L’art du tricot, pour aider les autres et… pour soi-même

Le groupe s’appelle Les amis d’Haïti ou Les tricoteuses de Warwick, c’est selon. Leur but premier est de tricoter ensemble et ainsi de mettre de l’avant cet art qui semble se perdre aujourd’hui.

Bien installées dans un local de la Villa du Parc à Warwick, les femmes (elles sont majoritaires) se réunissent une fois par semaine pour tricoter. Chacun y va à son rythme et selon ses capacités et en groupe, elles parviennent à faire de belles créations. Qu’il s’agisse de couvertures, de tuques, de pantoufles ou de jouets, les aiguilles s’agitent dans tous les sens. Et au rythme du cliquetis, les dames se racontent les nouvelles du moment, échangent sur le tricot, s’aident mutuellement.

On les avait rencontrées au début de l’été alors que les tricoteuses avaient participé à un projet visant à recouvrir de tricot, des vélos exposés à la Maison de la culture de Warwick. Une expérience qu’elles avaient bien appréciée et qui avait permis de mettre en valeur leur talent artisanal.

Aujourd’hui, elles ont repris leurs rencontres hebdomadaires et toutes semblent heureuses de s’y retrouver, le temps de quelques rangs, une maille à l’endroit, une maille à l’envers….

La responsable des activités de la Villa, Chantale Vachon, ne tarit pas d’éloges sur ces rencontres. «Ça les sort de leur isolement. En fait c’est l’activité où il y a le plus de participants», avoue-t-elle.

Il faut dire que les responsables animent bien les rencontres et sont très fières du travail accompli. Parmi elles, Irène Desharnais qui se promène d’un petit groupe à l’autre, s’assurant que chaque tricoteuse a tout ce qui lui faut.

Certaines dames font des carreaux qui sont ensuite assemblés pour créer des couvertures. Les «rassembleuses» doivent faire preuve d’ingéniosité parce que les tricoteuses n’ont pas toutes le même doigté. Parfois des carreaux sont plus serrés que d’autres. Peu importe, les capacités de chacune sont respectées.

Si le groupe bénéficie d’une subvention de la Fondation Étoile d’Or (pour la laine entre autres), les tricoteuses reçoivent aussi du Centre d’entraide Contact, de vieux chandails de laine qu’elles détricotent, mettent en balles et retricotent. Un travail long et ardu, mais qui donne un sentiment d’accomplissement.

Si plusieurs résidentes de la Villa du Parc participent au groupe, des femmes de l’extérieur y viennent aussi chaque semaine, prêter leurs mains au tricot et rencontrer d’autres femmes. «C’est notre activité sociale et ça nous donne une satisfaction personnelle de faire quelque chose. Ça nous occupe l’esprit et les mains», avoue une tricoteuse.

Bon pour la mémoire, excellent pour la motricité, le tricot est un art que plusieurs auraient avantage à adopter. D’ailleurs, certains hommes s’y sont mis aussi et apprécient de collaborer au groupe.

Toutes les réalisations sont en vente et à la fin du mois de novembre, un genre de salon de Noël permettra aussi aux gens d’acheter les créations. L’argent recueilli sert à éduquer de jeunes haïtiens. Et plusieurs tricots qui n’ont pas été vendus sont envoyés chaque année, par l’entremise de Solidarité jeunesse, à ceux qui en ont besoin en Haïti.