Myriam Lafae recrée la nature à partir de la culture
En résidence artistique au Boisé-des-Frères-du-Sacré-Cœur de Victoriaville du 26 août au 6 septembre, Myriam Lafae a profité de ces deux semaines afin de poursuivre sa démarche artistique qui vise, entre autres, à recréer la nature à partir de la culture.
Pour ce faire, elle a installé dans le bâtiment une sculpture faite de textiles recyclés, en forme d’arbre, qui rappelle en plus petit format celui qu’elle a réalisé pour son récent projet « l’Arbre-Maison ». Elle invitait aussi les gens qui passaient la rencontrer, s’ils le désiraient, à faire des lianes en textile pour ajouter à son arbre ou encore à témoigner verbalement (avec enregistrement) de leur appréciation du boisé et des lieux.
Il s’agissait, pour Myriam, d’une première résidence artistique à vie et alors qu’elle était sur place, elle a expliqué que, pour l’occasion, elle avait envie de retravailler l’arbre en tissus, qui a été son projet de fin d’études universitaires en mai dernier. « Je présente donc une version junior de l’arbre-maison, une sculpture habitable », souligne-t-elle.
Pour le réaliser, elle utilise les textiles récupérés, qui ont déjà leur histoire, et leur redonne une nouvelle vie. « Les tissus provenant de la nature sont transformés par les humains et je les ramène à leur forme naturelle afin de réenchanter le monde », raconte-t-elle.
Myriam apprécie beaucoup ce symbole universel qu’est l’arbre qui est au cœur de son travail actuel et souhaiterait même aller plus loin dans le concept en créant une forêt d’arbres habitables. Elle voudrait en faire une œuvre immersive où les visiteurs pourraient se déposer et, chaque fois qu’ils entrent dans un arbre, se retrouvent dans un monde différent. « Pour montrer plusieurs facettes de la vie, des émotions », ajoute-t-elle.
S’intéressant à l’hybridation et à la mémoire, les branches de son arbre et ses racines deviennent autant de brins de mémoire mis ensemble. D’ailleurs, elle utilise souvent des tissus dont elle connaît l’histoire et aimerait bien que les gens lui apportent également des tissus et lui racontent la vie qu’ils ont eue jusqu’à maintenant.
Grâce à son art, elle désire unifier les mondes et promouvoir la diversité, elle qui refuse l’uniformisation. « Il y a également, dans mon travail, une trame écoféministe puisque je remets en valeur, d’une certaine façon , les métiers textiles pratiqués majoritairement par les femmes », fait-elle valoir. Myriam elle-même, avec ses créations artistiques, pratique une forme de tissage, un art qui demande de la patience.
Au cours de sa résidence, elle a eu l’occasion de rencontrer et de parler avec les gens de son projet, d’art et leur a aussi proposé d’y contribuer. On pourra bientôt la voir lors de l’événement « Champ Libre » auquel elle participera et sera en exposition également, en mars 2026, du côté du Centre Raymond-Lasnier à Trois-Rivières.