Simon-Olivier Fecteau revient à la base
Originaire de la région, Simon-Olivier Fecteau a récemment annoncé qu’il ne reviendra pas à la barre de l’émission la plus écoutée de l’année au Canada, le Bye Bye. Il reprend ainsi sa carrière artistique et a plein de projets en tête.
En entretien téléphonique, alors qu’il participait justement au Festival du film de l’Outaouais où était présenté son tout dernier court métrage « Cancel the messenger », Simon-Olivier s’est confié sur la suite des choses après avoir piloté, neuf années de suite (onze en tout si on compte les deux qu’il a fait avec RBO avant), cette émission qui est devenue une tradition au Québec depuis plus de 50 ans.
Il a rappelé que le Bye Bye était une très grosse entreprise qui lui prenait une bonne partie de son année, rendant difficile la réalisation de projets plus personnels. « J’ai eu la chance d’en être aux commandes, je suis fier de l’avoir fait et j’en retiens plein de choses », a-t-il mentionné. Parmi celles-ci, il a bien entendu appris à gérer l’imprévisible. « On se rassure souvent en étant contrôlé, mais ce n’est pas comme ça avec le Bye Bye », souligne-t-il.
En effet, il a dû apprendre à être confortable avec les revirements et surtout ne pas s’attacher à des sketchs ou des idées qui peuvent être coupés à la dernière minute. « Il faut accepter de vivre au jour le jour et c’est un peu le reflet de la société. On ne doit pas s’attacher aux certitudes parce que tout est en mouvance », ajoute-t-il avec philosophie en indiquant d’ailleurs qu’il y avait actuellement beaucoup de matériel pour la prochaine émission de fin d’année. Cela ne l’a pas empêché, au fil des ans, de toujours donner le meilleur de lui-même, d’être le plus fidèle avec ce qui se passe et mettre tout son cœur à cette émission.
Diriger le Bye Bye, on s’en doute, est un travail assez stressant qui peut causer des problèmes de santé à la longue. « Il y avait toujours un bout où je cassais et où ne je dormais plus », confie-t-il. Simon-Olivier a aussi souffert d’arythmie deux semaines après l’émission de cette année à cause du stress et de la fatigue. « En 2019, je me suis ramassé à l’hôpital parce que mon système digestif a arrêté de fonctionner », dit-il encore. C’est donc aussi difficile pour le mental que le physique, même s’il est parvenu à bien vivre avec ces conséquences toutes ces années.
Cela est mentionné que les gens sont très sensibles, émotifs et critiques face au Bye Bye. Les commentaires qui suivent la diffusion sont toujours nombreux et pas toujours positifs. « Mais on a été chanceux parce qu’en neuf ans, la majorité des critiques ont été positives. Cette année, ça a été un peu moins bien reçu alors les gens en profitent pour nous rentrer dedans », fait-il remarquer.
Il aurait pu continuer, mais ressentant un certain essoufflement, il a choisi de laisser sa place et revenir à ses projets personnels. « C’est un sport de combat, un peu comme les Canadiens. Quand ils gagnent, tout le monde les aime et lorsqu’ils perdent trois matchs, tout le monde les haïs. », image-t-il.
Ses projets
Le Bye Bye demandait aussi pas mal de temps dans son année, ce qui lui en enlevait pour mettre sur pied des projets personnels.
Simon-Olivier Fecteau revient donc à la base en reprenant l’écriture autant pour le cinéma, la télévision et la scène (à plus petite échelle), ce qui représente, on l’aura deviné, un immense contraste avec l’équipe et les moyens de l’émission annuelle de Radio-Canada. « J’avais besoin de revenir aux sources artistiques, même si j’ai adoré faire le Bye Bye », répète-t-il.
Celui qui se considère comme un auteur-compositeur-interprète (parce qu’il écrit, joue et réalise ses projets) est bien heureux de revenir à ses racines. Un peu comme le Canadien, comme il l’aime l’imager, il se dit en reconstruction actuellement.
Il veut aussi jouer davantage, lui qui le faisait beaucoup avant la dernière décennie (même si on a pu le voir dans le Bye Bye, incarnant notamment Justin Trudeau). « J’ai le goût de jouer, de pousser des trucs personnels. Je développe un paquet d’affaires et je vais voir ce qui résonne le plus avec où je suis rendu et les opportunités », précise-t-il.
« J’ai commencé à faire de la scène. Pour le moment c’est en anglais et je n’en parle pas vraiment », indique-t-il. Simon-Olivier avait bien joué avec les Chick’N Swell à l’époque, mais toujours en groupe. De monter seul sur les planches à faire du « stand up » et à dire ses opinions est une autre histoire. « Je dis mes opinions à la bonne place au lieu de le faire sur les réseaux sociaux (où il a souvent été vivement critiqué) », rappelle-t-il. Pour Simon-Olivier, il s’agit d’une autre forme d’art qu’il apprivoise et peaufine tranquillement. « La vérité, c’est que j’adore ça », ajoute-t-il. En faisant tout cela, en même temps, il souhaite s’enligner adéquatement pour la suite et voir les options.
Pour le reste, si les projets artistiques s’enlignent, « En audition avec Simon », qui a déjà connu un vif succès, ne figure pas dans les plans. Le principal intéressé voulant plutôt créer du nouveau matériel, comme il a fait d’ailleurs avec son plus récent court métrage (une comédie noire) qui est apprécié partout où il passe (il est aussi venu le présenter à Victoriaville).
« Il a réellement un bel accueil. En faisant un gros show comme le Bye Bye, tu ne peux pas faire toutes les blagues qui te passent par la tête alors je me suis gâté », annonce-t-il en ajoutant qu’il a poussé les limites de ce qu’on peut dire ou pas dans la société. Ce film court lui a aussi permis de délaisser les sketchs et de revenir à autre chose.
Il reprend donc sa carrière artistique personnelle sans filet, satisfait du travail accompli, mais prêt à passer à autre chose. Un choix risqué, puisqu’il aurait pu rester avec Radio-Canada, mais le bon pour lui à cette période de sa vie. « Il faut se mettre en danger parfois, on ne vit qu’une fois. C’est ce que j’ai fait à 30 ans en quittant les Chick’N Swell et ce que je fais actuellement à 49 ans en laissant le Bye Bye » résume-t-il.