Mathieu Samson : un microalbum qui reflète une enfance heureuse fragilisée par un secret

L’auteur-compositeur-interprète originaire de Plessisville, Mathieu Samson, lance ces jours-ci (19 août) son premier EP (Extended play) joliment intitulé « Le garçon lilas » dont il a signé les textes et musiques. Avec un son nostalgique et vivifiant qui rappelle la pop des années 80, il dresse en six pièces le portrait d’une enfance heureuse fragilisée par un secret.

Fier membre de la communauté LGBTQ+, l’artiste de 30 ans met sa pop ludique au service des enjeux sociaux qui lui tiennent à cœur. Son engagement artistique s’exprime d’ailleurs par ce choix assumé et ce talent qu’il a de relater les défis, les secrets et les bonheurs vécus par sa communauté.

« L’idée de base de mon projet était de refléter mon enfance en région et comment y grandir comme personne homosexuelle et de faire face aux défis que cela représentait », raconte Mathieu précisant que le mini-album est profondément inspiré par sa ville natale. « D’abord, ma musique est influencée par les sons que j’entendais sur les ondes de KYQ FM, une radio populaire par chez nous; ensuite, mes textes dépeignent les rues de la ville, le centre d’achat ou encore la piscine municipale. Même ma signature d’artiste est inspirée par l’enseigne du bar Versejoie! »

C’est ainsi qu’il met de l’avant le quotidien d’un jeune issu de la communauté LGBTQ+ dans Le garçon lilas, un album sincère, plein de vie et d’autodérision. Sur Mon nom au micro, il relate le mélodrame d’un jeune garçon perdu au centre d’achat; Les délits du lit d’eau est un véritable Careless Whisper québécois qui raconte une histoire d’amour d’un soir dans un motel ringard; « Les p’tits bums », c’est certes une expression popularisée par Yolande Ouellet, une icône du Québec, mais c’est aussi l’expression d’une réalité de la communauté LGBTQ+ : quand simplement être soi-même est un acte de rébellion, on n’a pas le choix d’être un p’tit bum! Enfin, Le garçon lilas, chanson-titre du microalbum, se veut le récit d’une enfance fragile. Cette composition a d’ailleurs gagné le prix de la Chanson de l’année à Ma première place des arts 2021.

Ça fait déjà quelques mois que la première chanson de l’album est sortie et qui a été suivie par deux autres extraits. « Ma chanson joue dans une dizaine de stations de radio au Québec et est également entendue sur Sirius XM. On la retrouve de plus dans le Top 100 Radio Correspondant ce qui signifie qu’elle tourne beaucoup en région. » 

« Il s’agit de mon premier véritable projet étoffé en musique », souligne Mathieu rappelant ses deux extraits radio lancés en 2017 (Braconnier) et 2018 (Crier au loup) qui lui ont en quelque sorte servi d’apprentissage dans son nouveau projet. « Il y a beaucoup de travail et beaucoup de plaisir derrière cet EP qui m’a permis de garder le cap pendant la pandémie. J’en suis vraiment fier. Il fallait que je le fasse pour passer à autre chose d’une certaine façon. On aurait dit que je ne pouvais faire d’autre album avant celui-ci qui m’a permis de boucler la boucle du point de vue émotionnel. C’est comme plaisant d’avoir passé à travers tout ça », laisse-t-il entendre.

Mathieu signale qu’avec les années, la musique est cependant devenue pour lui plus un hobby parce qu’il est difficile d’en vivre. En 2019, il a d’ailleurs fondé Productions Néon, une entreprise de production vidéo dans laquelle il occupe les postes de réalisateur et directeur photo. Il a ainsi la chance de travailler avec plusieurs artistes de renom tels que Marie-Mai, Roch Voisine, Marc

Dupré, 2Frères, Lynda Lemay, Alexandre Poulin, Corneille, Andy Saint-Louis et plusieurs autres. « C’est devenu mon gagne-pain principal. Je produis surtout des vidéoclips », explique celui qui partage son temps entre Plessisville et Montréal tout en se promenant un peu partout au Québec pour la réalisation des vidéoclips.

Il avoue qu’il n’aurait pu réaliser son projet sans l’aide financière du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) qui lui a décerné une bourse de 20 000 $ afin de l’épauler dans sa démarche artistique. « C’est vraiment l’une des seules raisons pour laquelle j’ai réussi à mener mon projet à terme. Avec la transition numérique, il faut vraiment que soit repensée la façon dont on peut soutenir les artistes. Tu as beau avoir un million d’écoutes sur Internet, tu ne fais que 500 $ », illustre-t-il.

Mathieu affirme avoir vécu beaucoup d’anxiété et de stress lors de son passage au secondaire. « Il n’y avait pas d’attaque violente autour de moi, mais c’était plutôt un environnement qui me pointait toujours à l’effet que c’était inadéquat. Cette homophobie internationalisée était tellement profonde et ancrée que c’était un défi majeur de gérer les gens autour de moi et de gérer mon propre monologue intérieur qui s’est construit avec les années. Mais une fois que tu te rends compte que ce n’est pas toi le problème, toutes les aptitudes de compassion, de compréhension, d’observation que tu as développées et que les autres enfants n’ont pas deviennent tes forces. »

 

Un spectacle de la diversité

 

D’ailleurs en lien avec son microalbum, Mathieu présentera un spectacle en milieu scolaire qui sera présenté le 13 décembre prochain à la polyvalente La Samare de Plessisville pour les jeunes du secondaire. « Il s’agira en fait d’une célébration de la diversité sexuelle et de genre. Je vais présenter mes propres chansons et celles d’auteurs-compositeurs-interprètes connus issus de cette diversité, dont Ariane Moffatt, Pierre Lapointe, Andy Saint-Louis et autres. »

« Je suis heureux de revenir au secondaire pour offrir à nos jeunes une meilleure visibilité de la communauté LGBTQ+ et je souhaite permettre à ceux qui font partie de cette diversité de se reconnaître. Ce type de prestation n’existait pas quand j’étais moi-même au secondaire », d’expliquer Mathieu qui désire pousser son projet en l’offrant dans d’autres écoles et d’autres commissions scolaires et maisons de la culture.

Diplômé du programme de musique et chanson du Cégep de Drummondville et bachelier en théâtre musical du Sheridan College de Toronto, Mathieu est un artiste disciplinaire qu’on a pu voir sur les planches du Capitole de Québec dans la comédie musicale Sweeney Todd (2014) ainsi qu’au Mainline Theatre dans Hair (2016) et The Rocky Horror Picture Show (2018).

On le retrouve en parallèle à l’écran, comme acteur et chanteur, dans des publicités pour des marques d’envergure telles que Febreze, Oh Henry, Ristorante, Desjardins, Tourisme Montréal et le gouvernement du Canada. Mathieu a remporté plusieurs prix à titre d’auteur-compositeur-interprète lors du concours Chante en Français (2019) et Ma première Place des Arts (2021), dont celui de la chanson de l’année pour Le garçon lilas.