L’instant de quelques jours, c’est un village africain qui s’installe
CULTURE. Durant trois jours, du 12 au 14 août, la population d’Inverness vit au rythme de la Fête africaine. Ateliers de djembé, de dununs, de masques et, bien sûr, de danse africaine… Pendant que tous essaient d’avoir le rythme, d’autres se promènent à travers la foule, contents de se sentir chez eux, l’instant de quelques jours.
Le sculpteur Kris Obertan était l’un de ceux-là. Sous la tente dans laquelle il expose certaines de ses sculptures, il répond aux questions de ceux qui passent devant lui et qui s’interrogent sur son travail, mais aussi sur son coin de pays.
«C’est comme un petit village africain qui s’est installé au Québec pendant 24 heures», était fier de dire l’homme de 56 ans, qui a quitté la Guadeloupe pour venir s’installer au Québec il y a 25 ans. «C’est une grande carte de visite qui permet d’ouvrir à une autre culture», a-t-il renchéri.
Heureux de partager sa culture avec les habitants d’Inverness, il croit que ses origines ne sont pas assez présentes à travers la population québécoise. «Ça fait du bien que l’Afrique ait une représentation au Québec», dit-il à propos de la Fête africaine.
À quelques mètres de lui, il y avait Damien Bella, un Camerounais installé à Inverness depuis 10 ans avec sa famille. Contrairement à Kris, Damien est vêtu des couleurs de son pays natal.
«Un événement comme celui-là est une ouverture à l’Afrique et ça permet de partager notre culture. Je suis content de voir que les gens sont ouverts», a-t-il fait remarquer.
Parmi les artistes de la soirée, il y avait celui qui a été la Révélation Radio-Canada au volet musique du monde, Ilam. «Ça représente bien notre culture, était fier de dire celui qui est originaire du Dakar et qui est installé à Montréal depuis deux ans. Il y a un peu de nostalgie lorsque je vois les personnes porter les boubous africains.»
Unique au Québec
Bien connue de la population québécoise et s’intéressant à la culture étrangère, Francine Grimaldi se trouvait parmi les personnes présentes à la cérémonie d’ouverture.
«J’y étais l’année dernière et quand j’ai vu les enfants avec les masques africains en plus du défilé, j’ai trouvé ça merveilleux et charmant», se souvient-elle.
Celle qui compte plus de 40 ans d’expérience à la radio a mentionné qu’elle a assisté à de nombreuses fêtes africaines à Montréal, mais qu’à l’extérieur de la métropole, c’était possiblement la seule dont elle connaissait l’existence. «Je ne peux pas le jurer, mais je crois que cette Fête est unique.»
Fier d’être noir… et nègre
Durant l’entrevue qu’il a accordée au www.lanouvelle.net, le sympathique sculpteur Kris Obertan ne s’est pas gêné pour utiliser un mot qui avait pourtant une signification péjorative à travers la population.
«Tout dépend du contexte. Si on dit "Ostie de nègre", c’est péjoratif, mais si on dit "Ha oui, tu es un nègre toi (souligne-t-il en mettant sa main sur l’épaule de son intervieweur)", ce n’est pas péjoratif.»
«Pourquoi je devrais être offusqué quand on dit nègre? C’est ça que je suis», a-t-il ajouté sans malice.