Mille vues, mille regards sur le Carré 150
ART. Une année, presque jour pour jour après l’ouverture officielle du Carré 150, le lieu de diffusion culturelle de Victoriaville a dévoilé son œuvre permanente, une sculpture monumentale intitulée Mille vues, mille regards.
En respect de la politique d’intégration des arts à l’architecture, l’organisme se devait d’intégrer une œuvre d’art permanente choisie par un comité et respectant plusieurs critères. C’est l’artiste Claudie Gagnon qui a été choisie pour la réalisation de ce grand lustre, formé de 15 000 lentilles optiques correctrices en polymère, qui s’est installé à l’extrémité nord-est du bâtiment et que l’on peut apprécier autant de l’intérieur que de l’extérieur du Carré 150.
D’une hauteur de 10 mètres (les 4 étages du lieu), l’œuvre pèse seulement 184 kilos. Il s’agissait d’une des contraintes que devait respecter l’artiste dans son travail. Impressionnante par cette hauteur sur laquelle elle s’étire, l’œuvre attire également l’attention par sa finesse et les changements qu’elle propose au gré du jour et de la nuit.
Claudie Gagnon a voulu avec Mille vues, mille regards jouer avec la luminosité et la transparence du concept architectural du Carré 150. Elle a utilisé des objets récupérés, soit des lentilles de lunettes. Celles-ci ont été recueillies notamment au Carré 150 et ailleurs puisqu’il en fallait une énorme quantité. Chaque lentille a été nettoyée, polie et bichonnée en conservant tout de même quelques traces de vies (égratignure). Toute l’œuvre a été assemblée à la main et a permis de faire travailler une vingtaine de personnes.
L’artiste a expliqué que l’installation venait tout juste d’être complétée et que pour elle, il s’agissait de sa plus grosse pièce réalisée à vie. «Une œuvre faite pour ici qui ressemble à un bijou le jour et à un spectre le soir», a expliqué Claudie Gagnon.
Utilisant des objets transparents de tous les jours, l’œuvre offre une vue différente selon le niveau où le spectateur se retrouve et la distance qui le sépare de ses 15 000 pièces. Tout cela sans jamais cacher la vue à l’extérieur des lieux.
Le projet présenté par l’artiste avait retenu l’attention du comité de sélection notamment parce qu’il proposait une œuvre formée en grande partie de matériaux recyclés, nécessitant une démarche citoyenne (la cueillette de lentilles). En plus des citoyens, le Club Lions de Victoriaville a collaboré en offrant quelques milliers de lentilles (des verres inutilisables pour leur programme de dons de lunettes aux plus démunis).
Claudie Gagnon a été choisie parmi les nombreux artistes enregistrés dans le fichier national du ministère de la Culture et des Communications. L’artiste propose depuis plus de 20 ans des projets performatifs et des installations réalisées avec des objets récupérés domestiques. On peut voir son travail au Musée national des beaux-arts du Québec, en Italie, en Allemagne, en Chine, au Japon et bien d’autres.
Respectant le 1% prévu par ce programme, l’œuvre aura coûté 150 000 $.