«T’es aussi bon que ton prochain livre»

VICTORIAVILLE. Même s’il a à son actif la publication de 200 livres (dont la majorité sont destinés à la jeunesse), Alain M. Bergeron ne tient rien pour acquis et se dit toujours : «T’es aussi bon que ton prochain livre».

Bien installé dans la section jeunesse de la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot (où il vient parfois pour lire et voir ce qui se fait dans le domaine), Alain explique qu’une vingtaine de titres signés par lui sortiront cet automne dans les aussi nombreuses maisons d’édition avec qui il travaille. Son 200e livre publié se trouve à être le 8e Billy Stuart, qui sortira à la fin du mois et qui s’intitule Le cerbère de l’enfer.

Si le nombre de ses publications impressionne, l’auteur jeunesse est toujours aussi humble et se trouve chanceux de pouvoir vivre de ce métier qu’il a choisi d’exercer à temps plein il y a neuf ans maintenant. «J’ai autant de plaisir qu’avant à écrire. Ce n’est jamais une corvée de me lever le matin», affirme-t-il encore. Et il insiste pour dire que le plus important n’est pas le 200e livre publié, mais bien que le prochain soit bon.

Rien n’empêche que les chiffres impressionnent. Un professeur lui a déjà dit qu’un élève n’aurait pas assez d’une année scolaire pour lire toute sa production, en lisant un livre par jour… Ou qu’en lisant un livre par semaine, il faudrait cinq ans à un jeune pour passer à travers les nombreuses aventures littéraires que propose Alain.

Plusieurs séries en cours

Si Alain M. Bergeron a un horaire de travail rigoureux, c’est qu’il a plusieurs séries de livres à nourrir en plus des nouveaux projets qu’il écrit. Si on ajoute à cela les animations dans les écoles (une soixantaine par année), cela fait en sorte que son agenda est toujours bien rempli et que les journées passent à une vitesse folle.

Cela ne l’empêche pas, chaque mois de septembre (une tradition depuis 13 ans), d’offrir, en compagnie de son comparse des premiers jours et illustrateur Sampar, des livres aux élèves de troisième année du primaire, à la bibliothèque Charles-Édouard-Mailhot. Si bien que depuis peu, il rencontre des universitaires qui étudient pour devenir professeur et parmi eux, il retrouve de ces jeunes élèves qu’il a encouragés à lire avec ses livres alors qu’ils étaient en troisième année. «Et ils se souviennent de moi», dit-il surpris, mais avec une grande fierté.

Des classiques

Tout le monde connaît les séries Savais-tu, les Billy Stuart, Capitaine Static, Le Chat-ô en Folie qui font partie de la vie des jeunes lecteurs. Elles continuent leur chemin et certaines sont traduites en plusieurs langues et se retrouvent dans de multiples pays, à travers le monde. Il suffit de mentionner la Chine (les six premiers Billy Stuart), qui s’ouvrira en 2015 pour le raton laveur. Il y a aussi l’Espagne, la Corée, le Japon, les Pays-Bas et tout le Canada il va sans dire.

Il faut également mentionner Noël c’est pas un cadeau qui sortira cet automne et qui rappelle les chroniques publiées dans le Journal de Montréal à la fin des années 90. «En décembre 2013, on a retrouvé les planches et fait un compte à rebours de Noël sur Facebook. Pour la prochaine sortie, nous y sommes allés avec des inédits», note Alain.

Avec tous ces projets d’écriture, le travail est toujours différent pour Alain. Ce qui ne change pas, c’est qu’il écrit tous les matins, de 5 h à 11 h et souvent 7 jours par semaine. Les après-midis sont davantage utilisés pour répondre aux courriels, alimenter son Facebook, etc.

D’ailleurs, il explique que la technologie, comme Facebook par exemple, lui permet de rester en contact avec les lecteurs et leurs parents. Il n’hésite pas à offrir à ses «amis» différents concours. «Mais il ne faut pas que ça devienne une distraction», ajoute-t-il.

Pour le reste, Alain mentionne que ses lecteurs apprécient toujours les livres papier. Et même si certains titres sont disponibles en version numérique, cette façon de lire reste marginale pour ses jeunes admirateurs. Selon lui, donc, le livre tel qu’on le connaît depuis des siècles n’est pas menacé. «Les jeunes veulent le tenir entre leurs mains et les parents veulent continuer de lire à leurs enfants. Le plaisir du livre physique est dur à battre», note-t-il.

Ce qui demeure aussi depuis ses débuts (sa première publication, Cendrié, remonte à 1997), c’est le plaisir que prend Alain M. Bergeron à l’écriture. «J’ai toujours des projets et je me dois de refuser des projets, faute de temps.»

Il y va un livre à la fois et est véritablement apprécié des enfants. Suffit de voir les files d’admirateurs qui attendent des heures aux différents salons du livre, tout simplement pour le rencontrer et pour faire signer des livres. «Je suis toujours très content de voir ça. Quand on voit le nombre de livres sur le marché», apprécie-t-il.

Sa recette, qui consiste à s’amuser en écrivant, à lire beaucoup et surtout à écrire sans cesse, est toujours gagnante, pour lui du moins.