La région se transforme en plateau de tournage

Depuis plusieurs semaines, des pancartes arborant l’inscription Les Affamés se sont déplacées à travers les villages de Wotton, Saint-Adrien, Ham-Nord, Ham-Sud, Saint-Fortunat et les alentours. En fait, la région est devenue le plateau de tournage du prochain film de genre de Robin Aubert, un gars du coin.

C’est après plusieurs années d’attente d’aide au financement et avec un budget d’environ 3 millions que l’homme originaire de Ham-Nord tourne actuellement un premier film de zombies québécois Les Affamés. Mettant en vedette, entre autres, Marc-André Grondin et Monia Chokri, ce film de genre raconte l’histoire d’un petit groupe de survivants se dirigeant vers la forêt afin d’échapper aux zombies surnommés «les Affamés». L’acteur, réalisateur et scénariste (Saint-Martyrs-des-Damnés, À l’origine d’un cri) souhaitait tourner chez lui, à Ham-Nord. L’équipe des décors a pris le chemin de la petite municipalité afin de tout préparer à temps. En tout, c’est une cinquantaine de membres de l’équipe qui travaille sur ce projet et qui dort à Asbestos.

«C’est une ambiance différente des tournages dans les grands centres. Ce n’est pas pareil. Nous aurons en tout 29 jours plus un! Pour les besoins du film, ça prend une scène en hiver. Nous viendrons alors en équipe réduite», explique M. Petitclerc, directeur de production qui nous guide à travers le bois de Ham-Nord afin de nous rendre sur le plateau d’une scène «clé» dans le film. Le décor est époustouflant, la scène aussi, mais rien ne peut malheureusement être révélé. De retour à la tente où «Les Affamés» et l’équipe sont en pause, quelques-uns en sortent, cheveux en bataille, vêtements sales, taches de sang éparses, le teint blême et les yeux cernés. Ils ne ressemblent pas à l’image habituelle des zombies, il y a quelque chose de plus vrai chez eux, de plus «naturel». Le film rassemble quelque 200 figurants et ils ne sont qu’une trentaine lors de notre passage. Mais comment ont-ils été choisis? M. Petitclerc explique que 80% d’entre eux viennent du coin et il nous propose alors de rencontrer la responsable de cette distribution sauvage, la sœur de Robin, Ève Aubert.

Partir à la recherche de zombie

«Les Affamés, c’est un projet que mon frère avait depuis quelques années, il attendait le financement. Il a demandé que je m’occupe de la distribution sauvage. C’est pas mal plus wild, on part à l’aventure, c’est un road trip à parcourir la région, à aller à la rencontre des gens, à la recherche de visages et de physiques particuliers», explique-t-elle, heureuse d’avoir vécue cette expérience. Son frère ne voulait pas qu’ils soient déguisés et maquillés à outrance, il voulait que ce soient des êtres humains pris dans leur corps, des âmes perdues, déconnectées, pas des zombies traditionnels. «C’est plus fort au niveau visuel. Il y a 30 à 35 3es rôles, c’est des Affamés qui sont près des acteurs principaux, qui jouent dans une scène où ils sont proches d’eux. Et nous avions aussi 150 figurants. Je me suis amusée à trouver des gens de la région», ajoute l’actrice qui donne aussi dans le court métrage et le film documentaire. Elle a donc parcouru les villages, s’arrêtant dans les restaurants, les bars, les dépanneurs, à la recherche de ces gens.

«Quand je trouvais, je parlais avec la personne du projet et si ça l’intéressait, on poussait plus loin. J’ai pris tous ces gens en photos et quand j’arrivais dans la boite de production, j’étalais les photos sur la table, visuellement, c’était fort et mon frère choisissait. Une ambiance s’est alors créée. Il m’a fait confiance et je pense qu’on a pu aller plus loin», relate la responsable de la distribution, qui a appris à connaître un peu plus la vie de chacun des Affamés et qui s’est également liée d’amitié avec plusieurs. Elle pense que parce que ce sont des gens authentiques, qui viennent de la région, ils embarquent plus facilement dans l’univers du film.

Le tournage se termine fin septembre et le film sortira en salles en 2017. Pour Ève Aubert, cette expérience laissera sa trace : «Ça va faire de quoi quand on va se quitter, on est une belle équipe, on se tient, c’est comme une famille», conclut-elle.