Le Carré 150 n’a pas retrouvé son achalandage prépandémique

Si le lieu de diffusion culturelle de Victoriaville vient de connaître ses mois de novembre et décembre ayant généré les plus hauts revenus de billetterie, il n’en demeure pas moins que le nombre de spectateurs qui fréquentent le Carré 150 n’est pas de retour à son niveau de 2019.

C’est ce qu’a expliqué la codirectrice générale et artistique de l’endroit, Roxanne Genest. En comparant l’achalandage au 9 janvier 2019 à la même date en 2023, on remarque qu’il y a environ 11% de moins de billets vendus pour les différents spectacles et prestations proposés. « À quelques exceptions près, la clientèle achète ses billets à la dernière minute », fait-elle remarquer. Ainsi, elle estime que pour plusieurs événements culturels, entre 200 et 300 billets sont achetés dans les dernières semaines avant leur tenue. « Cela demande une nouvelle manière de faire la mise en vente et la publicité aussi », ajoute-t-elle.

Il s’agit peut-être d’un réflexe développé à la suite de la pandémie où tous les spectacles ont été annulés, reprogrammés, annulés de nouveau, etc. À cela, Roxanne ajoute que les gens sont de plus en plus sollicités par différents produits et consomment davantage dans l’instantanéité. 

On peut aussi présumer que les spectateurs, devant la hausse des prix à la consommation, doivent faire des choix et hésitent avant d’acheter des billets de spectacle. Ceux-ci, d’ailleurs, comme tout le reste, ont subi une légère augmentation (environ 4%). Cela s’explique par les hausses de la masse salariale qui se répercutent sur les tournées de spectacles qui voient elles aussi leurs dépenses augmenter. Donc, les revenus de billetterie sont à la hausse à cause de l’augmentation du coût des billets et non en raison d’un plus grand nombre vendu.

Mais pour les gros spectacles « commerciaux » (genre humoriste), les billets se vendent habituellement en 48 heures. Pour le Carré 150, il y en a une quarantaine sur 220 qui entre dans cette catégorie. Malgré le manque à gagner en termes de spectateurs, pour le moment du moins, Roxanne Genest est bien confiante de tout même atteindre les objectifs établis pour l’année en cours qui se termine le 31 septembre. Déjà, des choses ont été mises en place pour attirer les gens au lieu de diffusion, comme cette programmation de spectacles gratuits, Artère, financée par le gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds de réengagement avec les publics œuvrant dans la présentation de spectacles professionnels. « Nous avons un public à regagner », dit-elle avec détermination.

On pourra y apprécier différentes disciplines, dont la musique classique, la danse ou le chant. Présentée dans le studio Monique-Bourgois (sauf exception), la programmation permet de faire découvrir des artistes émergents et encourager les habitués à revenir ou les nouveaux à commencer à fréquenter l’endroit.

Nouvelles habitudes

Cela n’empêche pas que les nouvelles habitudes de consommation culturelle des gens, peu importe quelles en sont les causes, demandent des réajustements de l’offre. À ce sujet, Roxanne Genest songe à peut-être diminuer le nombre de spectacles présentés, sans pour autant négliger les différentes disciplines qu’elle souhaite développer. Cela permettra notamment de laisser souffler un peu le personnel du Carré 150 qui en a vu de toutes les couleurs depuis deux ans. Pour la codirectrice, il est important de considérer cette équipe qui est demeurée en place malgré les incertitudes pandémiques. Et comme partout ailleurs, la pénurie de main-d’œuvre se fait sentir, mettant une pression sur ceux qui restent en place. « L’automne dernier, nous avons dû annuler trois ou quatre spectacles, faute de personnel », exemplifie-t-elle.

La diminution du nombre de spectacles pourrait être compensée par l’augmentation des activités de médiation. Tout cela sera à déterminer dans la planification stratégique. C’est donc dire que pour le milieu culturel, la pandémie n’est pas terminée. En effet, jusqu’en mai, le Carré 150 présentera des spectacles qui ont dû être annulés et reportés. « On a hâte que ça finisse », ajoute la codirectrice. 

Elle est impatiente d’offrir de nouvelles propositions artistiques et bouillonne d’idées à mettre en place, cela en respectant les priorités. « Nous sommes en effervescence, encore et toujours », dit-elle. Parmi ses idées, elle explique notamment vouloir offrir des spectacles dans des lieux inhabituels et est déjà à réfléchir au 10e anniversaire du Carré 150 qui aura lieu en 2025. Et lorsqu’on lui demande ce qu’on peut souhaiter à cet endroit de diffusion culturelle en 2023, elle mentionne le retour du public (comme avant) et son émerveillement. « Je souhaite de la stabilité et de repartir la cadence de manière zen et positive. » Roxanne Genest espère également voir émerger de la région plein de projets culturels, petits et grands, pour garder les arts vivants dans le cœur des gens.