Tourisme : premier touché, dernier à revenir

Dès l’annonce des premières mesures destinées à freiner la COVID-19, c’est le tourisme qui a été touché de plein fouet. C’est aussi ce secteur qui sera le dernier à revenir en force après, comme l’explique le directeur de Tourisme Centre-du-Québec, Yves Zahra.

Même si la majorité de ses 300 membres sont en arrêt pour le moment, M. Zahra lui demeure excessivement occupé. Sept jours par semaine et de nombreuses heures quotidiennes, il est là, avec son équipe réduite, afin de soutenir de son mieux les entrepreneurs touristiques qui vivent actuellement une crise sans précédent.

En entrevue téléphonique, il a expliqué que la priorité était la santé. «Il faut respecter les consignes et dès le départ, on a invité nos membres à faire de même afin de sauver le plus de vies possible», a-t-il indiqué.

Le tourisme a été le premier secteur touché avec l’arrêt des événements regroupant plus de 250 personnes (le 12 mars). «Et ça a déboulé rapidement. Nous avons mis en place un comité d’experts représenté aux deux paliers de gouvernements pour les enjeux de notre secteur», a-t-il mentionné.

Mais les impacts se sont rapidement fait sentir chez les membres de Tourisme Centre-du-Québec, notamment avec les interdictions de voyages qui impliquent, en même temps, l’interdit de visiteurs. «Se divertir et voyager ne fait pas partie des services essentiels», contextualise-t-il.

Les entrepreneurs touristiques ont vite fait de faire appel à leur organisation pour obtenir des conseils, des renseignements, ce à quoi s’affaire Yves Zahra depuis le début de l’épidémie. «C’est certain qu’il y a des conséquences majeures pour l’industrie touristique. Les pertes sont énormes et ne seront jamais rattrapées», prévoit-il.

Personne ne peut prédire la fin des consignes, alors l’incertitude est également difficile à gérer. «Et quand ce sera terminé, il faudra les gens reprennent les sorties et le divertissement», estime-t-il. Mais en premier lieu il y a la santé, ensuite l’économie.

«Actuellement nous sommes là pour soutenir les entrepreneurs et les informer de ce qu’ils peuvent faire. Il faut les ramener à la réalité que nous vivons et certains tombent rapidement dans l’émotion», a-t-il remarqué. Il s’agit donc exclusivement de soutien pour le moment et pas encore de relance, même si des plans ont été échafaudés. «Nous avons en effet des plans de gestion de crise pour les différents types de membres», développe-t-il.

Des congrès ont été annulés, des festivals aussi ont dû se résoudre à ne pas se tenir à la date prévue, engendrant des coûts importants et toute une gymnastique organisationnelle.

Les attraits touristiques, de leur côté, ont des dates d’ouverture prévues avec la formation de personnelle qui s’y rattache et la mise en place des installations. Tout cela est en suspend…

L’hébergement et les salles de réunion sont également impactés en ces temps où plus personne ne sort de la maison et alors que les régions sont fermées.

Il y a également des événements, prévus plus tard cet été ou à l’automne, qui nécessitent, pour leur tenue, la vente de billets, à ce moment-ci de l’année. Eux aussi devront subir des conséquences puisque les gens ne sont pas enclins à dépenser pour une activité prévue aussi loin dans le temps. «Il faut leur suggérer des programmes ou les aider à faire des représentations, lorsque nécessaire», souligne M. Zahra.

Plusieurs membres de Tourisme Centre-du-Québec sont aussi des très petites PME ou des entreprises familiales. «Certaines peuvent demeurer ouvertes et faire de la vente par Internet, notamment en agrotourisme, mais c’est une minorité», note-t-il.

Le travail de l’organisme est d’apporter des repères aux membres, pendant cette tempête sans précédent. Tout cela avec un personnel réduit. En effet, comme ailleurs, il a fallu faire des mises à pied temporaires, passant de 7 à 3 personnes.

Difficile, à ce moment, de dire quelles seront les conséquences économiques dans le secteur touristique. «Ce qu’on sait c’est que le tourisme va se relancer quand l’économie le sera. Et ce n’est qu’après coup que nous serons en mesure d’évaluer les pertes financières», prévoit-il.

Le scénario semble noir, mais Yves Zahra se dit très réaliste. Il présume même, malgré que cela n’est souhaitable pour personne, que certaines entreprises ne passeront pas à travers. «Il faudra s’adapter aux nouvelles réalités», prévient-il.

En attendant, il garde le moral. «C’est sûr qu’au départ, ç’a été surprenant. Mais là je suis au front et je n’ai pas eu le temps de faire le bilan. Les gens qui font appel à nous ont besoin de réponses rapidement», indique-t-il. Cela l’amène à assister à plusieurs visioconférences chaque semaine entre les divers paliers de décisions et demeurer un lien entre tous les niveaux. «Nous avons maintenu une correspondance avec nos membres et nous serons prêts à rebondir dès la relance des secteurs», termine-t-il.