Une distributrice d’œuvres : pour rendre l’art accessible
Depuis quelques jours s’est installée dans le grand foyer du Carré 150, une distributrice bien particulière. La machine, pensée par les trois artistes de l’Escalier jaune (Isabelle Bonneau, Emily Knight et Monique Verville) offre, moyennant la somme de 6 $, d’acquérir une œuvre d’argile.
L’oeuvre installative a pris place pour les Journées de la culture et déjà plusieurs personnes ont fait l’achat d’une œuvre. Juste le processus de choisir l’œuvre, d’insérer son argent et de recevoir à l’instant son achat, est amusant pour le consommateur.
Une belle machine peinte d’un beau jaune frappant avec les lettres formant «l’escalier jaune» peintes en noir, sur le côté. Elle intrigue, pique la curiosité des passants qui ne peuvent finalement s’empêcher de s’étirer le cou pour voir ce qu’elle contient ou encore tout bonnement s’arrêter pour l’essayer.
«L’idée nous est venue avec la remorque il y a 2 ans, d’amener l’art dans des lieux non conventionnels. Que l’art aille vers les gens. C’est un rêve qu’on a fait et que nous avons décidé de réaliser», expliquent les trois femmes.
Ainsi, peu après l’exposition des œuvres réalisées à partir de matériaux offerts par Cascades et installées dans une remorque de 52 pieds, les trois artistes ont fait l’achat de la distributrice (avec l’argent des œuvres vendues). Depuis, en marge d’autres projets artistiques, elles ont élaboré les balises de cette machine qui distribue, comme les trois artistes le disent elles-mêmes, des morceaux de bonheur.
Il leur a fallu faire beaucoup de recherche, notamment pour déterminer les œuvres qu’elles allaient vendre, comment les emballer afin qu’elles ne se brisent pas lors de l’achat, mais que les consommateurs soient quand même en mesure de voir les détails de l’œuvre qu’ils souhaitent acheter.
Elles ont donc façonné l’argile, palpé, touché afin de donner un aspect le plus naturel possible au travail. «Une seule cuisson, la technique du biscuit, a été utilisée», souligne Monique Verville. Les passants pourront donc s’acheter un biscuit d’art pour la modique somme de 6$. «C’est un prix unique que nous avons déterminé afin que ce soit accessible, que tous puissent vivre l’expérience», ajoute Emily.
D’ailleurs, ils ont été nombreux, pendant le week-end, à essayer la machine, à «Consommer l’art», comme le dit le titre de l’œuvre installative. «Beaucoup d’enfants voulaient leur œuvre. Une dame est venue vendredi et est revenue sur l’heure du midi faire son achat. Certains passent tout droit et d’autres rigolent», ont-elles remarqué.
Peu importe, ce qu’il faut c’est de créer une réaction croient les trois artistes qui n’ont pas hésité à faire dans le paradoxe avec cette machine. Il y a celui de l’industriel par rapport à des œuvres faites à la main à partir d’éléments naturels, la consommation qu’on retrouve partout versus l’art qui est souvent moins accessible, etc. Sur chaque œuvre est apposée la signature collective du trio : …
Alors pour ceux qui sont intimidés par les galeries d’art, la machine vient répondre à un besoin. Et comme on achèterait un sac de croustilles, on peut à la place s’acheter une œuvre, la ramener chez soi et la faire vivre.
Si la distributrice demeurera au Carré 150 jusqu’au 22 octobre, les trois créatrices voudraient bien qu’elle se retrouve ailleurs par la suite. «Qu’elle se promène dans des lieux inattendus, sans rester trop longtemps au même endroit», espèrent-elles.
On pourrait songer à plein d’endroits où elle pourrait se poser, notamment dans les aéroports, différents événements, etc.
Pour ce qui est des 124 œuvres qu’elle contient, d’autres collections pourraient facilement suivre.