Une importante page se tourne pour le FIMAV

Deux piliers du Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV) ont annoncé leur retraite de l’organisation. Ainsi, Michel Levasseur et Joanne Vézina quitteront l’organisation après avoir complété la 39e édition qui se prépare actuellement. 

On peut dire qu’ils sont le cœur et l’âme de ce festival. En effet, si Joanne est plus discrète du côté de l’administration qu’elle assure depuis 1991, son travail a toujours été primordial. Quant à Michel Levasseur, directeur général et artistique, il est l’image du festival qu’il a fondé avec quelques autres personnes en 1982 (première édition en 1983). C’est son nom qui vient en tête lorsqu’il est question de l’événement et c’est toujours lui qui présente chacun des concerts. Rencontré en entrevue, celui qui a maintenant 70 ans explique, en incluant Joanne qui est également sa conjointe dans la vie, qu’ils ont tous les deux beaucoup donné. « Nous avons maintenant besoin de temps pour nous », a-t-il lancé d’entrée de jeu.

Il faut dire que les dernières années n’ont pas été faciles pour l’organisme et son équipe. Outre la pandémie, qui a nécessité une année de pause en 2020, mais qui a pu se targuer en 2021 d’être un des seuls événements offerts en présentiel, en respectant toutes les mesures sanitaires, il a fallu déplacer des concerts pour l’édition 2023, n’ayant plus accès au Colisée Desjardins. « C’est différent, plus stressant », confie Michel. Si auparavant il ressortait du festival stimulé, les dernières années auront été plus compliquées. « C’est à l’automne qu’on a pris la décision de prendre notre retraite », ajoute-t-il.

Cette tuile, tombée sur la tête du festival à la fin de 2022 qui a nécessité un changement de lieu, sera peut-être, comme Michel Levasseur l’espère, une façon pour l’événement d’évoluer de façon positive. En effet, la majorité des concerts auront lieu au Carré 150 et les autres du côté du centre des congrès Le Victorin dont la salle sera complètement adaptée à l’ambiance FIMAV. « Nous avons d’ailleurs déjà réservé les dates de 2024 au Victorin. J’ai confiance que l’on vient de semer quelque chose », annonce-t-il. De toute façon, c’est dans l’ADN du FIMAV de toujours devoir aménager des salles pour y tenir des spectacles. En effet, au fil des ans, après le 2, rue Drouin, le festival s’est tenu en différents endroits de Victoriaville, dont la salle de groupement du Cégep, le Colisée et même au Pavillon du mont Arthabaska. 

Un peu d’histoire

C’est en 1982 que les Productions Plate-Forme ont été lancées. « Nous étions six personnes et avons mis 50 $ chacune afin de présenter des spectacles », se souvient-il. De la danse, de la musique folklorique, bref tout ce qui avait une connotation moins « populaire ». À cette époque, des programmes financiers étaient disponibles pour la création d’événements du genre. Avec cette volonté de présenter autre chose, un projet de festival a été concocté. « Mais toutes les demandes de subvention ont été refusées en juillet pour l’événement prévu en octobre », rappelle Michel. C’est alors qu’il a eu l’idée de contacter l’Orchestre Symphonique de Montréal qui a accepté de venir y jouer, mais en décembre seulement. Ainsi, le premier festival s’est tenu pendant ce mois. « L’OSM a joué au Colisée devant 1500 personnes », se remémore-t-il. Pour les autres concerts (une douzaine en tout), il y a eu 1500 spectateurs en tout. L’essence de l’événement qui se tient encore aujourd’hui était déjà là, comme on peut le voir dans le premier programme officiel. Depuis, le festival s’est poursuivi, contre vents et marées et toujours avec ce capitaine (Michel Levasseur), prêt à défendre le FIMAV.

Son chant du cygne

Pour le dernier festival que le directeur général et artistique organise, même si la programmation n’a pas été faite avec cette intention précise, le FIMAV accueillera des noms importants des 40 dernières années, comme Fred Frith et John Zorn. « Il y aura plusieurs musiciens d’importance dans l’histoire du festival et plusieurs autres qu’on ne connaît pas », ajoute-t-il. Ainsi, même pour les habitués, il y aura des découvertes à faire. « Ce sera un beau mélange de nationalités et de genres musicaux », dit-il encore avec passion. Les Installations sonores reviennent également, elles qui ont donné une deuxième vie à l’événement lors de leur arrivée, à la suite du 25e. On pourra même en compter une de plus cette année, permettant encore davantage de faire découvrir la musique actuelle aux gens de la région, étant installées dans l’environnement municipal.

La suite

Michel aurait bien aimé assurer la suite avant de quitter et avait fait des efforts afin de trouver, au cours des dernières années, une relève pour occuper les fonctions qui seront vacantes à la fin de l’année. Mais sans succès jusqu’à présent. Un processus est donc lancé afin de dénicher deux ou trois personnes pour prendre le relais. Peut-être que l’annonce des deux départs va sensibiliser des gens qui voudront s’impliquer. Quant à Joanne et Michel, ils n’ont pas de projets précis pour le moment. « Ça a été une décision difficile et, pour l’instant, nous vivons dans le présent, occupés à préparer le FIMAV 2023 », ajoute Michel. Le couple compte voyager et écouter de la musique, pour le simple plaisir et non dans l’optique de trouver des noms pour le prochain festival.

Chose certaine, l’annonce de leur départ, la semaine dernière, aura suscité beaucoup de commentaires de la part des gens qui gravitent autour de l’événement. « J’ai reçu plusieurs messages. Cela a amené un brassage d’histoire. C’est émouvant de voir ça et montre que le FIMAV a un historique positif », croit-il. Bien entendu, Michel souhaite que ce festival dans lequel il a mis toute une vie de travail survive. « J’ai toujours fait de mon mieux et accepté la critique. Mais dans l’art et la culture, brasser le monde est nécessaire », estime-t-il. Et c’est ce qu’il a fait, avec détermination, pendant toutes ces années, malgré les nombreuses embûches. « Ça été une implication sociale et politique que de présenter le festival ici, à Victoriaville. Il y a eu des luttes, des arrêts et beaucoup de défis à relever », résume-t-il.