L’inqualifiable Linda Vachon

Pas assez ci, trop ça, il est difficile de qualifier l’art de Linda Vachon. Sachons seulement que l’artiste s’adonne à son art à temps plein depuis un an maintenant et a enfin trouvé sa voie.

Dans son atelier de Saint-Louis-de-Blandford, entourée de ses œuvres, Linda explique ce qui l’a menée à l’art tel qu’elle le propose maintenant. «Il y a un an, je ne connaissais personne dans le milieu artistique. J’ai travaillé longtemps sur mon ordinateur, la base de mon travail.»

Même que ça ne fait pas très longtemps qu’elle «ose» présenter son travail dans la région alors qu’elle n’a pas hésité à le faire du côté de Montréal ou sur Internet.

Artiste autodidacte, Linda explique qu’elle a commencé avec la photographie, en 2004. Mais l’art faisait déjà partie de sa vie puisqu’elle a peint des foulards de soie pendant huit ans et créé des bijoux pendant quatre années par la suite.

«Puis j’ai eu une crise de la trentaine féroce où j’ai tout voulu laisser tomber pour revenir à la base», explique-t-elle. C’est ajouté à cela une dépression qui, finalement, aura été salutaire pour elle. «C’est à ce moment que j’ai commencé à découvrir qui j’étais», se souvient-elle.

À partir de là, elle a acheté un appareil photo grâce auquel elle a beaucoup appris de sa vie. «Je jouais beaucoup avec mes photos et j’ai eu le déclic», explique-t-elle. Un soir, elle a dessiné un visage, comme ça en pensant à un rendez-vous manqué et c’est ainsi que les personnages sont arrivés dans sa vie et son art.

Elle a vécu un autre rendez-vous manqué avec Martine Birobent de la Galerie des Nanas de Danville qui l’avait repérée. «On s’est vues une fois et avons parlé à quelques reprises. J’avais hâte d’exposer à la galerie pour la rencontrer…». Mais la vie en a voulu autrement et le décès de Martine, il y a quelques mois, a laissé une trace, ou un fil plutôt, dans le travail de Linda.

Un art à part

Son art est difficile à qualifier. On peut dire qu’il est très graphique, franc, intense et n’hésite pas à montrer les travers ou le côté sombre des choses. «C’est autobiographique. Je ne suis pas pressée de m’insérer dans une catégorie. Je travaille avec les accidents, les inattendus», ajoute-t-elle. Parce que pour Linda, le but de son travail est d’exprimer qui elle est, sans contrainte, peu importe ce que les autres en penseront.

«Il y a des gens qui sont troublés par mes œuvres qui touchent la détresse et la folie aussi. Parfois, on préfère ne pas voir ou entendre certaines choses», a-t-elle remarqué.

C’est à partir de photos qu’elle prend que Linda crée, prenant des bouts ici, un autre là et réunissant le tout avec l’ordinateur. Après avoir imprimé le résultat, elle le transpose sur un canevas en bois ou intervient à différents degrés, ajoutant peinture, limant quelques bouts, en mettant sa touche en quelque sorte.

«J’ai toujours dit que j’aurais aimé ça être artiste, avoir des amis artistes, faire des expositions. C’est ce que je fais depuis un an maintenant», apprécie-t-elle.

L’artiste assume désormais qui elle est véritablement, tout comme l’art qu’elle propose. On pourra d’ailleurs apprécier ses œuvres à l’hôtel de ville de Victoriaville jusqu’au mois de janvier prochain.

À cet endroit, elle propose différentes œuvres choisies dans son atelier. Une œuvre qu’elle présentait en duo n’a toutefois pas été acceptée pour l’exposition. Plutôt que de la retirer (avec sa voisine) et laisser l’espace vide, Linda s’est rendue à l’hôtel de ville avec un morceau de tissu et une brocheuse afin de «censurer» elle-même son œuvre intitulée La résilience de mon écorchée.

«C’est en faisant ce drapage que je me suis aperçue que c’est ce qui finissait le tableau. Ça vient montrer qu’on ne veut pas voir la détresse, que c’est dérangeant», a-t-elle découvert.

Cela donne une œuvre où le visiteur verra clairement que le tissu a été ajouté. «Ça permet de mettre l’accent sur ce que je dénonce», ajoute l’artiste.

Deux autres lieux d’exposition

En plus de l’hôtel de ville, les gens pourront voir les personnages de Linda Vachon du côté de la Brûlerie Reno où ils seront présentés en octobre et en novembre.

Aussi, le propriétaire de la Zone Grise, Nicolas Larochelle, lui a demandé d’installer ses œuvres sur les murs de l’endroit. La jeune artiste, dans la cinquantaine, vend désormais ses tableaux à travers le monde, notamment par le site Internet Etsy. Ne lui manque qu’à obtenir de son art un salaire minimum et elle sera parfaitement heureuse. «Je suis fière de ce que je fais. C’est une première pour moi», termine-t-elle.