sa pratique, elle a un désir profond d’une ouverture intellectuelle chez l’humain. « Qu’il reconnaisse l’histoire, qu’il s’y reconnaisse aussi afin de ne pas refaire les mêmes erreurs », espère-t-elle. Son travail, depuis sept ans environ, s’inspire d’Ulysse, ce héros de la mythologie grecque. Avant lui, c’était Cendrillon qui était source d’inspiration. « Deux « fashion victims » selon moi », termine-t-elle. Francine Péloquin vient compléter la série de résidences artistiques estivales réalisées tout au long de l’été au Boisé-des-frères-du-Sacré-Cœur.